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Amazonie, scène de jungle.

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Nous avons tout à apprendre de la jungle. Tout à apprendre de cette forêt hostile ou se côtoient les chasseurs et les chassés, tous luttant pour survivre, tous se mettant en peine pour chercher à manger.

Lorsque la nuit arrive dans la forêt primaire, sur les hauteurs, juchés dans les plus hautes branches, les singes capucins terminent bruyamment leurs quête de nourriture. Ils chapardent alentour des feuilles et des fruits, certains arrachant de l’écorce pour trouver des fourmis, d’autres des larves et des termites dont ils sont très friands. Ces bouffons se balancent accrochés par la queue aux branches d’arbres géants, ils bondissent dans les airs hurlant en cœur joyeux et leurs cris se propagent au fin fond de la jungle.

Quelques ruisseaux murmurent dans les rares ombrages de la forêt obscure constituée de tecks, d’épernas géants, de superbes bois de rose et de “ficus étrangleurs” qui se relient entre eux par un inextricable réseau de lianes. L’endroit est irréel, magnifique et serein. Et quand les singes se tiennent debout sur la plus haute branche, quand le soleil les baigne de rayons lumineux et qu’ils paraissent flotter sur les nuées de brume, les singes n’ont pas à relever les yeux pour regarder le ciel… Car il sont dans le ciel.

Puis lorsque la nuit est presque noire, quand les chants des grenouilles emplissent les ténèbres; pour se mettre en sûreté ils arrêtent leurs jeux et ils se pelotonnent, serrés les uns contre les autres au cœur des arbres majestueux pour enfin s’endormir, confiants, persuadés de s’être mis hors d’atteinte du jaguar, du boa, ou de l’harpie féroce qui vont se mettre en chasse.

C’est l’heure que choisi le singe hurleur pour quitter la cavité remplie de feuilles mortes ou il passe ses journées à l’abri de la lumière. Tout d’abord, il s’étire longuement, fait craquer ses muscles froids, puis il baille aux corneilles, découvrant des canines longues et fortes comme des armes de guerre. Ensuite il enroule fermement sa queue autour d’une branche, s’assied sur son derrière, ouvre toute grande sa gueule et pousse un hurlement terrible, comme un cri de défi à la forêt sauvage.

Il est debout sur la forêt… Petit animal nue, habillé par le vol tournoyant des insectes éphémères, il hurle à perdre haleine. Cet appel magnifique résonne sur la jungle et toute la faune entend jusque dans le lointain ce cri prolongé, si émouvant qu’il ressemble à un chant. Dans ces moments de grâce, le singe n’est pas beau… Il est plus que cela. Il flotte sur la forêt comme peut le faire une âme… Et il est merveilleux.

Puis il s’élance… Le singe hurleur est conscient de sa force et il fonce dans la canopée, sans élégance, sans retenue, brisant tout ce qui s’oppose à son passage dans un bruit effrayant … Lourd… Pesant… Si terrible que même le chant des grenouilles ne se fait plus entendre.

Alors, surgissant des ténèbres et dans un grand fracas, l’animal atterrit. C’est un mâle qui doit s’imaginer que je suis un rival et il entre dans une colère folle. Il casse des branchages, les projette en l’air, frappe sur le sol avec ses mains puissantes, se précipite vers moi en me montrant les crocs, puis s’arrête lorsqu’il est à deux pas et recule en grognant.

Cela dure jusqu’au lever du soleil, à l’heure ou les fleurs s’ouvrent à la vie en offrant leurs corolles sucrés aux premiers papillons qui viennent s’y poser.

Pourtant derrière un paysage sombre et remplie de poison, ce monde est merveilleux. Les arbres y poussent sous l’eau, dans l’eau, sur l’eau comme jamais aucun arbre n’a poussé dans aucune forêt. Le “kapokier” que les indiens appellent l’arbre de Dieu parce que sa taille gigantesque frise par le bout de sa cime, la porte de l’Éden. D’ailleurs, les belles orchidées dont les pétales précieuses ressemblant très souvent à d’étranges animaux, s’en servent pour monter jusqu’a la canopée, se nourrir du soleil.

Et l'arbre cathédrale, merveille de la nature digne des plus grands orchestres et des plus beaux tableaux. Colossale instrument martelé par le singe qui frappe sur son tronc comme on frappe un tambour et dont la gamme des sons résonne dans la jungle plus fort que ne saurait le faire, le plus grand des djembés.

Et puis la terre, la mère de toutes choses, splendide mosaïque sur fond de couleur pourpre ou s’étalent des fougères aux formes magnifiques. Bégonias à la couleur variée. Arums comme des calices débordant de rosé. Caladiums au délicat parfum. Philodendrons dont le feuillage glacé montent vers la lumière. Champignons; moisissure éclatante de couleurs merveilleuses, rouge, orange, beige, rosé. Et toutes ces plantes entre elles se battent pour survivre, tous ces arbres et tous ces animaux dans une lutte implacable, bataillent pour grandir, pour une place au soleil, pour pouvoir exister.

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