J'ai demandé à un dentiste trouvé sur le Web à Paris de prendre position et nous expliquer la CCAM – classification commune des actes médicaux – ses implications et ses effets notamment sur le remboursement des soins dentaires. Y compris la Parodontologie, l'Orthodontie, l'Implantologie, l' Odontologie…
Cette nouvelle classification sera applicable, selon le décret de loi, à partir du premier juin 2014 à tous les dentistes de Paris d'abord puis partout en France. L’évident est que les patients ne vont pas être remboursés de l'avance de frais qu'ils auront faite pour leur soins dentaires.
Ce passage à la nouvelle classification va bouleverser les habitudes des dentistes puisque la NGAP (nomenclature générale des actes professionnels) est utilisée depuis plus de 30 ans par les dentistes. La CCAM est la nouvelle nomenclature de codification des gestes pratiqués par les médecins et dentistes, gestes techniques et actes intellectuels cliniques. Elle fait suite au catalogue des actes médicaux (CDAM) en milieu hospitalier et, pour les actes techniques, à la nomenclature générale des actes professionnels (NGAP) en secteur libéral et hospitalier des différents praticiens de santé, dentistes y compris.
Un des problèmes que vont rencontrer les dentistes réside dans le fait que même la CPAM n'est pas prête à ce passage. En outre, aucune formation pour les dentistes n'a encore eu lieu: les formations pour dentiste à la CCAM se dérouleront de fin avril à mi mai. On peut estimer que seuls les dentistes les plus chanceux pourront bénéficier d'une formation, et encore, réduite à la portion congrue puisque celle-ci ne dure que 2h30.
Le plus préjudiciable pour les dentistes mais aussi pour les centres de santé dentaire qui ont choisi de télétransmettre les feuilles de soins dite FSE (feuille de soins électronique) est que celles-ci vont être rejetées et que les patients ne vont pas être remboursés de l'avance de frais qu'ils auront faite pour leur soins dentaires.
Pourtant, dans tous les domaines de la dentisterie, notre pays n'est pas mal loti. Voici quelques chiffres qui devront à moyen terme être revus à la baisse. En effet, si le taux de remboursement des soins dentaires venait à baisser, on peut penser que le nombre de dentistes baisserait aussi. Pour l'instant, la densité s’élève à 65 dentiste(s) pour 100 000 habitants, ce qui représente un nombre assez élevé par rapport aux autres pays européens. Plus d'un tiers sont des femmes. Plus de la moitié ont plus de 50 ans. La moitié des chirurgiens dentistes exercent leur activité dans des agglomérations de plus de 200 000 habitants. La répartition des chirurgiens dentistes entre ville et campagne est donc inégale. Cependant, 99 % des patients se trouvent à moins de 10 km d’un cabinet de chirurgiens dentistes. La corporation des dentistes a donc “bien fait les choses”, en France comme à Paris.
A Paris, chaque habitant se trouve à moins d'1 km d'un cabinet dentaire. Et plus de 2000 cabinets de chirurgiens dentistes sont répartis dans la ville. En revanche, le problème n'est pas de trouver un dentiste à Paris: il est de trouver un dentiste qui puisse donner un rendez-vous dans l'urgence. Mais ceci est un autre débat.
Source: Alain REVAH Chirurgien dentiste à Paris.