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Détecteur de métaux : pillage archéologique ou loisir dominical?

L'été approche et avec lui son cortège hurluberlus promenant leurs poêles à frire sur les plages française à la nuit tombée. Mais derrière cette image sympathique de doux rêveurs, l'usage d'un détecteur de métaux cache un autre aspect bien plus inquiétant, le pillage archéologique.

Des milliers d'objets archéologiques pillés.

Chaque année, des centaines de sites archéologique font les frais de l'avidité d'un petit nombre d'individus peu scrupuleux qui, à l'aide de leur détecteurs de métaux, cherchent et déterrent des objets antiques, des monnaies anciennes et autre mobilier gallo-romain. Ces fouilleurs de sites, généralement équipé de matériel haut de gamme et de lampes frontales, opèrent bien souvent de nuit, sur des sites en cours de fouilles archéologiques. Le cas de Magny-Cours est encore un exemple récent : durant la nuit, des pilleurs se sont introduit sur le site en cours de fouilles et l'ont complétement saccagé. L'association Halte au pillage du patrimoine archéologique et historique (HAPPAH) s'est fait une raison d'être de la défense des sites archéologiques et milite activement pour que les détecteurs de métaux soient interdits en France. A l'instar du Portugal ou de la Belgique, la France devrait bientôt voir arriver une loi interdisant complètement l'usage de ces équipements, rendant encore plus efficace la loi actuelle*. “L'usage déraisonné des détecteurs de métaux occasionne une perdition définitive d'indices historiques permettant de situer et de contextualiser, et ce, au nom de quelques profits pécuniaires car la majorité des pilleurs revendent leurs trouvailles sans même connaitre la portée de ces objets” souligne un membre de cette asoociation fondée en 2007 et qui veut dénoncer les pillages et les traffics d'oeuvres culturelles appartenant à la nation. On estime à plus de 500 000 objets archéologiques pillés et revendus chaque année en France alors même que certains de ces objets pourraient apporter des informations historiques capitales, notamment au niveau régional.

Un loisir familial avant tout.

Mais peut-on résumer l'utilisation d'un détecteurs de métaux à ces pillages malhonnêtes? “Absolument pas!” s'emporte Alexandre Hess, fondateur d'un des principaux site de détection francophone : www.detecteur-de-metaux.com. “Dans une très large majorité, pour ne pas dire intégralité, l'UDM (l'Utilisateur d'un Detecteur de Metaux) est une personne ordinaire qui souhaite s'aérer l'esprit quand arrive le week-end. Il n'y a pas de profil type : on trouve parmi nos membres des papys à la retraite, des adolescents aventuriers, des pères de familles qui détectent avec leurs enfants… On est loin de l'étiquette de pillards qu'on essaie de nous coller dessus!”. Si l'existence de quelques brebis galeuses est indéniable, elle porte surtout préjudice au reste de cette communauté qui comportent plusieurs dizaines de milliers de pratiquants. C'est un peu comme montrer du doigt les possesseurs d'un ordinateur sous prétexte que quelques délinquants s'en servent pour pirater des sites. Plusieurs associations (l'ADNL) et fédérations de détection (FNUDEM) existent mais la plupart des détectoristes détectent de leur cotés, en solitaire, “un peu comme les cueilleurs de champignon”. Plusieurs rallys de détection sont organisés chaque année en France et les lots à gagner sont dignes d'un loto de fête communale : un kit de barbecue, une pelle, une paire de botte taille 42 et, pour le grand gagnant, un détecteur de métaux premier prix. L'esprit est plutôt bon enfant et l'idée même d'être assimilé à un délinquant insupporte tout le monde. René, 54 ans, ex-gendarme à la retraite, explique que les archéologues et les UDM ne jouent pas sur le même plan car les appareils de détection actuels sont techniquement limités à quelques dizaines de centimètres (max 45 cm) tandis que les archéologues recherches des indices à partir d'un mètre de profondeur. Le premier mètre ne leur sert donc a rien puisqu'ils l'évacuent sans l'examiner. Et René de renchérir : “non seulement on ne creuse pas à la même profondeur mais, surtout, nos sorties détection sont avant tout liées au hasard. Si je trouve une monnaie ancienne, c'est assez rare! La plupart du temps, je sors des déchets et des monticules de cartouches. C'est un loisir avant tout orienté vers la curiosité de sortir un objet de terre, absolument pas dirigé pour s'enrichir”.

Quel avenir pour l'usage des détecteurs de métaux?

Utiliser une poêle à frire en France n'est pas interdit, mais réglementé. “Cette nuance échappe, souvent de façon volontaire, à ceux qui combattent notre loisir” explique David, vendeur chez King détection, une magasin de détecteurs de métaux ouvert en 2013. “La loi est pourtant très claire : seul l'usage d'un détecteurs de métaux à des fins archéologiques est répréhensible“. Dés lors, toujours selon David, il est tout à fait légal de prospecter avec un détecteur de métaux si l'on recherche des météorites, une bague perdue en jardinant, une conduite de gaz enterrée ou encore des piécettes égarées par les touristes sur les plages”. Le problème vient du fait que certains archéologues bénévoles, souvent jeunes, considèrent le territoire Français dans son intégralité, votre jardin y compris, comme un site archéologique. Si une comparaison devait être faite, c'est un peu comme si les anti-chasse considéraient la France entière comme une réserve naturelle interdite à la chasse. L'ensemble des utilisateurs de détecteurs de métaux respectent scrupuleusement les consignes relatives aux recherches archélogiques et condamnent fermement les pillages. L'idéal pour la communauté des prospecteurs serait d'obtenir une loi comme celle en vigeur outre manche, la fameuse Loi du trésor (Treasur Act) qui donne l'occasion aux détectoristes et aux archéologues britanniques de collaborer étroitement. Ce qui a permit la découverte de centaines de trésors, aujourd'hui conservés dans des musées, et dont l'existence n'aurait certainement jamais été révélée sans un détecteurs de métaux.

*Rappel de l'article L 542-1. “Nul ne peut utiliser du matériel permettant la détection d’objets métalliques à l'aide d'un détecteur de métaux, à l’effet de recherches de monuments et d’objets pouvant intéresser la préhistoire, l’histoire, l’art ou l’archéologie, sans avoir, au préalable, obtenu une autorisation administrative délivrée en fonction de la qualification du demandeur ainsi que de la nature et des modalités de la recherche.”
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