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Petite histoire de la décoration de Noël

Les origines de la décoration de Noël, habituellement abrégée en déco de Noël remonteraient aux premiers hommes, il y a plusieurs milliers d’années.

Evidemment, à cette époque le mot Noël n’existe pas et les festivités qui ont lieu ne ressemblent en rien à ce que nous connaissons aujourd’hui. D’ailleurs, on ne sait pas du tout à quoi elles ressemblent ces premières décorations. Mais l’étude des différentes traditions que l’on retrouve dans de nombreuses ethnies et civilisations permet d’imaginer un semblant de théorie sur les décorations utilisées lors de fêtes pratiquées aux premiers âges. Le point commun à toutes ces fêtes, c’est le solstice d’hiver (il varie d’une année à l’autre mais en général se situe entre le 20 et le 23 décembre de notre calendrier moderne). C’est le moment de l’année où le jour et le plus court et la nuit la plus longue. Ce repère a été apprécié par de nombreux peuples. Il ne s’agit en effet pas seulement d’un simple repère astronomique, c’est bien plus que cela. Il signifie le retour progressif vers les beaux jours, le renouveau du printemps, de la chasse, des fruits, des plantes et d’une manière générale, de la vie. C’est une phase clef du cycle des saisons. Les cultes du soleil sont largement associés à ce solstice. Le soleil est source de vie et l’homme l’a remarqué depuis les premiers jours de l’humanité. L’éclairement solaire qui se remet à croître est une bénédiction qui est associée à bien des religions païennes.

Les décorations utilisées dans les rites qui accompagnent ces fêtes préhistoriques ne divergent probablement pas beaucoup de celles qu’on observe dans les civilisations antiques pour lesquelles des écrits, des témoignages et des représentations nous sont parvenus. De même, pour la fête de Noël contemporaine, malgré l’omniprésence de la société de consommation, bon nombre de décorations et de symboles remontent à la nuit des temps sans que la majeure partie des gens ait conscience de ces liens avec le passé.

Bien entendu la richesse des décorations de Noël d’aujourd’hui n’est pas comparable à celle des temps passés. Mais cela est dû aux nombreuses évolutions techniques, apparition de matériaux variés qui ont permis de réaliser des décorations de Noël toujours plus complexes, riches et colorées. La genèse de la déco de Noël est ainsi à la fois très récente et très ancienne, récente dans sa forme consumériste (société de consommation) et ancienne dans sa forme spirituelle. D'abord païenne pendant plusieurs milliers d’années, la déco de Noël est ensuite recouverte du vernis des religions chrétiennes durant quelques centaines d’années pour finir dans un riche mélange de traditions très diverses, d'innovations profanes modernes, le tout sur fond de spiritualités païenne et chrétienne.

La phase archaïque de la décoration de Noël remonte donc bien avant l'antiquité, dans la période qui a précédé l’histoire et dont nous ne disposons que de peu d’informations archéologiques sur les comportements festifs. En effet, les vestiges de ce passé sont minces. Ils permettent de faire des suppositions sur la vie de tous les jours de nos ancêtres et conservent un degré important d'imprécision.

Ce qui est sûr, c’est que pour les peuples qui vivaient un hiver rigoureux, le passage du solstice hivernal était très important. Il signifiait le retour à l’allongement des jours, l’espoir de récoltes abondantes, la croissance du cheptel de bétail, la renaissance du cycle végétal et de celui de la lumière. Le solstice variait d’une année à l’autre, il n’a d’ailleurs jamais pu être défini avec précision par nos ancêtres. Généralement situé vers le 21 ou le 22 décembre dans notre calendrier actuel, il est cependant déjà tombé le 23 ou même le 20 décembre.

La vie de nos ancêtres était probablement riche en événements et animée de nombreuses coutumes sociales et de fêtes auxquelles s’ajoutaient la recherche de décorations originales faites avec les matériaux rencontrées. Les racines de nos propres coutumes actuelles et celles des trois derniers millénaires plongent leurs origines dans ce terreau culturel.

Nous devons nous mettre à la place de nos ancêtres pour comprendre le sentiment que leur inspirait ce phénomène du solstice. Il était sans nul doute très étroitement lié aux croyances, aux divinités, à la spiritualité de nos lointains ancêtres. Nous pouvons ainsi bien mieux imaginer que ce retour vers des jours meilleurs inspirait à la fois crainte et espoir, crainte qu’il ne se produise plus par exemple et qu’il faille absolument honorer des divinités en appréhendant leur courroux, mais aussi espoir des jours meilleurs, du retour de l'abondance et de la fécondité de la terre, des plantes et des animaux. Ce phénomène a d’ailleurs dû se renforcer avec la naissance et le développement de l’agriculture dont le cycle est parfaitement calqué sur les saisons et dépendant étroitement des aléas climatiques.

Ces traditions ancestrales ont donné naissance à d'importantes fêtes liées au solstice que l'on retrouve dans de nombreuses civilisations occidentales plus récentes et pour lesquelles nous disposons d'écrits et d'illustrations. Ce phénomène est en soi la preuve de l'existence de fêtes bien plus anciennes.

Les premières décorations sont des représentations d'animaux, des formes humanoïdes, des représentations de parties du corps, des figures géométriques, tout simplement de beaux objets (cailloux originaux, beaux coquillages) ou encore des assemblages de ces éléments avec des matériaux naturels réalisés soit en tant qu'amateur par tout un chacun ou par des mains habiles et expérimentées pour les plus belles décorations.

D’accord me direz-vous pour les fêtes entourant le solstice mais de là à présumer une véritable décoration de Noël dans les temps préhistoriques, n’est-ce pas exagéré ?

Pas du tout. La décoration festive remonte aux tous premiers jours de l’homme. On ne parle bien sûr pas de déco de Noël mais de décorations des festivités du solstice. Les fêtes ont forcément dû s'accompagner de rituels, d'accessoires, d'ornements, de symboles. Lorsque nous voyons par exemple un menhir ou un dolmen, nous devons imaginer qu'autour de cet élément central se situaient sans doute de nombreux autres accessoires décoratifs, et des règles et des procédures associées.

Le gui est encore utilisé de nos jours pour décorer, tel quel, suspendu. Il est d'ailleurs recommandé de s'embrasser sous le gui. L'importance spirituelle et décorative du gui remonte très loin dans le temps. Nous savons que la plante était utilisée par les Celtes. Il est logique que son usage remonte encore bien plus loin.

Les prémisses de la décoration de Noël ont donc un fondement ancestral avéré. Par exemple, tresser des couronnes de fleurs dans les cheveux s’accompagnait aussi de couronnes de fleurs à accrocher sur des habitations, sur des constructions en bois, sur des autels. La symbolique du cercle étroitement liée au cycle de la vie et des saisons était parfaitement connue de nos lointains aïeux et reproduite dans les civilisations les plus diverses. Les premières couronnes festives décorées par l'homme datent probablement de plusieurs milliers d’années avant Jésus-Christ.

Des couronnes d’hiver ont pu aussi logiquement être fabriquées en l’honneur des fêtes du solstice en utilisant les matériaux disponibles dès le néolithique, en tressant par exemple des brindilles, des rameaux secs, avec des fruits secs, des baies et même de la mousse. Des colles naturelles étaient par ailleurs connues de nos ancêtres (à base d'amidon, de certaines plantes, de résine d'arbres, de sabots ou de cornes bouillis).

On peut même supposer que ces couronnes décoratives devaient avoir une importance notable en matière de symboles festifs, bien plus qu’aujourd’hui où elles se limitent malheureusement à Noël, aux mariages et aux enterrements. Les couronnes de Noël et de l’Avent restent encore très fortement présentes dans la tradition décorative de l’Est de la France, dans les pays du Nord de l’Europe, en Amérique et dans une moindre mesure dans le reste de l’Occident.

La tradition de l’arbre de Noël sans qu’il soit possible de le prouver formellement remonte sans doute très loin dans l'histoire de l'humanité, durant l’antiquité et même très probablement jusqu'au néolithique.

L'arbre représente également les plantes plus humbles qui disparaissent le temps de l’hiver et dont le cycle de vie suit évidemment le cycle des saisons. Là aussi, le passage du solstice est essentiel. Quelques semaines après le solstice, le rallongement des jours va faire progressivement apparaître les frémissements du printemps : les premiers bourgeons, quelques fleurs comme les perce-neige…

Parmi les arbres, les conifères prennent naturellement une place prépondérante dans les fêtes du solstice d'hiver. En effet, leur parure résiste à l’hiver, les aiguilles ne tombent pas pour la majorité d’entre eux. Aussi l’arbre, et en particulier le sapin, est-il un symbole fort.

Des arbres ont été décorés en l’honneur du solstice, c'est une certitude. En effet, l’arbre est en quelque sorte le seigneur des végétaux de par sa taille, ses formes variées, sa force, son utilité, sa beauté, sa longévité…

Des arbres dits “de vie” décorés sont attestés chez les Celtes et les Scandinaves mais ces traditions remontent logiquement beaucoup plus loin à l'aube de l'humanité, transmises par des générations d’hommes et de femmes.

Avec quoi étaient-ils décorés ? Eh bien, les décorations ne manquent pas. Elles sont d’abord naturelles : fruits (les dernières pommes, coings, nèfles, cormes, poires), prunelles violettes, fruits rouges du houx, fruits blancs du gui, baies rouges variées, jolis cailloux, ossements, sous-produits d'animaux, coquillages, et même des crânes…

Mais pas seulement naturels.

L’homme a cherché très tôt à transformer les produits naturels pour son usage personnel afin de produire d'une part des parures et décorations durables comme les bijoux, les amulettes, les récipients en poterie, les outils et les armes décorées mais également des décorations éphémères dans le simple but de décorer. Ces décorations éphémères sont rarement parvenues jusqu'à nous mais leur usage par les civilisations plus récentes témoigne de leur existence. La logique même ne saurait se passer de leur existence dans des temps beaucoup plus anciens.

La découverte des métaux, de la poterie, puis de la céramique, du tissu ont permis l’essor de décorations d’un nouveau genre : précieuses, captivantes, symboles de prestige et de supériorité hiérarchique, objets à la l’esthétique supposée à la mesure des Dieux qu’il fallait remercier…

Il suffit d'ailleurs d'évoluer dans les galeries du Louvres sur le thème de l'Egypte de l'Ancien Empire pour être sidéré par la richesse des décorations en bois, en ivoire, en métal, en poterie, en pierre, alors que nous sommes encore plus de deux mille ans avant Jésus-Christ. La finesse de certains objets dépasse par exemple celle que l'on trouve en Europe au Moyen-Age !

Les symboles tels les étoiles, le cercle, le disque et d’un manière générale de nombreuses formes géométriques régulières, des animaux, des plantes, des objets ou des phénomènes météorologiques ou cosmiques, pullulaient à l’image de la nature qui entourait les hommes et se retrouvent encore aujourd’hui dans toutes nos décorations de Noël contemporaines.

Des étoiles et bien d’autres formes géométriques, des effigies en l’honneur d’animaux, de plantes, de totems, de lieux, des couronnes, des colliers, des bouquets, ont été réalisés dans le simple objectif de décorer ces festivités spirituelles, non seulement celles du solstice d’hiver mais aussi toutes celles de l’année.

La décoration est aussi à cette époque étroitement liée aux relations humaines et aux échanges. On décore par fierté, pour plaire aux divinités, pour honorer les ancêtres, pour le prestige mais aussi pour le plaisir des yeux. Nul ne nous fera croire que la décoration des temps préhistoriques est uniquement liée à une quelconque spiritualité. Des hommes et des femmes s'émerveillent aujourd'hui devant de belles choses de la même façon que leurs ancêtres. L'habileté, le goût de l'harmonie, des formes, l'imagination ne sont pas toujours bien répartis entre les individus mais ils existent en l'homme depuis les tous premiers âges. Il suffit pour s'en convaincre d'observer avec fascination les fameuses Vénus préhistoriques. On décore également pour offrir, pour faire la paix, pour échanger, parlementer, vénérer, honorer, se souvenir…

L'hiver est une période de rapprochement social. Les hommes patientent durant la saison froide. C’est un temps du partage des maigres ressources restantes par la force des choses. Par la festivité, la spiritualité et la décoration on garde l’optimisme, on conserve la joie. C’est aussi un temps de paix contraint : les conflits sont plus difficiles et la motivation se battre bien moindre lorsqu’il faut encore lutter en plus contre le froid et le manque de nourriture fraîche. La traditionnelle trêve hivernale trouve ainsi son fondement dans la difficulté de la saison hivernale, le don et les échanges humains trouvent leur fondement dans la promiscuité et la raréfaction des ressources. D’ailleurs la tradition des cadeaux se retrouve étroitement liée à ces fêtes du solstice d'hiver qui ont précédé Noël pendant des milliers d'années. C’était aussi le cas des fêtes saturnales romaines qui correspondaient au solstice d’hiver. Durant ces fêtes, on offrait des cadeaux. Les rôles sociaux pouvaient s’inverser et des maîtres servaient leurs esclaves par exemple.

Enfin et nous n’en avons pas parlé jusqu’à présent mais le feu est un élément fondamental de la festivité. Or la lampe à huile et la chandelle sont connues depuis des millénaires. La flamme accompagne de tous temps les festivités depuis que le feu a été maîtrisé.

Nos ancêtres occidentaux ont connu la fête de Noël et ses décorations sur guère plus de 30 générations alors qu'avant eux, ce sont pas moins de 500 générations de nos ancêtres qui ont célébré le solstice d'hiver. Un tel bagage culturel, un tel poids de tradition n'a pu être complètement effacé par le christianisme sans y mettre des moyens énormes à commencer par phagocyter et remplacer toutes les fêtes païennes.

Noël en tant que tel est construit artificiellement et progressivement par les religions chrétiennes sur le socle des fêtes païennes du solstice d’hiver. La date de la naissance de Jésus n’est pas connue, comme celle de nombreux personnages célèbres de l’antiquité.

C'est vraisemblablement au IVème siècle après J-C que la date de la naissance du Christ a été arbitrairement fixée au 25 décembre. Les avis divergent sur la date exacte de cette décision. Ce qui est sûr, c’est que cette idée de la nativité fêtée au 25 décembre ne s’est pas propagée d’un seul coup dans le monde chrétien. Mais une fois lancée, c'est une fête qui va se répandre inexorablement dans tout le monde chrétien et dont l'importance ne va cesser de croître pour finir par remplacer en importance Pâques, jadis première et principale fête chrétienne.

L’Eglise chrétienne a ainsi trouvé un symbole fort pour remplacer les puissantes traditions liées au solstice d’hiver, profondément ancrées dans la société occidentale. Puisque le solstice est la renaissance de la lumière de par le retour à des jours plus longs, ce sera plutôt la naissance de la lumière Chrétienne en la personne de Jésus qui par sa naissance apporte la lumière à un monde en proie aux ténèbres.

Certaines traditions païennes ont néanmoins perduré sous le vernis chrétien et sont remontées jusqu'à nous, comme l’importance du gui dans la décoration de Noël par exemple. L'arbre de Noël est la reprise sans le vouloir d'une tradition païenne par des Protestants.

Tous les symboles chrétiens et modernes liés à Noël sont d'ailleurs plus ou moins empruntés aux traditions millénaires qui plongent dans l’histoire de l’humanité. Les inventions se construisent en effet progressivement par application de nouvelles couches et découvertes de variantes ou de dérivés.

Au VIIème siècle, les 40 jours qui précèdent Noël deviennent les « 40 jours de saint Martin » en l'honneur de Saint Martin de Tours. La Saint Martin est d’ailleurs toujours fêtée avec une certaine importance en Allemagne.

Notons que la période d’attente du solstice n’est pas nouvelle puisqu’elle était aussi célébrée dans les traditions païennes. On imagine très bien nos ancêtres attendre le solstice avec la même ferveur que les Chrétiens du second millénaire attendront Noël. Là-aussi, la religion chrétienne a probablement recouvert d’un vernis des coutumes bien plus anciennes. Cette période d’attente sera raccourcie et prendra pour nom « période de l’Avent », débutant le quatrième dimanche avant Noël.

Noël n'est toujours pas Noël. Avant d'être Noël, on parle de l'anniversaire de la naissance de Jésus-Christ, la Nativité. La première mention du mot Noël ne daterait que de 1112.

La fête chrétienne du 25 décembre s’est maintenant répandue dans tout l’Occident et elle a acquis suffisamment d’importance pour être utilisée par l’Eglise par exemple pour imposer l’idée d'une Trêve de Dieu. Dans la pratique, cela n’est pas difficile à admettre par les seigneurs dont la guerre et la chasse sont les occupations principales. En effet, les conditions climatiques de l’hiver ne sont pas propices à la guerre. Du reste la tradition de ne pas guerroyer en hiver existait déjà dans l’antiquité et remonte aussi aux origines de l’homme. C’est évidemment le climat qui dicte cette conduite et l’Eglise ne fait que formaliser les faits.

En dehors des symboles de la croix et de l’étoile, la crèche de Noël semble être la décoration chrétienne spécifique de Noël la plus ancienne en tant qu’objet décoratif et non plus simple symbole. Pourtant les figurines et effigies festives en l’honneur des divinités païennes remontent elles-aussi à la nuit des temps. Il ne s’agit que de l’appropriation d’idées millénaires par les Chrétiens.

Même si les plus anciennes représentations chrétiennes de la nativité datent du IVème siècle, les premières crèches vivantes ne datent vraisemblablement que du début du 13ème siècle. Les célébrations religieuses de Noël commencent à être accompagnées de décorations liées à des spectacles liturgiques mettant en scène notamment les bergers et les rois mages. On peut supposer par exemple que de belles étoiles en bois coloré devaient être utilisées dans ces spectacles. L'étoile est l'élément fondamental du mythe des Rois Mages qui a suscité bien des discussions et des hypothèses.

Mais des guirlandes et d’autres accessoires décoratifs devaient également être utilisés dans la décoration de Noël, des objets tellement anodins qu’on n’en parlait même pas. Au départ les spectacles liturgiques se jouent dans les églises, puis autour de celles-ci, voire même par après en d'autres lieux de la ville, parfois reliés par des processions.

Ce n’est qu’au XVIème siècle que les Jésuites introduisent dans la décoration des lieux saints les premières crèches telles que nous les connaissons avec des petits personnages en bois ou en poterie.

Les spectacles et festivités autour de Noël vont prendre de l’ampleur au fil des siècles non sans avoir au départ été freinés par l’Eglise à différentes reprises, laquelle craignait un retour à des débordements païens encore fortement ancrés dans les traditions et que son autorité ne puisse plus contrôler. Le penchant naturel de l’homme à la joie de la fête l’emportera heureusement.

Dans les pays réformés les festivités de Noël auraient été plus sérieusement limitées qu’en terre catholique. Ce n’est pas tout à fait exact. C’est une vision assez catholique de la chose et j'imagine que c'est de bonne guerre… Il est vrai que la Réforme est au départ portée par un mouvement de retour aux sources et à une certaine discipline chrétienne (mais aussi parce que la religion catholique s’est distinguée par de nombreux excès depuis le Moyen-Age, pour ne pas dire durant toute son histoire). Noël ayant été créé en tant que tel par la religion catholique, les réformateurs prennent au départ une certaine distance vis-à-vis de ces festivités. Mais ce n’est que temporaire. Certains mouvements réformateurs vont continuer sur une voie plus austère mais dans l’ensemble les Protestants vont peu à peu célébrer Noël avec autant de ferveur que les Catholiques, sinon plus comme en Alsace et en Allemagne. N’oublions pas que le sapin de Noël provient d’Alsace et que les protestants s’approprieront le sapin de Noël alors qu’il sera au contraire très mal vu par l’église catholique et à peine toléré jusqu’à la seconde guerre mondiale. Après quoi, l’église catholique aura d’autres chats à fouetter et les sapins de Noël deviendront rapidement universels.

Même s'il est rapidement intégré dans la décoration de Noël traditionnelle protestante, le sapin de Noël est sans doute la première décoration de Noël profane acceptée dans le rituel chrétien de Noël. Il n'a pas de symbolique religieuse en soi d'autant qu'on le couvre au départ de fruits, de friandises et de pâtisseries ce qui symbolise l'abondance et la fête plutôt que la spiritualité. Les petits anges, étoiles et autres déco de Noël à suspendre viendront beaucoup plus tard.

Tel que nous la connaissons, la tradition du sapin de Noël est donc bien d’origine alsacienne même si comme nous l’avons vu auparavant, cette tradition reprend les fondements de coutumes bien plus anciennes, liées à l’arbre de vie et au solstice d’hiver. La première mention écrite attestée de vente de sapin de Noël date de 1521 (bibliothèque humaniste de Sélestat).

Cette tradition va ensuite se répandre dans tout l’Occident et le sapin deviendra l’un des principaux symboles des fêtes de Noël.

D’abord chargé de fruits ou de petites décorations en bois ou chutes de tissus, les arbres vont progressivement recevoir des confiseries et pâtisseries puis bien plus tard des boules et toutes sortes de décorations variées pour le plus grand plaisir des enfants et des yeux de tous.

Aujourd'hui il se vend des dizaines de millions de sapins à Noël. Même s’il s’agit d’une période assez courte, c’est un gros business saisonnier.

L’apparition de sapins artificiels dont la production provient quasi totalement de Chine a créé une sorte de compétition sapin naturel/sapin artificiel qui oppose commercialement l’occident et la Chine dont cette dernière profite finalement le plus. En effet, la beauté et la qualité des sapins artificiels n’ont cessé de s’améliorer et comme toute apparition d’un nouveau produit, celui-ci tend à conquérir des parts du marché des sapins naturels aux dépens de ce dernier.

Pour la petite histoire, il circule une étude qui révèle qu’un sapin artificiel devra servir au moins 20 ans avant d’avoir aussi peu d’impact sur l’environnement. Je dois reconnaître que je me méfie toujours des effets d’annonces liées à des business sur fond de compétition économique. Et pour cause l’affirmation n’est pas totalement exacte. On parle ici de bilan carbone.

Or l’impact sur les écosystèmes et la santé est au contraire plus négatif pour le sapin naturel. Vous allez me dire : qu’est-ce que je radote ? Un sapin naturel ? Cela fleure bon la nature et le grand air des montagnes couvertes de sapin. Oui certes pour quelques plantations de passionnés de nature qui cultivent leurs sapins de façon artisanale mais pas pour l’immense majorité. Business = fric. Cette simple équation explique mon affirmation. Pour gagner plus de fric, vous pouvez augmenter la taille de votre culture de sapins et le prix des sapins mais pour des raisons matérielles et pratiques ces facteurs ont au contraire naturellement tendance à se réduire. Dès lors si vous voulez gagner plus de fric, vous devrez augmenter le rendement et la vitesse de production.

Est-ce que les mots S-métolachlore, Clopyralide, Glyphosate, Simazine, Hexazinone, Diazinon, Pymétrozine, Diméthoate, Acétamipride, Bifénazate vous parlent ? Non ? Le moins nocif de ces produits est juste un poison pour l’homme. Outre qu’il leur faut lutter contre les nombreux insectes variés, les champignons, les acariens mais aussi les mauvaises herbes, il faut aussi engraisser artificiellement et fortement la terre car les jeunes sapins en croissance puisent avidement les éléments nutritifs de la terre. Ces sapins sont également plus fragiles que leurs homologues naturels à la manière des animaux des batteries d’élevage intensif. Mais la liste des produits ne s’arrête pas là. Des hormones végétales sont utilisées comme inhibiteurs ou activateurs (pour favoriser la forme du sapin, la croissance droite du tronc, la vitesse de croissance, la densité et la régularité de la parure), sachant que la majeure partie des hormones de croissance végétale sont présumées ou avérées cancérigènes pour les animaux. De plus en cas de jaunissement et d’assèchement des aiguilles, sachez qu’on peut encore trouver des traitements cireux de teinte verte afin d’embellir les sapins et enfin notez encore que depuis quelques années il existe des traitements de plus en plus répandus pour lutter contre la chute des aiguilles.

Qu’à cela ne tienne le sapin reste une source de joie et d’admiration. Et il faut relativiser mes propos. A l’échelle de la pollution des voitures, notre problématique écologique des sapins d’élevage intensif est plus faible qu’un pet de mouche. Justement, profitons-en pour le rappeler : acheter vos décorations de Noël par Internet est moins polluant et beaucoup moins stressant que de se rendre dans les magasins. Vous savez ce que c’est ? Le soir en hiver, il fait sombre, les phares des véhicules éblouissants, le mauvais temps, les gens stressés par le manque de temps et l’envie de rentrer vite à la maison, les bouchons, les microbes, la cohue, les différences de températures, le chaud, le froid, puis à nouveau le chaud, les magasins surchauffés, l’excès des lumières qui finissent par être étourdissantes. Bref, que c’est bon d’acheter par Internet depuis chez soi. Il suffit juste de connaître les bons sites de décoration comme canal-deco.

Enfin, faut-il le répéter il existe aussi des sapins décoratifs qui sont de véritable objets déco réutilisables, en bois, en métal, en résine, en verre… Et ces sapins prennent aussi moins de place, ne demandent pas de travail ou d’entretien, sont originaux et beaux.

La naissance du Père Noël qui se nomme en réalité Santa Claus au XIXème siècle consacre la décoration profane et sa connotation commerciale qui ne va cesser de croître.

Le mélange commercial et spirituel de la décoration de Noël va cependant créer une multitude de décorations de Noël où le profane se mêlera au spirituel sans tabous. Jamais une fête n'aura bénéficié d'autant de types de décorations ce qui est plutôt positif pour la décoration d'intérieur, le plaisir des yeux, la sensation de joie et de bien-être. Cet aspect commercial de Noël misant tout sur la surabondance et la joie pour pousser à offrir et donc à acheter revient finalement aux premières heures de l'homme car n'était-ce pas ce qui était espéré aux fêtes du solstice d'hiver ? Le retour du printemps, de l'abondance de gibier, de fruits, la renaissance des plantes, la douceur du printemps, la chaleur de l'été… La boucle est bouclée.

La tradition du Père-Noël existe sous des formes approchantes en Europe du Nord avant le XIXème siècle mais tel que nous le connaissons, c’est en Amérique que le Santa Claus naît au début du XIXème siècle. Il s’agit d’un mélange de diverses traditions inspirées pour une part des contes et légendes d’Europe du Nord (lutins et gnomes scandinaves, père gel russe) et du fameux Saint-Nicolas, fêté le 6 décembre depuis l’Est de la France jusqu’aux Pays-Bas et même au-delà.

Dans la foulée, les rennes de Noël apparaissent en 1821 dans un poème d’un imprimeur de New York, William Gilley.

Le terme en français « père Noël » apparaîtra bien tardivement en France : seulement au XXème siècle.

Le premier calendrier de l’Avent commercial remonterait à 1920 ou 1921.

L'avent, c'est la période avant Noël qui commence au quatrième dimanche précédant Noël. Sur les couronnes ou bougeoirs de l'Avent, on allume progressivement les quatre bougies de l'Avent (chaque dimanche une de plus). Pourtant, ça ne veut pas dire “avant”. C'est un mot qui provient du latin “adventus” et qui signifie “la venue”. L'Avent est un temps de préparation à Noël. Dans la vie de tous les jours, c'est une période de décorations (sapin, crèches, couronne, guirlandes…) et aussi pour ouvrir une après l'autre les cases du calendrier de l'Avent.

Le calendrier de l'Avent est d'origine allemande. Au XIXe siècle, certaines familles protestantes distribuaient des images pieuses chaque matin aux enfants, durant 24 jours, pour les faire patienter en maintenant une sorte de suspense. A côté des nombreux calendriers commerciaux en carton avec des sucreries, il existe de jolis calendriers de l'Avent décoratifs où vous pouvez réaliser l'Avent à votre idée et selon votre goût.

La bougie moderne a été inventée au milieu du 19ème siècle. Son nom « bougie » proviendrait d’une ville algérienne de Kabylie : Bugaya. La bougie d’aujourd’hui se différencie de la chandelle à cause de sa matière première (s téarine entourée de paraffine) et de mèches de coton tressé et imbibées d'acide borique.

Seuls les gens aisés (nobles, clergé) s'éclairaient avec des cierges en cire d'abeille beaucoup moins polluants et laissaient au peuple l'éclairage au suif (graisse animale) peu coûteux. D'ailleurs encore aujourd'hui, la cire d'abeille naturelle reste la meilleure alternative pour la santé. Peu d'études existent sur l'impact des colorants et parfums de synthèse dans les bougies artificielles.

Aujourd’hui les décorations lumineuses beaucoup plus sécurisantes ont remplacé les bougies sur le sapin. Mais la place des bougies reste importante en dehors du sapin sous la forme de jolis bougeoirs de Noël ou de couronnes de l’Avent.

Les boules de Noël en verre sont créées à la fin du 19ème siècle.

La légende veut qu’en 1858, le manque de pommes dans les Vosges du Nord contribua à titiller l’imagination d’un souffleur de verre qui souffla les premières boules de sapin de Noël en verre. Cela se passait à Goetzenbruck à la lisière de l’Alsace et de la Moselle. Une industrie de la boule de Noël se développa par la suite dans les Vosges du Nord. En 1950, à son apogée, l’usine produisait plus de 200 000 boules. En 1964, l’usine Vergo cessa son activité face à la compétition des usines de production automatisée.

Puis les boules en plastiques comme alternative au verre commencèrent à se répandre. Personnellement je n’ai jamais acheté une boule en plastique et j’ai toujours mis un point d’honneur à vérifier que les boules que j’achetais étaient en verre. Je n’ai donc jamais mis sur mon sapin de boules de pacotilles. Et pourtant, aujourd’hui les boules en plastique dominent le marché.

Aujourd’hui, une production artisanale de boules soufflées s’est redéveloppée à Meisenthal, à proximité de Goetzenbruck, laquelle profite du succès des marchés de Noël et du retour à la recherche de qualité et d’originalité d’une certaine partie de la population, sans pour autant atteindre cependant une originalité extraordinaire.

Par la suite, les décorations du sapin de Noël ne vont cesser de se développer en profusion et en variété, dopées durant la seconde moitié du 20ème siècle par la banalisation des matières plastiques.

Les premières mentions écrites de bonhommes de neige datent du XVIème siècle. L'association du bonhomme de neige aux fêtes de Noël est probablement très ancienne. Etant un art éphémère, il a très bien pu être déjà présent des milliers d’années auparavant et nous pouvons présumer que lorsque la neige était présente, les fêtes du solstice s’accompagnaient de création de sortes de bonhommes de neige par les enfants et même par les plus grands.

Mais en tant que figurine du sapin ou à poser, les bonhommes de neige n’apparaissent qu’au début du XXème siècle

Les jouets à Noël sont très récents. C’est une mode importée d’Amérique qui arrive en France au XIXème siècle et qui consiste d’abord à offrir des aliments et pâtisseries rares aux enfants comme les mandarines ou les sucres d’orges voire parfois un jouet fait maison. Des personnes âgées se souviennent encore de poupées de son confectionnées par leur Maman ou d’un cheval en bois assemblé à partir de quelques planches, rabotées et poncées par leur Papa.

Le cheval de bois sous forme de bâton avec une tête de cheval existait déjà dans la Grèce antique. Le véritable cheval à bascule ou à roulettes se développe au 18ème siècle mais est d’abord réservé à la bourgeoisie et à la noblesse. Il ne se démocratise qu’à la fin du 19ème siècle et encore pas chez les français les plus modestes même si parmi les plus bricoleurs d’entre eux, des versions faites maison et parfois très réussies voient leur apparition.

C’est après la seconde guerre mondiale que le cheval à bascule va devenir incontournable pendant une trentaine d’années puis sera peu à peu supplanté par la profusion d’autres jouets. Aujourd’hui il a depuis longtemps perdu la place d’un des principaux jouets offerts à Noël car les circuits imprimés et les transistors ont multiplié l’offre ludique pour les enfants, mais le cheval à bascule reste un symbole fort et de nombreux petits enfants continuent à en recevoir sous les formes les plus variées, de la tortue à roulette à l’éléphant en plastique qui se balance en passant par les animaux gonflables et toutes sortes de produits dérivés.

Par extension, les cadeaux ne sont plus réservés aux enfants et tout le monde offre des cadeaux à tout le monde. Même les comités de grosses entreprises offrent des cadeaux aux enfants de leurs employés.

L’ensemble des symboles de Noël sans être commercial dans leur fondement festif et traditionnel a contribué à créer une atmosphère mercantile dont le commerce et surtout la grande distribution se sont emparés.

Ainsi lors des fêtes de Noël, les gens dépensent plus, s’offrent des cadeaux, sont moins regardants aux dépenses, à la valeur des choses, consomment plus, mangent plus ce qui génère plus de profit chez les commerçants.

Mais les Américains n’ont pas inventé le principe des cadeaux à Noël, lesquels existaient déjà au temps des romains durant les fêtes saturnales du solstice d’hiver, lesquels s’étaient certainement inspirés de tradition plus anciennes encore.

D’ailleurs le don est répandu dans bien d’autres traditions comme celle d’offrir un repas pour les pauvres à Noël ou de donner un peu plus lors de l’aumône au sortir de la messe de Noël.

En définitive, à l’image de canal-deco qui est alsacien, l’Alsace est bien une terre de décoration de Noël où la magie de Noël est célébrée et décorée depuis plus longtemps qu’ailleurs dans les fameux marchés de Noël comme au sein du foyer. Les sapins de Noël et les boules de Noël y sont nés, les calendriers de l’Avent venus à l’origine d’Allemagne s’y sont développés, les bretzels, de petits bonhommes briochés appelés Mannele, les fameux Kugelhof et d’autres pâtisseries y ont été créés, tandis qu’à la Renaissance, l’Alsace présentait sans nul doute la plus importante densité de pains d’épiciers (artisan fabricant de pains d'épices).

La décoration de Noël est devenue universelle mais elle n’est pas aussi récente qu’on voudrait le croire. Elle puise réellement ses racines dans la protohistoire, c’est l’histoire de l’homme et de l’hiver, de ses craintes et de ses espérances, de son observation de la nature et des cycles de la vie, au-delà de toutes croyances.

Alex Wiltz (expert en décoration d'intérieur) et canal-deco (le spécialiste français de la petite décoration traditionnelle) – tous droits réservés – «Petite histoire de la décoration de Noël »

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