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Particularités basques en généalogie

Étant généalogiste professionnel, lors de mes recherches généalogiques au Pays Basque, j’ai souvent été confronté à des difficultés assez déroutantes. Sur tout le territoire français, chaque individu a été enregistré dans l’état-civil et auparavant dans les registres paroissiaux, d’une seule et unique manière : à savoir avec son nom et son prénom. En travaillant avec méthode, les recherches ne posent pas trop de difficultés. Au Pays Basque il arrive souvent qu’un même individu ait été répertorié de plusieurs façons sur les différents actes de l’état-civil. Ainsi, un individu pouvait porter tour à tour le nom de son père, le nom de sa maison d’origine (les maisons basques portent traditionnellement un nom : c’est le domonyme), le nom de sa mère (issue d’une autre maison) ou le nom de grand parents (voire d’un ancêtre plus éloigné !)

Cela tient à l’organisation de la société basque traditionnelle fondée sur deux grands principes :

-l’institution de l’ainesse intégrale

-la coseigneurie des maîtres de l’etxe (maison, ferme, domaine).

Cela peut surprendre de nos jours, mais ce système induisait que plusieurs générations pouvaient vivre en même temps sous le même toit : le couple des parents (le maître vieux ou ancien et la maîtresse ancienne) cohabitait ainsi avec le couple formé par l’héritier de la maison et son conjoint (maître et maîtresse jeune) ; le conjoint étant appelé souvent maître adventice.

Le droit d’ainesse intégral revenait donc à l’ainé qu’il fût fille ou garçon. Il ou elle devenait héritier de la maison souche et avait la charge de perpétuer sa maison et son domaine. Ainsi les mariages entre les héritiers étaient rares et la règle constante fut qu’un héritier se marie avec une cadette ou inversement. Celui ou celle qui entrait ainsi dans une maison souche y apportait une dot et toute son activité. La dot du conjoint adventice était entièrement remise à la maison, en échange de quoi le jeune ménage devenait réellement copropriétaire du domaine. Evitant la fusion des domaines, le système tendait à maintenir perpétuellement un certain équilibre social et économique primitif.

C’est dans ce sens que l’etxe prend toute son importance dans la société basque traditionnelle car elle était une institution de base, une véritable entité morale exerçant des droits et imposant des devoirs à ses possesseurs consécutifs.

Dans le village basque, il y avait un nombre à peu près fixe de maisons ayant chacune un nom particulier qu’elle imposait à ceux qui l’habitaient : ainsi l’époux étranger qui vient s’y établir, y quittait sa personnalité et prenait comme ses enfants la qualification de sa demeure. D’où les difficultés (énoncées précédemment), rencontrées dans certaines recherches généalogiques.

Selon Maria Kita TAMBOURIN, dans son article : « La maison et son nom à Baïgorry », c’est vraisemblablement vers la fin du XVI ème siècle que le nom de la maison cessa peu à peu d’être officiellement le nom des individus et que l’on commença à le désigner par le nom de leur père. Mais en poussant nos recherches dans les registres paroissiaux du XVII ème et XVIII ème siècle, on s’aperçoit souvent que certaines personnes portaient toujours plusieurs noms. A savoir le nom de la maison d’origine, de son père, de sa mère, ou de grand – parents

Il est ainsi courant de trouver des enfants du même couple portant des noms de famille différents dans les registres paroissiaux ainsi que dans l’état civil.

Ne soyez donc pas surpris par les changements de patronyme de nos ancêtres : changer de patronyme était une chose normale lorsqu’on intégrait une nouvelle maison.

L’une des clés d’une recherche généalogique sur des ancêtres basques est d’effectuer la généalogie de la maison. Lorsque vous découvrez des ancêtres propriétaires d’une maison (ils sont nommés maîtres, maître, maitresse, sieur et dame, ou sieurs de la dite maison), vous n’avez plus qu’à remonter le temps en cherchant tous les actes concernant la dite maison. Ainsi vous ne passerez pas à côté d’un acte important que vous aurez manqué à cause des changements de nom des propriétaires.

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