dmoz Une échappée au bord de l’eau pour décompresser ! - Dmoz.fr | Actualité insolite
Aller au contenu

Une échappée au bord de l’eau pour décompresser !

Loisir ou sport ? Simple passe-temps ou véritable passion ? Détente ou pourquoi pas thérapie ? Mais de quoi parle-t-on ? Laissez-vous conduire…

Imaginez-vous à la fin du mois de mai, du haut de l’étage qui abrite votre bureau. On peut entendre les klaxons des voitures prises dans les embouteillages et apercevoir les vapeurs polluées de la ville. Les rayons du soleil plus persistants pénètrent et vous invitent à vous extirper de cette ambiance citadine oppressante. Votre esprit se met à rêver et se laisse emporter par l’envie d’un tout autre spectacle.

Celui d’un paysage vert, harmonieux, de champs émaillés de jonquilles et de pissenlits sur lesquels butinent papillons, abeilles et une multitude d’insectes plus colorés les uns que les autres, signe que l’air y est sain et bénéfique.

Celle d’un paysage où règne l’harmonie, mais où l’on peut ressentir que pour en arriver là, il a fallu que la terre se déchaîne, crache le feu, s’écartèle puis s’assagisse et se calme, et que « dame érosion », au fil du temps, modèle cet état par le vent et l’eau sous toutes ses formes. Et nous y voilà…
« L’eau » et il s’agit bien d’elle : cette dernière est ici omniprésente. Partout où la terre a subi, l’eau a jailli : lacs de cratères, lacs de tourbières, sources, filets d’eau, torrents, Couzes (rivière en patois auvergnat) coulent et affleurent sur tout ce territoire rude mais généreux.
Ce patrimoine auvergnat, dont le sommet culmine à 1886 mètres, se situe aux confins du Puy-de-Dôme et du Cantal : il s’agit du massif du Sancy (Territoire, lacs et rivières). Pays du célèbre fromage de St Nectaire, des belles vaches Salers, des volcans et du thermalisme, des randonnées et du ski, de la pleine nature et des croyances païennes. C’est mon terrain de jeu, celui du chat et de la souris, celui du chasseur et du chassé … pardon ! Celui du pêcheur et du « pêché » ! Et oui, je suis de ceux qui n’ont de cesse de vouloir percer les secrets de l’eau. Je m’adonne à la pratique de la pêche à la mouche. Ma journée débute vers 7h alors que la rosée du matin et la fraîcheur matinale ont le pouvoir de m’engourdir les mains et me faire larmoyer. Le rituel se perpétue : mon fouet, une canne de huit pieds soie de quatre, est méticuleusement pliée dans son fourreau avec son moulinet. Je vérifie ne pas avoir oublié mes cuissardes, mon gilet de pêche et l’indispensable, les boites de mouches et de nymphes que j’ai passé tout l’hiver à monter.
Arrivée sur le lieu choisi, l’accueil que me réservent les abords proches du cours d’eau est toujours magique. Je me laisse aller à cette musique dont je ne perçois pas encore l’instrument. Le brouhaha de la chute d’eau toute proche et les parfums d’humus et de sous bois me rendent toujours un peu fébrile, à l’image d’un sportif en pleine concentration juste avant de rentrer sur le terrain. Je prends le temps de monter les brins de mon fleuret en les alignant parfaitement. Mon moulinet fixé, la soie traverse un à un les anneaux serpentiformes jusqu’au scion. Je fixe un sedge gris foncé sur mon bas de ligne que je graisse de surcroît. Ici, dans le tumulte de la Rhue, dans le bouillon de ce torrent encore un peu gonflé des eaux de fonte de neige, la reine des rivières, la truite fario, ne rechigne pas pour peu qu’on lui serve délicatement et le plus près possible sa pitance.
Enfin je vois la rivière et ses nuances de couleurs brunes et ocres typique du Massif Central. Je ne sais où donner du fouet tant les caches sont innombrables : racines, souches, blocs et remous, caves, ne me laissent pas le choix. Je peigne méticuleusement chacune de ces veines d’eau. L’effort est conséquent. En équilibre sur le granite et le schiste glissants, le courant me fait vaciller. Le terrain est accidenté, l’eau est froide. Cette difficulté ne doit pas me déconcentrer. Je m’applique lors de mes lancers et mes dérives courtes (Apprendre à pêcher à la mouche). Je manque de glisser dans un trou et me rattrape. Au même moment, mon imitation de trichoptère a les faveurs d’une coquine qui le happe. Dans la précipitation, bannière détendue, je ferre dans le vide. Déception ! Mais mains gelées et ma manche trempée (je me suis rattrapé tant bien que mal), couplées à la désillusion de ce loupé me font rager. Les premiers vrais rayons de soleil de 9h illuminent le pré bordant la rivière. Je prends le temps de m’y réchauffer un instant et admire une bergeronnette dont j’envie la dextérité à capturer toute sorte d’insectes en train d’éclore à la surface de l’eau : éphémères, moucherons, « cul vert » ! Le grand lisse, plus en amont, attire mon attention. En dessous de ce balai d’invertébrés volants, un rond « sourd » et franc perce la surface de l’eau : le graal du pêcheur à la mouche. Ce gobage me fait oublier la douche froide précédente et c’est plein d’esprit de revanche que j’aborde la rivière.
Je me place à l’ombre, légèrement en aval du poste de la belle afin qu’elle ne me voit pas. Je regarde autour de moi. Une grosse branche dans mon dos m’empêcherait d’ajuster mon tir. Je n’ai pas le choix ! J’avance à pas de sioux dans le fond de la rivière pour me donner plus de marge. La peur de faire craquer une brindille me tétanise presque, mais ce n’est pas le moment. Je suis à bonne distance. J’attends maintenant, immobile, soie sortie, mouche parfaitement graissée que cette truite veuille bien me gratifier d’une de ses virées en surface. Quatre ou cinq minutes s’écoulent et enfin, dame fario perce de nouveau le miroir. C’est le moment. Je tire ma soie en arrière. Je la sens se dérouler derrière moi puis d’un geste ample, tout en accélération, je la propulse vers l’avant et la pose sur l’eau. Mon bas de ligne s’est détendu correctement. Ma mouche touche l’eau deux mètres en amont de la zone visée. La dérive commence alors et me semble durer une éternité. Mon artificielle passe au-dessus de la veine d’eau convoitée et rien ne se passe. Je poursuis la dérive un bon demi-mètre plus en aval et « vlan » : ma mouche est gobée. Ferrage ! Le fil se tend. La belle se tortille, puis dévale le lisse en direction des rapides plus en aval. Je la bride, elle s’envole au-dessus de la surface et me gratifie d’une chandelle. Elle replonge et sonde maintenant vers les blocs qui tapissent le fond. Je presse sur la canne qui plie. Mon cœur bas à « 200 ». Elle remonte d’un palier, puis replonge. Son manège va se répéter trois fois avant qu’elle ne se laisse remonter lentement, signe que ses forces la lâchent. Je finis par l’échouer sur la berge tout en délicatesse. Volontairement, je plonge ma main dans l’eau avant de la saisir afin de ne pas lui ôter son mucus protecteur. Elle est magnifique, d’un contraste sublime entre le brun sombre de son dos et le doré de ses flancs immaculés de petits rubis rouges et noirs vifs. Elle fait une trentaine de centimètres et sa tête profilée en dit long sur ses habitudes de carnassier.
Je vais prélever le fruit de cet effort. Je sors mon appareil photo et immortalise ce petit joyau. Débarrassé de son hameçon, je prends tous les soins à sa ré-oxygénation. Ma main devant son museau l’empêche de partir. Je ne veux pas qu’elle rejoigne son milieu sans avoir repris des forces. La sentant de plus en plus pressante à l’égard de ma pomme de main, j’écarte cette dernière délicatement lui laissant entrevoir la liberté. Elle s’élance à vive allure vers son élément. Je prends énormément de plaisir à la voir regagner les eaux de ce torrent impétueux. J’ai la tête vide mais j’éprouve le sentiment profond d’avoir vécu un moment fort d’échange avec cette nature. Je m’assois sur un rocher au soleil et je me laisse aller à un repos de l’esprit alimenté par ce spectacle, tout enivré de cette expérience. Je ressens la même chose à chaque fois ou presque. C’est ma bouffée d’oxygène, ma drogue naturelle, mon « lâcher prise », ma passion !

Alors, qu’attendez-vous pour visiter le site sancyguidagepeche.fr ?

-
Étiquettes: