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Je suis victime du ronflement de mon mari

Le récit de mon calvaire

Des nuits blanches à n’en plus finir. Je ne ressemblais plus qu’à un zombie, les yeux hagards, les cernes noires, les pommettes blanches, le teint blafard, le moral à zéro. J’étais prête pour une soirée Halloween, alors j’ai sorti mon grand numéro. L’instant que je préfère dans mon quotidien est le soir lorsque je vais me coucher. Qu’il est bon quand vient, après une journée de dur labeur, le moment de me faufiler bien au chaud sous la couette ! Mon corps s’alourdit, les muscles se relâchent, les tensions se détendent. Un peu plus tard, les paupières flanchent et finissent par tomber. Mais je ne sais pas pourquoi, c’est toujours à la minute où j’arrive enfin à fermer l’œil que surgit du néant cette infernale locomotive, qui en s’approchant de mon lit, se met à retentir de plus belle. Avec son détonnant vrombissement, c’est la chevauchée d’une véritable machine à vapeur qui n’en finit plus de s’affoler et qui hante mes nuits depuis maintenant de nombreuses années. Lorsque le rythme s’emballe, le bruit de la machine se transforme en un vacarme assourdissant.

C’est alors que je rouvre l’œil. Je me redresse. J’allume la lampe de chevet et je regarde l’engin responsable des terreurs de mes nuits. Il s’appelle Mars. Il dort à mes côtés depuis qu’il m’a passé la bague au doigt. J’observe de plus près la bête humaine. Les lèvres s’activent comme les babines d’un dromadaire qui s’exprime avec ses joues tombantes. Les naseaux gonflent en vibrant comme jamais. Mars est un véritable gouffre de sons qui relèvent de l’unicité scientifique. Il m’emmène chaque nuit sur un chantier où marteau piqueurs, bulldozers et remorqueurs résonnent à tue-tête. Depuis la nuit des temps, je cherche à dompter la bête qui sommeille en Mars. J’ai même été jusqu’à l’inscrire à des cours de musique pour qu’il apprenne à battre la mesure. J’aurai aimé que Mars trouve un rythme mélodieux lorsque, la nuit tombée, il joue de son instrument à cordes vocales. Mais, imprégnés de notes inédites, son ronflement est devenu un véritable capharnaüm.

J’en suis venue à craindre que les voisins appellent la police pour tapage nocturne, alors inutile de penser à acheter un sifflet de gendarme ou de me mettre à jouer de la trompette. Pour supporter les bruits, j’ai tout essayé. J’ai tenté de dormir avec des bouchons d’oreille. Mais Mars, en vrai ténor, était encore plus emporté. Je m’installais en tailleur, les paumes des mains jointes, pour adopter la position du yogi en pleine méditation. Son bruit m’empêchait de trouver le calme en moi. Alors je lui pinçais le nez, je lui mordais les doigts, je le bourrais de coups de poing, je m’asseyais sur lui. Mars était indomptable. J’ai fini par l’envoyer dans le canapé. Mais cela n’a rien donné car, même du canapé, Mars arrivait à troubler mon sommeil. Après avoir consulté un oto-rhino-laryngologiste, il apparaît que le ronflement de mon mari ne vient pas d’une rhinite allergique. Il n'est pas non plus causé par la présence de polypes dans les voies nasales ou d’amygdales trop volumineuses.

Il n'est pas occasionné par l’apnée du sommeil qui est une pathologie à prendre au sérieux car elle nécessite, en plus de la mise en place d’un appareil de ventilation, de soins chirurgicaux. Non, le problème est que mon mari a une luette longiligne, une cloison nasale en biais, un cou rabougri, un menton ramassé et une mâchoire inférieure étriquée. Son ronflement est accentué par un surplus de poids et devient catastrophique lorsqu’il absorbe de l'alcool le soir. Et je ne vous raconte pas quand il est enrhumé, qu’il a fumé, pris des médicaments et qu’il dort sur le dos ! Ce qui m’inquiète le plus c’est que ses bourdonnements vont s’aggraver avec l'âge à cause du relâchement des tissus qui accompagnent le vieillissement corporel…

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