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Artiste peintre de l’inconscient

Les tableaux de Mathieu Fort parlent directement à notre être le plus profond. Ses assemblages de couleurs nous plongent dans un état de contemplation où le temps se trouve momentanément suspendu. Nous sommes sans explication du phénomène perçu. Notre esprit conscient reste muet. Ce que nous ressentons est alors un état de perception pure. Pour nous atteindre, les tableaux de Mathieu Fort n’utilisent pas le chemin d’un langage immédiatement déchiffrable.

De fait, les toiles exposées sur son site http://www.art-fortiori.fr n’utilisent pas de grammaire picturale affirmée. On y discerne juste un petit nombre de récurrences dans les orientations des motifs. Et pourtant, on y ressent la projection d’une certaine perception du monde, d’un monde où la force de gravité existe et où le temps s’écoule. Étonnamment cette projection réussit à différer notre capacité d’analyse du tableau pour nous laisser uniquement dans le ressenti. Seulement après coup, on observe que ce petit miracle s’accomplit avec un petit nombre de couleurs et une expression géométrique quasi primitive, de celle qui se rattache à l’enfance. Là où tout élément figuratif semble avoir disparu, on pourrait s’attendre à un désordre résiduel dans l’assemblage des tracés de couleurs. On ressent pourtant fortement l’émergence d’un ordre en devenir, presque cosmique. Les rapports d’échelle entre les intensités de lumière et la taille des motifs tracés sur la toile semblent se répondre comme s’ils exprimaient la force d’une loi cachée indispensable à la prise de conscience d’une certaine harmonie entre nous et le monde sensible: une loi qui doit même précéder toute prise de conscience de son existence autour de nous.

Les tableaux de Mathieu Fort sont des images de ‘’patterns’’ d’états qui précèdent notre prise de conscience; autrement dit, des idéogrammes de la pré-conscience de l'artiste avec lesquelles nous entrons en résonance. Il nous dit que sa peinture surgit seulement de la succession de ses coups de pinceaux sans aucune vision consciente préalable de l’oeuvre à venir. En particulier, il affirme qu’il doit faire complètement le vide dans son esprit avant de peindre, comme dans un exercice de méditation profonde. On se dit alors que les mains de l'artiste arrivent peut-être à se coupler directement à l’activité inconsciente de son cerveau. Cette démarche picturale ne serait pas sans nous rappeler les tentatives d’écriture automatique des surréalistes mais elle va un peu plus loin si elle met effectivement momentanément hors circuit les fonctions cognitives dédiées au langage.

Nous savons aujourd’hui que le sentiment d’exister se situe plus dans une perception inconsciente, extrêmement performante, immédiate et directe du monde, plutôt que dans son interprétation consciente rationnelle. D’un coté se tiendrait la fulgurance des circuits du cerveau bénéficiant des progrès de centaines d’années d’évolution darwinienne et de l’autre un cortex cérébral, certes générateur de notre conscience, mais de quelques millions d’années seulement de mise au point. Dans notre cerveau, notre ressenti instantané du monde est donc beaucoup plus riche dans la carte des perceptions sensorielles qui est codée dans nos réseaux neuronaux que dans l’interprétation que l’on en donne au niveau conscient pour pouvoir agir. L’expression picturale de Mathieu Fort est sans doute plus directement reliée à une telle carte d’états puisqu’elle s’adresse à nous en différant l’étape d’interprétation consciente. C’est finalement une peinture abstraite qui reste très proche de la genèse et de la riche complexité de la vie car elle précède toute volonté d’ affirmations plus géométrique du monde.

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