Le changement et la thérapie par l'hypnose - Dmoz.fr | Actualité insolite
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Le changement et la thérapie par l’hypnose

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L'hypnose n'est pas un état modifié de conscience

Afin de donner l’impression de savoir de quoi ils parlent, nombreux sont les spécialistes de la pratique de l’hypnose qui affirment : « l’hypnose est un état modifié de conscience ». Pourtant force est de constater que scientifiquement parlant, personne n’est en mesure de définir présément ce qu’est l’hypnose. Au final, le mot employé n’est qu’une étiquette désignant l’observation d’un phénomène beaucoup plus vaste et qui ne peut être saisi dans cette seule définition. En fait, il faut questionner le paradigme.

Cela exige, par exemple, de pouvoir questionner et nommer ce qu’est la nature de cette modification. S’il s’agit d’un état modifié, d’accord, mais il est modifié par rapport à quel état de référence ?! Un état normal ? Toujours d’accord, mais alors qu’est-ce qu’un état normal ?

  • Celui dans lequel je me trouve quand je me réveille le matin ?
  • Quand je mange ?
  • Quand je suis heureux ou malheureux ?
  • Quand je suis amoureux ?
  • Quand je dors ?

En fait, cette définition est en réalité très mal choisie mais fait partie du langage vulgarisé de l’hypnose, au même titre que nombre d’idées reçues. Quand le philosophe et sociologue Georges Lapassade (1924-2008) proposait de définir les expériences liées à l’état modifié de conscience, sa définition parle d’impression. L’état modifié réunit « des d’expériences au cours desquelles le sujet a l’impression que le fonctionnement habituel de sa conscience se dérègle et qu’il vit un autre rapport au monde, à lui-même, à son corps, à son identité ».

Alors qu’est-ce que l’hypnose ?

Afin de simplifier, nous pourrions choisir volontairement de nous limiter à dire qu’il s’agit d’un processus pendant lequel une personne passe progressivement d’une attention référencée vers l’extérieur (conscience du jour, de heure qu’il est, des personnes etc.) vers une attention référencée sur son activité interne (pensées, impressions de vivre un autre rapport au monde à son corps et à son identité, rêverie, temps interne, oubli des références extérieures, etc.).

Bien-sûr ces deux aspects sont toujours présents au cours de la journée, et le panel d’expériences possibles entre ces deux directions est infini. Ce que nous appelons hypnose, n’est rien de plus que l’accentuation de tout ou partie de ces caractéristiques.

L’hypnose et les suggestions

Il existe différents moyens pour actionner le processus que nous venons d’évoquer (voir article sur hypnose et suggestions). Ces moyens favorisent ce que l’on appelle : l’induction hypnotique.

Pendant l’induction le praticien (en hypnose classique, thérapeutique ou maïeutique etc.) va utiliser des suggestions ayant trait à l’activation du processus. Les suggestions seront directes lorsque le praticien donnera directement une instruction par exemple :

« Fermez vos paupières ».

Elles seront indirectes lorsque pour atteindre le même but le praticien dira :

« A un certain moment une partie de vous pourra se laisser aller un peu plus à l’intérieur, c’est comme des rideaux qui se baissent progressivement pour mieux découvrir ce qu’il y a juste à proximité et oublier ce qui vient de l’extérieur ».

Ici les rideaux sont une métaphore des paupières que l’on veut voir se fermer. Cette suggestion indirecte permet de contourner certaines résistances conscientes. Mais nous n’abordons ici que le volet pratique de l’« hypnose » ; il faut aussi considérer les liens et les résonnances entre la thérapie, le changement et l’hypnose.

Si je suggère à une personne d’arrêter de fumer, est-ce que ça marche ?

Justement non ! Parce que suggérer comme on peut le faire en hypnose est un processus distinct du changement. Le premier est en lien avec un état vécu au présent, tandis que le second est en lien avec le sens de l’existence. Ainsi, fumer est pris dans les rets d’un comportement qui fait parti d’un système de significations, il en est un rouage et il demande donc la mise en œuvre d’autres processus, processus cependant fortement favorisés grâce à l’état d’hypnose qui permet d’accéder à une autre perception de soi et du monde à la seule condition qu’un travail thérapeutique ou maïeutique ait précédé l’induction (parfois conjointement).

Pour qu’un changement soit durable, il est absolument nécessaire que ce changement soit produit par la personne concernée. Il ne peut être imposé de l’extérieur comme un ordre.

Il nous apparait donc essentiel de faire la distinction entre le pouvoir de la suggestion, le pouvoir de l’hypnose et le pouvoir de la « transformation » existentielle. C’est pour cela qu’il est impossible de déterminer l’issue d’une séance maïeutique ou l’issue d’une thérapie, précisément parce qu’elles ne reposent pas sur la mécanicité des protocoles ou l’accompagnement dans l’état d’hypnose, mais, sur la possibilité d’activer des processus « inconscients » de recadrages des diverses définitions et représentations que l’homme donne à son existence.

Néanmoins, au regard de ce que nous venons de dire, il est facile d’expliquer les raisons d’un certain nombre d’échecs dont les témoignages existent sur internet. En effet il impératif de comprendre que le sens que nous donnons aux choses qui nous entourent n’est jamais acquis de l’extérieur directement, il passe d’abord par une phase interne d’appropriation. Cela revient à dire que le sens des divers aspects de notre vie est toujours « produit » par chacun et non acquis directement tels quels de l’extérieur.

Il existe un processus de discrimination interne qui nous permet de faire entrer des informations à partir desquelles seront construits ou modifiés des comportements et de nouvelles façons de penser. C’est, ici le centre de commande à partir duquel de nouvelles façons d’être au monde peuvent être produites. On ne peut donc rien imposer car l’information serait alors comme un corps étranger, elle n’aurait pas passé toutes les étapes qui génèrent une composante authentiquement personnelle. Ainsi une injonction de changement sous hypnose du type « A partir de cet instant vous ne fumerez plus » ne peut pas fonctionner. Le statut d’une suggestion est toujours extérieur et constitue un élément hétérogène.

A bien des égards l’échec rencontré en hypnothérapie notamment par les jeunes hypnothérapeutes est souvent une variante subtile de cette problématique. Notamment dans l’utilisation des protocoles.

Le problème des protocoles en hypnose

Qu’est-ce qu’un protocole ? Un protocole en hypnose est une procédure appliquée à une personne pour résoudre une problématique plus ou moins précise. Ce protocole est sensé orienter les processus cognitifs dans une direction dont l’issue devrait être la résolution de la situation.

Le problème est qu’il y a des hypnothérapeutes extrêmement linéaires et spécifiques qui conduisent des séances parfaites du point de vue technique ; ils appliquent à la lettre une recette qu’ils croient efficace. Cependant avec du recul on peut se rendre compte que leurs « sujets » sont contraints à un modèle de séance dans lequel ils ne trouvent pas leur place. De ce fait, la séance se transforme en une énorme injonction de changement à laquelle les « sujets » doivent se plier sans que praticien et clients en aient conscience. Il se produit alors exactement le processus que nous avons décrit : le recadrage des significations de la problématique du sujet n’ayant pas été produit mais imposé subtilement, conduit le client à rester dans son schéma de pensée. Et si dans le meilleur des cas, il accepte le changement, avec le temps, une fois le soufflet tombé, il finit par revenir au système d’origine parce que ce qui lui a été imposé très indirectement lui est étranger.

Pour résumer on pourrait dire que si le praticien essai d’obtenir une réponse il l’obtiendra toujours, il doit donc veiller à ce que cette réponse ne soit pas le fruit de son insistance à l’obtenir, il doit au contraire veiller à favoriser l’émergence de la réponse ce qui réclame un rapport thérapeutique très spécial, ce qui réclame un apprentissage très particulier dans l’art de la communication et le rapport à autrui.

Ainsi donc la suggestion n’est véritablement utile que pour orienter « l’esprit inconscient » vers les réseaux du psychisme susceptibles d’offrir cette possibilité de recadrage. En somme, un travail des réseaux cérébraux en état de rêverie ou de dissociation s’activent pour trouver de meilleures réponses. C’était là, toute la sagesse de Milton Erickson qui, bien que très directif, offrait aux personnes tout l’espace dont il avait besoin pour trouver en eux-mêmes les ressources nécessaires.

Pour illustrer grossièrement cette différence de version, si une personne souhaite favoriser son aptitude au « courage » sous hypnose cela pourrait donner ceci :

Directement comme action (ici, il manque trop d’éléments pour que la suggestion agisse réellement)

A partir de maintenant vous allez ressentir du courage et être courageux !

Directement comme signification

…Une partie de vous pourrait se rappeler de quelque chose, quelque chose que les tous petits enfants connaissent bien et que leur esprit inconscient a enregistré pour toute leur vie… [SILENCE] C’est le jour, par exemple, où ils ont appris à se mettre debout, c’est le jour où ils sont arrivés à prononcer un mot puis deux… [SILENCE] Cela pouvait paraître tellement inaccessible et pourtant, cela s’est tout de même produit…[SILENCE] Je me demande comment votre esprit se souvient des capacités qu’il a mise en œuvre sans même en avoir conscience pour y parvenir ET…comment il pourrait là maintenant… les utiliser à nouveau s’il en avait besoin…[SILENCE]

On voit ici que la direction est toute aussi directe, cependant le choix (conscient et inconscient) est laissé à la personne. Elle peut laisser se « connecter » des éléments et des ressources entre eux ou même grâce à la qualité de la voix et du rythme hypnotique se donner la possibilité de vivre tout autre chose. Ici, ce qui est important, c’est la garantie que le processus est véritablement le sien, que ce qui va être produit est le fruit exclusif du processus interne de la personne concernée et non le produit de la volonté du praticien sur le client.

De la nécessité d’une bonne formation en hypnose.

Les formations en hypnose modernes n’offrent en réalité et trop souvent que des formes subtiles de ces attitudes, notamment à travers l’étude et la mise en œuvre de protocoles figés issus de la PNL, alors qu’une formation de praticiens hypnotistes doit considérer l’hypnose comme un art de l’accompagnement, c’est-à-dire ou le client construit lui-même le cheminement et ou le praticien découvre au même moment ce qu’il convient de dire pour en faciliter l’apparition.

Apprendre l’hypnose pourrait être relativement rapide nous explique Nathalie Roudil-Paolucci dans ses formations : aborder et apprendre la thérapie par l’hypnose est beaucoup plus délicat et réclame une posture qui prend un certain temps pour être acquise. Au sein de l’institut Noesis, au-delà de se former à l'hypnose, les participants se forment à l'intégration de l'hypnose thérapeutique et maïeutique dans leur pratique d'accompagnement.

Axel KAROL, formateur en Hypnose ericksonienne, Coaching intégratif, et art de la Communication à l’institut Noesis

Toutes les informations sur mes activités sur : http://institut-noesis.fr

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