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Qu’est-ce que l’Antarctique

L’Antarctique est la dernière grande région sauvage du monde et le continent le plus froid, le plus venteux, le plus élevé et le plus sec de la planète. Environ 98% de la superficie des terres sont enterrés sous des kilomètres de neige et de glace. Pourtant, l'Antarctique est, paradoxalement, un désert. En fait, elle est tellement inhospitalière et reculée que personne n'y vit en permanence, bien qu'elle soit 25% plus grande que l'Europe. Ce continent gelé est resté relativement inexploré jusqu'au 19e siècle.

L’Antarctique mérite très certainement une visite – mais peut-être depuis votre fauteuil ? – car elle est le continent le plus singulier sur Terre. Parmi ses merveilles figurent des fleuves intérieurs, des vallées ressemblant étrangement à celles de Mars – des scientifiques de la NASA y testent l'équipement des missions spatiales – et des lacs perpétuellement sombres renfermant des bactéries qui ont peut-être survécu sans évolution depuis l'époque où l'Antarctique ressemblait à la forêt tropicale brésilienne. À environnement extrême, animaux tout aussi extrêmes : des poissons secrétant des protéines antigel dans leur sang, le plus gros animal du monde, ou encore un pingouin géant qui survit neuf semaines sans manger durant le rude hiver antarctique !

L'Antarctique est un endroit qui a tendance à refroidir les ardeurs les plus pressantes. À la station de recherche scientifique russe Vostok, dans le froid des terres continentales, le carburant diesel peut se transformer en glaçons même en été. Vostok est le site de la température la plus froide jamais enregistrée sur Terre : -89,2°C. Comparez avec la température de la plupart des congélateurs, qui descend rarement au-dessous de -18ºC…

Ce continent est également plus venteux de la planète. La glace de l'Antarctique refroidit l'air de surface, ce qui le fait plonger. Cet air lourd et froid accélère dans la descente, créant des rafales de vent de plus de 200 km/h. À Vostok, l'air descendant est si sec que certains chercheurs scientifiques emportent avec eux des poches de solution injectable pour perfusion IV (intraveineuse), afin de prévenir une déshydratation dangereuse. Peu de nuages se forment dans l'air sec, et la plupart de l'humidité tombe sous forme de cristaux de neige ou de glace. Toute la neige qui tombe s'accumule car elle ne peut pas fondre dans le froid.

S'il fallait encore une raison pour ne pas habiter en Antarctique, le continent est aveugle une bonne partie de l'hiver car le soleil se lève à peine sur l'horizon. Même en été, le Soleil est faible et bas dans le ciel. Le froid extrême explique en partie pourquoi deux énormes plaques de glace recouvrent l'Antarctique. Ces plaques de glace contiennent environ 70% de l'eau douce de la Terre. Si elles venaient à fondre totalement, le niveau des mers monterait de 70 m et l'eau envahirait un grand nombre des villes les plus importantes du monde.

La calotte glaciaire Est de l'Antarctique est la plus importante sur Terre, dépassant 3 km d'épaisseur à certains endroits. Sous la couche de glace se trouvent certaines des plus anciennes roches sur Terre, datant d’au moins 3.000 millions d'années. L'inlandsis Ouest est plus petit, découpé par d’énormes fleuves de glace et des glaciers. Ceux-ci se déplacent lentement vers l'intérieur de l'Antarctique, mais peuvent dériver jusqu'à 100 m par an vers la côte. Le glacier le plus rapide est celui de Pine Island, qui se déplace de plus de 3 km par an. Lorsque ces glaciers heurtent la mer, ils forment des ‘plateaux glaciaires’ flottants rattachés à la côte. Le plus important est le plateau glaciaire de Ross, qui couvre approximativement la superficie de la France.

Une des plus grandes chaînes de montagne du monde sépare les deux couches de glace. Les Montagnes Trans-antarctiques dépassent 2 km de haut et 3.300 de long – plus de trois fois la longueur des Alpes européennes. Les montagnes se sont formées au cours d'une période d'activité volcanique et géologique il y a environ 55 millions d'années. Des volcans comme le Mont Erebus sont encore actifs aujourd'hui.

Les principales zones libres de glace de l’Antarctique sont les vallées sèches de McMurdo, une région avec des conditions similaires à celles sur Mars que traverse le plus grand fleuve du continent. Le fleuve Onyx entraîne les eaux de fonte estivale des glaciers côtiers 40 km à l'intérieur des terres jusqu’au lac Vanda, qui est plus salé dans sa partie inférieure que la mer Morte.

La salinité de lacs des Vallées Sèches tels que le lac Vanda permet à leurs eaux de rester liquides à des températures inférieures au point de gel de l’eau douce. Le lac Untersee, en Antarctique orientale intérieure, a pour sa part une eau aussi alcaline qu’un détergent de lessive surpuissant.

En dépit des conditions difficiles, des animaux et des plantes survivent sur les parties libres de glace de l’Antarctique. Dans les Vallées Sèches balayées par le vent, des lichens, champignons et algues vivent dans les anfractuosités des rochers. Vers la côte, sur les îles et la péninsule, des mousses sont le foyer de petits insectes : mites, vers microscopiques et moucherons. Certains, des collemboles, ont leur propre antigel naturel, qui leur permet de survivre à des températures inférieures à -25°C. Il existe même deux espèces de plantes à fleurs.

L’océan entourant l’Antarctique est parmi les plus riches au monde. La croissance et fonte annuelle des glaces drague des nutriments des profondeurs, sous la forme de phytoplancton. Un seul litre d'eau peut contenir plus d'un million de ces minuscules plantes. Le phytoplancton est mangé par le krill, ces minuscules créatures ressemblant à des crevettes qui sont à la base de l'écosystème de l'Antarctique et nourrissent le phoque, le poisson, la baleine et le pingouin. Ils forment des bancs compacts, chaque mètre cube d'eau renfermant plus de 10.000 krills. Certains bancs s’étalent sur des kilomètres. De récentes études ont montré que les stocks de krills avaient chuté de 80% depuis les années 70, probablement en raison du réchauffement climatique.

Toutes les espèces vivant dans l’Antarctique se sont adaptées au froid extrême. Les phoques et les baleines ont une couche de graisse isolante et les pingouins ont un plumage dense et imperméable qui les protège de l’eau de surface à -1,8°C. Certaines espèces de poissons ont un antigel dans le sang. Le poisson des glaces de l’Antarctique a un sang transparent et absorbe l’oxygène par sa peau.

Les oiseaux les plus courants sont les pingouins. Des 17 espèces de pingouins de l’Antarctique, seules deux vivent sur le continent lui-même. L’une est le plus grand manchot au monde, l’empereur, qui mesure 115 cm de haut. Les manchots empereurs se reproduisent sur la glace de l’Antarctique durant le froid et sombre hiver, endurant des blizzards et des températures très basses. Le mâle couve son unique œuf sur ses pieds durant neuf semaines, tandis que la femelle s’exile pour pêcher dans la mer. Pendant cette période de jeûne – ils perdent ainsi 45% de leur poids corporel – les super-papas se réchauffent en se blottissant en groupes comptabilisant jusqu'à 5.000 manchots.

En été, 4.400 scientifiques et employés vivent sur l'Antarctique, réalisant des expériences. Certains forent et extraient des carottes de glace de plus de 3 km de long, afin de recueillir un enregistrement du climat couvrant peut-être les 740.000 dernières années, emprisonné dans la glace sous forme d’anciennes bulles d'air et couches de neige comprimées. Les scientifiques forent également dans des lacs souterrains comme le lac Vostok, qui contient peut-être de l'eau et des microbes isolés du monde extérieur depuis un million d'années.

Les astrophysiciens tirent bénéfice de l’air pur et sec de l'Antarctique. Le télescope IceCube vise à suivre les neutrinos créés par l'explosion d’étoiles, puisque ces particules fantomatiques traversent la Terre. Une autre expérience tente de détecter la faible lueur du Big Bang qui a créé notre univers.

 

Extrait du magazine Comment ça marche – n° 15

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