Une nouvelle tendance venue des État-Unis est en voie de trouver chez nous sa part d'adeptes. Il s'agit du coaching personnel. Le « mentorat », consistant, pour un cadre intermédiaire, à faire appel aux avis éclairés d'un guide d'expérience dans son cheminement professionnel, était l'apanage du monde des affaires. Le recours à un conseiller personnel s'applique désormais aussi à la vie privée.
Au cours de notre existence, il nous arrive de faire le point sur nous-même et sur notre vie pour toutes sortes de raisons. Lorsque, consciemment ou non, l'on sent que quelque chose nous manque, que ce soit du point de vue personnel ou professionnel, la décision de pallier ce manque vient d'elle-même. On cherche à s'améliorer ou à améliorer son sort. Qui d'entre nous n'a pas alors souhaité pouvoir recourir aux conseils d'une personne en qui il, ou elle, pouvait avoir confiance. Quelqu'un qui contribuerait à dissiper nos doutes reliés à notre façon d'être, ou de faire, et à canaliser nos énergies dans cette perspective d'auto-amélioration. C'est cette aide que proposent les coachs personnels.
COACHING : CONSEILLER ET MOTIVER
François Leduc est psychologue et président de la Société québécoise de psychologie du travail et organisationnelle (SQPTO). Il connaît bien le coaching personnel pour avoir écrit et donné des conférences sur le sujet : “Je suis tout à fait en faveur du principe d'aider quelqu'un qui a décidé de s'améliorer. Si cette personne a besoin d'aide ou de support pour accomplir cette amélioration, il est normal qu'elle puisse le trouver auprès de quelqu'un de compétent. Les coachs personnels offrent cette aide.”
La tendance actuelle à vouloir trouver des solutions rapides à tous nos problèmes ne se manifesterait-elle pas ici encore, sous l'apparence de cette nouvelle mode ? N'y a-t-il pas de danger à laisser une personne influencer notre vie privée? Il n'y a pas vraiment de danger, selon François Leduc, si les personnes en quête de coaching savent ce qu'elles recherchent. Elles sentent alors quand demander conseil et jusqu'où le coach doit aller. La démarcation est claire. Le problème peut survenir dans les cas de personnes ne sachant trop de quel type d'aide elles ont besoin et qui se font embarquer par un conseiller inapte. Il y a alors un risque de s'avancer dans des dimensions de fragilité psychologique sans en avoir les compétences. Et à force de se faire conseiller lors de prises de décisions, n'y a-t-il pas un risque de développer une dépendance? Encore selon le spécialiste, la dépendance est un phénomène marginal. En rencontres préliminaires avec le client, un conseiller compétent n'aura pas de mal à déceler chez son client la nécessité d'autre chose qu'un simple coaching.
COMMENT CHOISIR UN COACH
Le coaching personnel consiste donc en une aide et un support pour atteindre un but que l'on s'est fixé. Lorsque c'est à ce type d'aide que l'on a décidé de recourir, il est important de trouver la bonne interdépendance avec son coach pour que celui-ci puisse fournir exactement l'assistance recherchée.
Comme l'athlète ou le comédien qui ont besoin du support de l'entraîneur spécialisé ou du metteur en scène, la personne qui recourt au coaching suivra le plan du conseiller pour arriver à son objectif. «Dans ce domaine, la consultation d'un professionnel en psychologie représente, selon moi, l'option comportant le plus de chances d'obtenir un service de qualité», explique monsieur Leduc. Le diplôme professionnel procure une excellente préparation pour une intervention de cette nature.
Ceci dit, je n'exclue pas la possibilité que certaines personnes n'ayant aucune connaissance en psycho puissent posséder les qualités nécessaires pour être de bons coachs.” En fait, cela dépend du domaine dans lequel on requiert de l'aide. Quelqu'un ayant une expérience sur un sujet bien particulier peut, même sans formation en la matière, la partager avec quelqu'un qui recherche ce type d'aide.
«Les gens doivent dans un premier temps avoir un projet personnel intérieur qu'ils désirent réaliser», affirme François Leduc. Il faut identifier le ou les buts que l'on veut atteindre. En second lieu, on doit se demander quelle est la nature de l'aide dont on a besoin. «On peut trouver la réponse à nos questions en s'inscrivant à des cours, en lisant, en devenant membre d'un club, en rencontrant des gens qui ont le même intérêt, peu importe», explique le spécialiste. Une fois que l'on sait ce que l'on veut et ce qu'il faut pour y arriver, si l'on décide de recourir au coaching personnel, on sait ce qu'il faut demander. «Il est alors important d'exiger une parfaite adéquation avec la personne ressource. Parfois, on sait au bout de cinq minutes que ça n'ira pas. D'autres fois, il faut plusieurs heures de rencontre pour réaliser que le coach n'est pas celui qu'il nous faut».
«N'hésitez pas à rencontrer plusieurs personnes si vous avez des doutes. Il est important de vous assurer d'être à l'aise avec votre conseiller», encourage le psychologue. Il va de soit qu'il faut éviter les conseillers qui tiennent plutôt du gourou de secte que du coach. Si vous vous sentez déstabilisé ou contraint, c'est un signe qu'il faut aller voir ailleurs.
L'ENGAGEMENT
Concrètement, une fois le coach trouvé, on l'engage, au sens contractuel, pour nous accompagner personnellement, dans un échange sur une base personne à personne. «Il devrait y avoir un contrat avec des objectifs établis, les modalités, les coûts et les livrables, explique François Leduc. C'est cette clarté que vous obtiendrez en requérant l'aide d'un professionnel.» On trouve maintenant dans les journaux et sur Internet des annonces de firmes spécialisées qui offrent les services de coachs personnels. Chez certains, les coachs proposés sont généralement de professions diverses. D'autres n'offrent que les services de titulaires de diplôme de second cycle en psychologie. Que faut-il penser de ces annonces? Peut-on obtenir un service de qualité auprès d'entreprises à vocation ouvertement commerciale?
Selon monsieur Leduc, le service dépend de la qualité du coach. Certains recherchent d'abord l'accessibilité et la rapidité du service. Ces compagnies s'adressent à eux. D'autres vont plutôt chercher la personne ressource par du bouche à oreille. Dans ce cas, la satisfaction de celui ou celle qui réfère le coach est un bon indicateur de la compétence de celui-ci.
Comme la tendance est encore nouvelle, le psychologue croit que le marché se chargera de mettre à l'écart les coachs incompétents, peu importe leur mode de recrutement et la compagnie à laquelle ils sont affiliés. Un peu comme lors de la vague de la psychothérapie, dans les années '70. ” Ceux et celles qui ont alors eut recours à des professionnels compétents ont reçu d'excellents services. Les incompétents ont été mis à l'écart par la force des choses “, souligne-t-il.
Cette activité n'étant réglementée par aucun ordre professionnel, les coachs personnels ne sont régis par aucun code déontologique propre. Bien que beaucoup s'entendent sur le fait que ce service relève dans une large proportion de la psychologie, et donc exigerait un minimum de notions en la matière, l'Ordre des psychologues n'a pas de contrôle sur ce service. Il n'a d'ailleurs pas encore cru bon de prendre position sur le sujet.
De toute façon, en cas de doute sur les limites qu'un coach ne devrait pas franchir, rappelons l'article 12 du code déontologique de l'Ordre des psychologues du Québec qui stipule que : ” …Le psychologue doit s'abstenir de s'immiscer dans les affaires personnelles de son client. ” Si cette règle déontologique vaut pour un psychologue, elle devrait être un principe de base dans le cas du coaching.