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Etre formateur: pour transmettre son savoir ?

De nombreuses personnes me témoignent leur motivation de devenir formateur par le fait d’avoir acquis une riche expérience professionnelle qui les amène aujourd’hui à vouloir transmettre leur savoir. Autant je me félicite de cette motivation certaine, autant cette idée de transmission de savoir me fait doucettement rire. Cette idée de « transmission de savoir » appelle une image de deux personnes, l’une détenant un savoir qu’elle transmet, l’autre recevant ce savoir tel un héritage ou un dû, tel Vercingétorix déposant les armes aux pieds de César. La définition du verbe transmettre étant de « mettre en possession de quelqu’un d’autre » signifierait donc que l’un se dépossède de son savoir, de manière active et volontaire pour le donner à l’autre voire le lui imposer. Quelle générosité !!!

Au-delà de cette dimension humoristique, « transmettre son savoir » signifierait donc qu’il suffit de donner le savoir à l’autre pour qu’il le détienne, pour qu’il sache. On imagine alors très bien le formateur déversant magistralement ses connaissances à ses apprenants, satisfait d’avoir achevé son exposé comme il l’avait prévu et considérant son savoir désormais approprié par ses apprenants.

D’aucuns s’accorderont à considérer cette conception insensée. En effet, apprendre est un processus dynamique, intégratif et personnel. L’apprentissage exige une projection et un engagement de l’apprenant, piliers de la motivation. Ces deux points ne sont possibles qu’à la condition que l’apprentissage fasse sens. A défaut de cela, une réception passive (dans le meilleur des cas) résumera l’attitude du stagiaire.

L’apprentissage est un processus qui demande à l’apprenant d’intégrer de nouveaux éléments de connaissance aux représentations ou conceptions qu’ils avaient préalablement pour construire un nouveau savoir. Cet élément fait appel à la flexibilité de l’apprenant, à sa capacité à accepter de remettre en cause ses connaissances pour les faire évoluer. Les styles cognitifs différant selon les individus, chacun s’engage dans l’apprentissage d’une manière personnelle. Certains privilégient la manipulation, d’autres la lecture, d’autres les interrections verbales etc… Au-delà de ces aspects interpersonnels, l’apprentissage est aussi un phénomène interpersonnel. Chacun apprend par et grâce aux autres. L’Homme étant un être social, c’est par ses relations aux autres qu’il construit ses connaissances. Le savoir est donc loin de cette matérialité qui pourrait se donner et s’acquérir par simple volonté. L’apprentissage est une construction de l’individu qui met en jeu de nombreux paramètres : le sens des apprentissages, la participation active des stagiaires, la diversité des vecteurs d’apprentissage, les relations inter personnelles…

Etre formateur c’est donc accepter de conjuguer l’ensemble de ces paramètres pour permettre à chacun des stagiaires de construire ses connaissances. Et réussir dans la complexité de cette mission relève de l’expertise voire du grand art.

Derrière la notion de « formation professionnelle de qualité » évoquée par la loi du 5 mars 2014, c’est bien de cette expertise dont il s’agit, de la capacité des formateurs à aider chacun des apprenants à développer ses compétences professionnelles eu égard à son projet. Cette volonté politique définit une exigence : celle de l’expertise des formateurs facilitateurs d’apprentissage.

Se pose alors la question des moyens, en d’autres termes de la formation des formateurs : si l’on souhaite réellement modifier les pratiques, au-delà d’une formation initiale pour devenir formateur d’adultes, il faut concevoir pour les formateurs des temps de formation continue leur permettant d’enrichir et de modifier leur pratique.
Pour en savoir plus sur la formation de formateur, visitez le site d'ECP FORMATIONS

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