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L’histoire de ‘Les copains d’abord’

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Hymne à l’amitié comme onguent universel, comme seule valeur immuable de l’existence, « Les copains d’abord » demeure l’un des plus beaux textes que Georges Brassens aura jamais écrit. Elle est portée par une mélodie allègre et va devenir une favorite de bien des banquets. Il s’agit pourtant d’une œuvre de commande, pour un film tourné par Yves Robert, un artiste qu’il a connu aux Trois Baudets et qui a démarré comme mime et imitateur.

Touche à tout, Yves Robert a monté des pièces de théâtre, joué dans plusieurs films avant d’endosser la casquette de réalisateur. Son premier film, Les hommes ne pensent qu’à ça est apparu en 1954. Par la suite, La guerre des boutons (1961) l’a imposé auprès du grand public.

C’est un roman de Jules Romains, Les copains qui a inspiré le nouveau film de Yves Robert. Le réalisateur a alors fait appel à Brassens pour qu’il accepte d’écrire la chanson du film. Bien lui en a pris car le chanteur pond alors quelques-uns des plus beaux vers qu’il ait jamais écrits :

« Des bateaux j’en ai pris beaucoup

Mais le seul qui ait tenu le coup

Qui n’ait jamais viré de bord,

N’ait viré de bord

Il naviguait en père peinard

Sur la grand mare des canards

Et s’appelait les copains d’abord

Les copains d’abord. »

La première mélodie que crée Brassens est un brin monotone, avec si peu de variations qu’il donne l’impression de parler davantage que de chanter. Quand au rythme, il est d’abord lent et répétitif. Yves Robert trouve à redire à une telle forme, à juste titre. En améliorant cette mouture, Brassens aboutit à la musique enjouée et le swing entraînant de la version finale. Une fois que Pierre Nicolas ajoute sa contrebasse cadencée et que le second guitariste insère une jolie mélodie en contrepoint de certains couplets, la chanson acquiert une sorte d’évidence, comme si elle coulait de source. Qu’importe si la mode est aux yé-yés, « Les copains d’abord » connaît un triomphe sur les ondes. Le 45 tours comme l’album réalisent des ventes tout à fait remarquables.

Daniel Ichbiah, auteur de nombreuses biographies musicales

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