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Qu’est-ce réellement que l’Atlantide?

Plus que tout autre, la civilisation atlante demeure mythique. Aucune trace crédible n’a jamais été retrouvée de ce peuple, et nul ne peut prétendre s’il a réellement existé. Pourtant, depuis que Platon s’est plu à dépeindre cette île fabuleuse au large de l’Atlantique qu’une terrible catastrophe aurait engloutie, toutes sortes de faits légendaires ont été associés à cette civilisation.

Depuis dès siècles, tout a été écrit sur l’Atlantide. L’île aurait été si grande que l’on aurait pu parler d’un continent – elle était plus étendue que la Lybie et l’Asie, selon Platon. Les débats relatifs aux atlantes ont le plus souvent relevé de la conjecture, mais n’en ont pas moins été d’une rare ardeur. Ce peuple éclairé, naviguant sur de fabuleuses embarcations aurait développé une technologie avancée qui n’aurait pas grand chose à envier à la nôtre. Il s’est dit que leur atmosphère était dépourvue d’ozone, qu’il avaient le sang bleu qu’un réseau complexe de canaux d’irrigation parcourait les cités… Certains ont prétendu qu’ils étaient des cyclopes, qu’ils étaient gauchers, que leurs véhicules volants étaient propulsés par une force de nature spirituelle… D’autres ont été jusqu'à poser qu’ils auraient été les descendants d’extra-terrestres ayant pareillement colonisé l’Egypte, l’actuelle Irak et le continent américain – il existerait même un rapport à établir avec les fameuses « pistes d’atterrissage » retrouvées au Pérou et uniquement visibles d’avion. Tout y est passé, sans oublier les inévitables passerelles avec d’autres récits fameux, telle l’évocation biblique du déluge. Dans les années 30, suite à un engouement des spécialistes de l’occulte pour l’Atlantide, un guérisseur du nom de Edgar Cayce a fait des descriptions détaillées de la civilisation atlante au cours de visions dans un état proche de l’hypnose. Au total, on dénombre plus de 25.000 ouvrages, thèses ou romans sur le sujet et l’historien Pierre Vidal-Naquet est allé jusqu'à parler de « délire atlantomane », se refusant à voir autre chose qu’un conte moraliste dans le récit que fit initialement Platon de cette civilisation disparue.

Qu’avait dit au juste le disciple de Socrate lorsqu’il a évoqué cette terre au milieu des flots ? Dans le « Timée », Platon contait le voyage d’un haut magistrat d’Athènes, Solon, jusqu'à une ville qui était alors la capitale de l’Egypte – et que l’on n’a jamais pu situer – Saïs.

Un vieux prêtre égyptien décriait la superficialité d’une Grèce dépourvue d’une antique tradition et d’une science blanchie par le temps. « De nombreux désastres ont frappé et frapperont encore l’humanité, les plus grands par le feu et le feu, les moindres par des corps célestes ». Le prêtre affirmait que, lorsqu’une telle catastrophe se produisait, tout ce qui se trouvait sur une partie de la Terre pouvait être anéanti. Et le passé était alors oublié.

Le prêtre évoquait alors une « immense puissance» qui aurait régné à une date que nous situerions aux alentours de 9.500 ans avant J.C. Sur cette île d’une formidable étendue, des rois avaient établi un pouvoir qui s’avançait jusqu'à l’Egypte et l’actuelle Italie.

Au terme d’un règne d’une remarquable longévité, il s’était produit d’extraordinaires tremblements de terres et inondations. « En l’espace d’un seul jour et d’une seule nuit, tous les combattants furent engloutis d’un seul coup dans la terre, et l’île d’Atlantide, s’étant abîmée dans la mer, disparut de même ».

Le narrateur attribuait à cette redoutable immersion d’un continent entier le fait que l’Atlantique soit demeuré depuis un océan impraticable : « la navigation étant gênée par les bas-fonds vaseux que l’île a formés en s’affaissant ».

Dans un autre écrit, le « Critias », Platon conte les débuts mythologiques de l’Atlantide.

A la suite du tirage au sort effectué par les dieux, la terre avait été partagée en lots. Poséidon, le dieu de la mer avait reçu l’île d’Atlantis et y avait placé les enfants nés de l’union avec une jeune femme mortelle, Leucipe. Les fils de Poséidon avaient habité ce pays pendant de longues générations et leur gouvernement était marqué par la clairvoyance.

« … Tant que la nature du dieu se faisait sentir en eux, ils obéirent aux lois et restèrent attachés au principe divin auquel ils étaient apparentés. Ils n’avaient que des pensées vraies et grandes en tout point. Ils se comportaient avec douceur et sagesse face aux aléas de la vie et à l’égard de tous. N’ayant d’attention que pour la vertu, ils faisaient peu de cas de leurs biens (…). Ils n’étaient pas enivrés par les plaisirs de la richesse, demeuraient maîtres d’eux-mêmes et ne s’écartaient pas de leur devoir. ».

Platon décrit alors une progressive décadence du pouvoir royal à force de voir leur portion divine se mélanger avec des éléments mortels. Lorsque le caractère humain vint à prédominer, les rois atlantes se conduisirent de façon indécente, devinrent laids et perdirent les plus beaux de leurs biens. Zeus, le dieu des dieux aurait alors décidé de les châtier. Ainsi avait disparu l’une des plus belles civilisations de l’Histoire.

En dépit de ses racines mythologiques, l’Atlantide a suscité un courant gigantesque de théories visant à accréditer le fait qu’elle aurait bel et bien existé. Si l’île avait bel et bien sombré dans les flots, il devait être possible d’en retrouver la trace au fond de l’océan et la quête s’est perpétuée. Certains l’ont cherché au large des côtes de l’Espagne et de l’Afrique, notamment dans les îles Canaries, tandis que d’autres n’hésitaient pas à traverser l’Atlantique jusqu’aux bords du continent américain, subodorant une position proche des Bahamas. Certains ont cru en reconnaître une partie émergée dans le Nigéria et d’autres bien loin de l’Atlantique, dans la méditerranéenne Crète. Elle a été repérée en Sibérie, en Suède comme à Sri Lanka. Une journaliste du Monde, faisant fi des dates initialement formulées par Platon, a avancé la thèse que le philosophe grec se serait inspiré de l’éruption volcanique qui ravagea Santorin en 1675 avant J.C. Elle a néanmoins cité l’expédition que mena le commandant Cousteau sur les lieux vingt ans plus tôt et dont il revint bredouille.

L’île, de par le mystère qui l’entoure, a eu le mérite d’inspirer de très nombreux récits homériques. Dans Vingt mille lieux sous les mers, Jules Vernes a promené le Nautilus près des ruines de la cité engloutie. Edgar P. Jacobs lui a consacré un épisode de Blake et Mortimer. Tarzan, l’homme de la jungle, a eu le privilège de la découvrir dans l’une des aventures imaginées par Edgar Rice Burroughs. Quand à Bernard Lavilliers, il a dédié « quelques mots pour Atlantide, à l’heure où la vie est liquide » dans son ode à la mer baptisée Exil.

 

Daniel Ichbiah

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