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Le carnet de circulation ou comment effectuer une démarche administrative pas ordinaire

Devenir nomade..quelle drôle d'idée alors qu' il y a tant de nomades qui voudraient devenir sédentaires. J'ai voulu aller jusqu'au bout de mes envies….être honnête avec moi-même et surtout envers la femme que je venais d'épouser. Nous avons “soldé” nos vies respectives de sédentaires, fait l'acquisition d'une maison sur roue, d'un fourgon pour la tracter et … en avant ..l'Aventure c'est l'Aventure.

Devenir nomade de faits d'accord mais rester dans la légalité. Quittant mes fonctions de gardien de l'ordre. j'ai joué le jeu à donf. Je me suis rendu à la préfecture de mon lieu de résidence et j'ai fait la demande d'obtention d'un : LIVRET SPÉCIAL DE CIRCULATION. Ce document délivré par la Préfecture est un sauf conduit, un laisser passer, un « Ouf » de soulagement qui permet à un non sédentaire de pratiquer un métier, une profession et de se faire contrôler sans la peur aux tripes.

Prenez garde aux mots :

  • Document: ” bout de papier falsifiable inventé par le mental tatillon, suspicieux d'un fonctionnaire pour qui il n'est pas été nécessaire de produire la preuve justifiant avoir les qualités requises pour fournir de tel document à un quidam qui, généralement ne comprend rien à ce qu'on lui raconte…OLE…
  • Délivré : difficile à obtenir car rudement bien gardé prisonnier au fond d'un tiroir. Le gardien de ce laissé passer est jaloux de son pouvoir…je suis LE chef..c'est moi qui..un ego démesuré…” et puis si je délivre tous les documents qu'est ce que je vais faire ensuite ? “
  • Livret : petit livre ou catalogue descriptif d'une œuvre : qui dit petit livre dit pages imprimées à lire….par qui ? Par le récipiendaire de ce chef d’œuvre qui ne sait pas exploiter les signes kabbalistiques imprimés… ce n'est plus un catalogue descriptif mais la pierre de rosette. Pourvu que le voyageur soit un descendant de CHAMPOLLION
  • Non sédentaire : pas clair, pas catholique, vous n'avez pas de maison ? C'est trop louche et si on veut vous trouver ? et pourquoi vous vous baladez tout le temps ?
  • Spécial.: ..aie…aie…aie : quand c'est spécial, c'est spécial définition « particulier à une espèce, par opposition à général »…. bon, pas clair du tout…
  • Question : pourquoi suis je spécial ?.. ben parce que vous n’êtes pas comme les autres qui sont normaux !

Bon… c'est au pied du mur que l'on reconnaît le maçon !

Je me présente au guichet de la pref… encore habillé avec mon costard trois pièces de lardu ( de policer en argot…). J'ai pas franchement la gueule de l'emploi… .elle pu le civilisé ” bien propre sur lui ” le regard n'est pas celui du gibier mais d'un chasseur.. Les mains bien que puissantes sont soignées..plus habituées à taper à la Remington et dans un sac de frappe qu'à soulever des moteurs de bagnoles…Les sapes ( vêtements en argot. ) sont tout droit sorties de chez “Nouvelles Galeries” et pas des containers de Babou.. Enfin je ne suis pas immergé dans le monde que je viens de choisir ( à moins que ce soit l'inverse, c'est lui qui m'a choppé… ) je fais tâche et je vais avoir du mal à me faire accepter par les Gitans et à me faire oublier par les gadgés.

Mes premiers pas dans ce monde parallèle.

Lorsque je me suis présenté à la Préfecture au guichet des professions non sédentaires, j'étais vêtu d'un costume -cravate, bien dans ma peau, droit dans mes bottes. Le fonctionnaire tout sourire à moustaches me demanda par quel coup du sort je me trouvais dans son service. Étais-je un collègue, un fonctionnaire de Police, un rescapé du labyrinthe d'Asterix ?

La salle d'attente, triste comme un jour sans Lady Gaga, transpirait les angoisses des visites et heures d'attente passées à espérer que le bon document avait été bien rempli « par la gentille gadgie » du Secours Catholique…elle savait lire et écrire et rendait des services… Ses occupants ectoplasmes sans passé ni avenir avaient été condamnés à hanter les couloirs de la préfecture, c'était leur condamnation de damnés de la terre. Ils me regardaient à la dérobade, ne pas affronter le regard d'un fonctionnaire, baisser les yeux race de sous homme … Leurs mains jointes pendantes entre les genoux me laissaient penser à des suppliciés attendant l'appel du bourreau. Un grésillement pareil à une décharge électrique les tirait de leur torpeur de descente au tombeau :

  • Adolphe WINTRESTIN guichet 2 –

Le supplicié se levait doucement, laissant assis par terre deux gamins peinés de voir partir leur père, lui, pas pressé de monter à l'échafaud. Les autres le regardaient partir, courbé sous le poids de ses origines de romano, ils rigolaient en douce, « y va se faire lliave » ( il va se faire prendre )…dans le silence insolent de ce monde de cour des miracles, une rafale de mitraillette coupa ce pauvre bougre en deux : y manque la déclaration D 12, falloir revenir…au suivant..

Un murmure de joie- triste fit frissonner le reste des fantômes. « Ils l'ont eu… ah les salauds »

Le regard enjoué d'un mérou ayant découvert son attachement à Yves COUSTEAU, le préposé me fixa de son œil glauque. Dans sa petite tête de « risque pas d'être un jour chomdu » il se posait la question suivante avec la certitude d'être là au mauvais moment : « vous désirez ? »
Je posais sur la banque du guichet la demande – D.16- dûment remplie me permettant à accéder à la possession d'un LIVRET SPÉCIAL DE CIRCULATION.
« C'est pour vous ? » me bégaya t il, incrédule et regrettant de m'avoir entrouvert sa bouche pour me montrer ses dents jaunes en guise de sourire. « si fait mon seigneur, hic et nunc » je le veux sur le champ et maintenant. Catastrophe, je venais de bousculer et ne tarderai pas de faire voler en éclats plus de 20 ans de pratiques de guichet. Il avait pas vu arriver la bévue, c'est foutu, pourtant, il n'avait pas bu…pas à cette heure ci.

Appelant son chef, ils tinrent conciliabules devant les témoins ébahis qui sentirent bien que quelque chose de grand se passait : Un gadgo demandait un livret de circulation.

Les deux fonctionnaires ne comprenant rien à la situation me remirent mon document sans mot dire mais en me maudissant. Je sentais bien que la porte sur la boîte de Pandore venait de s'ouvrir. Fier de moi, je suis sorti de ce cloaque en brandissant le précieux sésame qui allait me permettre de travailler en toute légalité et de me faire contrôler par mes anciens collègues.

” QUOI MA GUEULE…. QU'EST-CE QU'ELLE A MA GUEULE…”.

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