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Le savon de Marseille en quête d’un label et d’une reconnaissance publique

Les derniers fabricants du véritable savon de Marseille, dont la composition originale n'a jamais été protégée, tentent de mettre en place un label afin d'être aisément reconnus par le grand public et faire face à la concurrence, asiatique notamment.

Pains de savon de Marseille sont entreposés, le 1er octobre 2010 à la Savonnerie du Fer à Cheval de la Compagnie des détergents et du savon de Marseille (CDSM)

“Cela ressemble un peu aux papys qui font de la résistance mais quand je vois marqué savon de Marseille sur une savonnette parfumée et colorée, ça me fait hurler”, confie Laurent Boetto, responsable de fabrication à la savonnerie marseillaise Le Sérail.

Le “vrai” savon de Marseille, selon une recette établie depuis le XVIIe siècle, doit en effet être hypoallergénique (sans conservateur et sans parfum), composé d'huiles 100% végétales (sans graisse animale) et biodégradable (sans colorant).

Le Sérail, la Compagnie des détergents et du savon de Marseille (CDSM) et Marius-Fabre, toutes trois dans les Bouches-du-Rhône, sont les seules sociétés en France à fabriquer encore ce produit à l'ancienne, avec la Savonnerie de l'Atlantique, basée à Nantes.

Encouragés par le succès du bio et la recherche d'authenticité revendiquée par les consommateurs, les savonniers traditionnels ont décidé de taper à toutes les portes afin que leur produit, concurrencé par des “savonnettes” fabriquées en Chine, Turquie ou Malaisie, accède à la reconnaissance publique via un label officiel.

“Sur le modèle de la porcelaine de Limoges ou du couteau de Laguiole, avec un sigle facilement identifiable par le grand public”, même si aucun label, de type AOC (appellation d'origine contrôlée) pour l'agriculture, n'existe pour les produits manufacturés, précise Gilles Latour, PDG de la Savonnerie du Midi, qui s'est lancé lui aussi dans la lutte.

Chez Cosmed, l'association des PME de la filière cosmétique, qui milite depuis trois ans pour la mise en place d'une charte qualité, on se dit quelque peu “désemparé” par ce problème.

“On a tenté d'établir une charte avec la trentaine de savonniers exerçant en France mais on n'a jamais réussi à mettre d'accord ceux qui mettent en avant le procédé de fabrication – les traditionnels – et ceux qui privilégient la qualité – les modernes”, explique à l'AFP le secrétaire général de Cosmed, Robert Faure.

“C'est très dommage pour la production française et les consommateurs, regrette M. Faure. Du coup, c'est le statu quo et aucun cahier des charges garantissant une qualité, une pureté et un lieu de production n'existe”.

En attendant, avec la CDSM et le Sérail, la Savonnerie du Midi vient de déposer un dossier devant les organisateurs de Marseille-Provence, capitale européenne de la culture en 2013 pour mettre en place une “route du savon de Marseille”.

Un projet qui “entre typiquement dans nos orientations compte tenu de sa localisation provençale et de son objectif de mise en avant d'un patrimoine”, explique-t-on au comité organisateur, qui doit dévoiler sa programmation fin 2010.

En tous les cas, le public est en demande : lors des journées du Patrimoine, la CDSM, qui avait ouvert les portes de son usine pour la première fois de son histoire, a accueilli 700 personnes.

Véritable savon de Marseille Marius Fabre

Par Laure BRUMONT © 2010 AFP

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