maltraitance couple

Maltraitance psychologique dans le couple et banalisation

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L’amour, c’est l’amour sans chaînes » Toni Bentley.  In Ma reddition

Je viens de terminer l’animation de l’Atelier « Parlez moi d’amour » au sein d’une association montpelliéraine et cette dernière intervention m’a laissée perplexe. Cet atelier a pour particularité de pointer la maltraitance psychologique banalisée dans le couple.
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Mais ce qui m’étonne le plus c’est que la plupart de celles qui viennent et qui sont en couple,  me parle pudiquement «d’un malaise dans le couple » alors qu’il s’agit d’un réel dysfonctionnement.

La tendance générale est de concéder à son partenaire une tendance à la manipulation, voire au harcèlement. Ce dernier mot provoquant même parfois, une certaine fierté car il est, à tort, assimilé à un amour passionné et possessif.

Dès que je prononce les mots « maltraitance psychologique » ou « dysfonctionnement », la réaction des victimes elles mêmes, est de minimiser la situation.

Voici donc un petit rappel sur les réalités de cette violence qui laissent des traces invisibles mais réelles.

Reconnaitre la maltraitance psychologique

Contrairement à ce que l’on peut croire ce n’est pas si compliqué de reconnaître la maltraitance psychologique entre adultes. Ce qui est difficile c’est de l’admettre.

D’abord parce qu’elle s’apparente au harcèlement, avec comme dénominateur commun la non réciprocité; c’est-à-dire qu’il y a un acteur principal qui fait SA mise en scène pour garder le contrôle sur sa victime.

Il n’y a pas de place pour l’interaction. Il n’y a qu’un seul maître à bord. Il ne faut pas se leurrer : les réactions de sa victime sont celles qu’il a prévues et il  a réponse à chaque cas de figure, plongeant ainsi cette dernière dans un état permanent de confusion ou le manque de discernement devient quotidien. D’où la difficulté par la suite d’exprimer clairement ce qui blesse.

Identifier les manifestations de la maltraitance

Indifférence, jalousie, mépris affiché, dénigrement, déni, isolement, intimidation sous jacente…

Tout est bon pour le maltraitant pour obtenir ce qui lui est le plus cher : le contrôle absolu de la situation. Bien entendu les manifestations les plus évidentes sont les agressions verbales, telles les insultes, les brimades, les jugements négatifs. Mais il en existe de plus insidieuses, les petites questions qui blessent «  Tu n’as pas un peu grossi ? », «  Tu crois vraiment que tu vas y arriver ? » ou les réflexions « en passant » comme  » Je ne sais pas si ce travail est vraiment fait pour toi! », « Tu ne crois tout de même pas que tes compétences les intéressent… »

Les silences imposés là où l’autre attend le dialogue, ou l’attention, l’éloignement sans raison apparente, ou pour une raison futile, sont des brimades (à peine) déguisées. Revenons sur le premier point : l’indifférence ou plus exactement le refus de s’impliquer pour son/sa partenaire.

Il s’agit purement et simplement d’une forme de rejet qui ne tient compte ni des besoins de son conjoint, ni de ses sentiments, ni de la frustration qui découle de ce comportement.

En réalité le mal être provoqué devient jouissif pour le maltraitant qui peut ainsi mesurer son pouvoir.

Dans certains cas extrêmes cette frustration est créée de toutes pièces pour maintenir l’autre en état de dépendance et d’insécurité.

On pourra alors rencontrer des refus systématiques ou répétitifs de faire des choses ensembles, comme de participer aux fêtes de famille, ou de se murer dans un mutisme absolu pour montrer son désaccord au lieu de privilégier un dialogue.

L’alternance du froid et du chaud fait partie du processus de maltraitance

Alors, soudain, quand l’autre est blessé, déstabilisé,on lui manifeste une envie de tendresse, ou de relation sexuelle.

Ne nous méprenons pas , il ne s’agit absolument pas d’une démarche de réconciliation, mais belle et bien d’une forme de contrôle, un moyen de « faire la pluie et le beau temps », d’altérer l’intégrité de son conjoint ou partenaire. C’est une possession totale « corps et âme », un dénigrement de son intégrité. Le dénigrement… Dit ou sous entendu est aussi terrible qu’une paire de claques.

C’est une humiliation qui sous tend chaque action ou parole. C’est une violence extrême qui vise la destruction de l’estime de soi.

Remarque désobligeante ou attitude dédaigneuse systématisées ou récurrentes, le dénigrement déstabilise et laisse des traces. Ce qui est d’ailleurs son objectif. Outre les mots, le dénigrement peut se cacher dans des regards méprisants, des mimiques dépréciatives, des sourires ironiques, des ricanements, des sons moqueurs…

Le message du dénigrement est clair, net et sans appel: « Tu dis n’importe quoi, tu fais n’importe quoi, tu n’est pas assez ceci ou cela, tu es trop ceci ou cela, tu ne vaux rien ou pas grand-chose…Donc sois heureux(se)  que je t’accorde cette attention car tu ne mérites pas mieux. » Enfin, vient l’isolement organisé jour après jour : les anciens amis ne sont plus assez biens, la famille ne l’aime pas, n’est pas à la hauteur, les relations extérieures ne sont pas intéressantes ou représentent un danger (fantasmé dans la majorité des cas) pour soi, pour l’autre, pour le couple… Le seul but est un isolement qui permettra à double titre la maltraitance psychologique car il maintient le « tu vois, finalement tu es toute seule » et la toute puissance du maltraitant dans ce huit clos mal sain.

De l’isolement à la menace: un tout petit pas

L’isolement ouvre la porte aux intimidations plus concrètes : bris d’objets, cris, coups de poings dans les murs, portes claquées. Ces attitudes ne sont pas anodines : ce sont des démonstrations de ce que le maltraitant est capable de faire et elles ne tardent jamais à s’assortir de menaces, qui, même quand elles sont déniées avec force justificatifs plus ou moins plausibles, ne traduisent rien de moins qu’une menace de destruction.

« Si tu me quittes tu n’auras rien, je te tue, je garde les enfants, je saute par la fenêtre… » Encore des menaces qui n’ont rien à voir avec de l’amour et qui ne constituent qu’un moyen de pression.

Cette pression a un but : contrôler et posséder l’autre jusqu’à la destruction.

Ce qui me chagrine

La maltraitance psychologique est plus difficile à combattre dans un contexte culturel ou un amalgame est rapidement fait entre la volonté de posséder et l’amour absolu.

Combien de fois ai-je entendu «  C’est parce qu’il m’aime trop », « parce qu’il me veut », « C’est un méditerranéen, il a le sang

chaud», « chez nous c’est comme ça » et la pire des excuses «  C’est un homme… ».

Quelle méprise intolérable : les méditerranéens, les hommes, les amoureux sont-ils donc tous des dangers potentiels ?

Certes, NON, NON et encore NON!

Certains se servent de ces croyances venues d’un autre temps pour justifier de leurs déséquilibre personnel et orchestrer impitoyablement leur programme destructeur et anihilateur de l’autre.

La possession n’est pas l’amour.

L’isolement et le repli sur le couple ne sont pas des démonstrations  d’amour.

L’amour, est, doit être, source d’épanouissement, de valorisation, de partage, de rencontre, d’écoute, de construction.

Dites NON!

La loi reconnait aujourd’hui la maltraitance psychologique comme un délit et punit ce délit de trois ans d'emprisonnement et 45 000 euros

d’amendes ou cinq ans d'emprisonnement et 75 000 euros d’amendes, selon la gravité du dommage.

Si vous avez des doutes, si vous avez peur, si vous évoluez dans cette confusion, si vous avez besoin d ‘aide.

N’attendez pas : demandez de l’aide.

Agnès Bella Tavassi
Coach et art thérapeute