Après plus de 6 mois de troubles politiques à Bangkok, le couperet est tombé pour le gouvernement dirigé par Yingluck Chinawatra : après l'éviction de celle-ci par la cour constitutionnelle thaïlandaise, le commandant en chef des forces armées du royaume a décidé d'un nouveau coup d'Etat militaire.
Nouveau, car depuis le passage de la monarchie absolue à la monarchie parlementaire en 1932, le pays en est à son 18ème coup d'Etat, ce qui fait d'ailleurs dire à certains que c'est devenu le véritable sport national, loin devant la boxe thaïlandaise.
Dans ces conditions, est-il opportun d'investir dans l'immobilier en Thaïlande en ce moment ?
Tout d'abord, il faut souligner que les marchés financiers n'ont pas été ébranlés par cette annonce, le Baht perdant moins de 2% de sa valeur le jour de l'officialisation de la prise du pouvoir par l'armée, avant de rattraper l'essentiel du terrain perdu dès le lendemain.
Le coup d'Etat militaire : un mal pour un bien ?
Bien entendu, cette situation devrait avoir des répercussions négatives sur certains secteurs économiques du pays, à commencer par le tourisme. Cette situation ne relancera pas non plus la croissance économique, cette dernière étant à l'arrêt depuis le début du conflit entre les partisans du gouvernements, et les opposants à ce-dernier.
Mais entre deux maux, la Thaïlande a peut être choisi le moindre. En effet, depuis le dernier coup militaire de 2006 et l'éviction du premier ministre Thaksin Chinawatra, le pays se déchire autour de la figure de ce personnage aujourd'hui en exil à Dubaï. Tour à tour, “chemises jaunes” et “chemises rouges” ont protesté dans les rues de Bangkok et il faut espérer que cette période de transition permettra de restaurer l'unité nationale et de dépassionner un débat politique qui à trop souvent été réduit à l'influence de Thaksin, puis de sa soeur Yingluck à qui l'on reprochait d'être la simple voix de son frère.
Il faut aussi insister sur le fait que depuis l'annonce du coup d'Etat, la situation dans le pays est calme, la seule restriction étant le couvre-feu instauré entre 22h et 5h, d'ores et déjà annoncé comme temporaire.
Le secteur immobilier habitué aux soubresauts politiques
D'autre part, il est important de noter que la situation politique instable n'a pas empêché le secteur de l'immobilier de connaître un redressement spectaculaire après la baisse rencontrée à l'occasion de la fameuse crise des subprimes.
Prenons par exemple le cas particulier du marché de l'immobilier à Phuket, l'île bien connue du sud du pays, destination de vacances de nombreux touristes tous les ans. Les investissements étrangers y sont très importants, de grandes entreprises thaïlandaises du secteur construisent régulièrement de nouveaux complexes immobiliers, et les prix sont passés de moins de 1.000€ /m² il y a une dizaine d'année à près de 5.000€ pour les biens les plus luxueux, les biens en entrée de gamme se négociant quant à eux autour de 1.5000 à 2.000€ le mètre carré.
Le cadre de vie, le climat, les avantages fiscaux, voilà autant de paramètres que le coup d'Etat militaire ne changera pas. Enfin, c'est bien souvent en situation de crise que les meilleures affaires se font. Le marché américain le démontre d'ailleurs puisque ceux qui ont pris le risque d'acheter au plus fort de la crise des subprimes ont fait aujourd'hui de belles plus-values immobilières. Il y a donc fort à parier que de belles affaires pourront être faite pendant les mois à venir, les prix allant probablement vers une stagnation, comme en 2006, avant de remonter en flèche lorsqu'un nouveau gouvernement aura été élu.