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Stratégie de reproduction des poissons

La reproduction est l'une des étapes essentielles à la vie de l'ensemble des êtres vivants. Pour pérenniser l'espèce, les poissons n'ont néanmoins pas tous adopté les mêmes comportements et les mêmes stratégies. On peut ainsi distinguer différents grands groupes, encore appelés “guildes de reproducteurs”.

Dans la très grande majorité des cas les poissons sont ovipares. Comme la fécondation des ovules, le développement des œufs et l'émergence des alevins se déroulent dans l'eau, le taux de fécondation, le taux de survie des œufs et des larves dépendent donc essentiellement des conditions du milieux (température, oxygène dissous…) ainsi que de la prédation.

Dans ces conditions, l'éclosion et le développement des futurs alevins peuvent paraitre plus qu'incertain, ce pourquoi les poissons doivent produire de grandes quantités d'œufs. Cette production représentant un investissement énergétique fort, les espèces de poissons ovipares ont adopté des comportements distincts qui peuvent être regroupés dans les guildes reproducteurs suivant : les phytophiles, les litophiles, les phytolitophiles et enfin les gardiens de nid.

Les phytophiles :

Ce terme regroupe l'ensemble des espèces qui pondent préférentiellement sur de la végétation aquatique. Dans nos eaux, les espèces ayant adopté cette stratégie pondent généralement en fin de printemps (période à laquelle les plantes aquatiques se sont développées). Il s'agit avant tout des espèces de poissons des cours d'eau de plaine (cours d'eau moyen ou inférieur) ou de lacs. Ces espèces ne maximisent pas le succès de leur reproduction : les œufs sont déposés à même la végétation sans protection et ne sont pas gardés. Dans ces conditions et afin d'assurer leur descendance, ces espèces ont généralement de forts taux de fécondité (ponte de nombreux œufs) où alors une forte durée de vie et de nombreuses reproductions. Les carpes, les brèmes et de nombreux autres cyprinidés (poissons blancs) ont opté pour cette stratégie.

Les litophiles

Ce terme regroupe les poissons qui enfouissent leurs œufs dans un substrat minéral (gravier, sable). Il s'agit plus généralement des espèces d'eaux vives. Dans ces milieux courants les fonds de graviers ou de sables sont prédominants ; l'énergie hydraulique du cours d'eau ayant évacué l'ensemble des particules fines (limons, vase). Le fait d'enfouir ses œufs dans le sable ou le gravier assure une certaine protection contre les prédateurs jusqu'à l'émergence des alevins. Néanmoins, les œufs ont besoin d'oxygène pour assurer leur développement, ce pourquoi tout colmatage des sables ou graviers par une fine couche de vase peut être néfaste et anéantir tout succès de reproduction. Dans nos eaux, les espèces ayant adopté cette stratégie sont la truite, le saumon, les lamproies (marines, fluviatiles et planer), le chabot et de nombreux cyprinidés d'eaux vives (vandoise, vairon, hotu).

oeuf chabot gardon

Ponte de chabot (Rivière Gardon de Sainte-Croix)

Les phytolitophiles

Ce groupe rassemble l'ensemble des espèces opportunistes, c'est à dire des poissons qui pondent indifféremment sur de substrats minéraux ou végétaux. Dans ce groupe on compte par exemple le chevesne, la perche, le barbeau.

Les gardiens de nids

Les gardiens de nids ne se contentent plus de déposer ou d'enfouir leurs œufs, ils assurent aussi une surveillance et une oxygénation de ces derniers. Parfois, ils se préoccupent même du développement des très jeunes alevins (black bass). Certaines espèces vont jusqu'à construire de véritables nids comme les épinoches et les épinochettes. Dans ce groupe, hormis les espèces déjà citées, on dénombre le poisson chat, le sandre mais aussi la perche soleil.

Les poissons présentent donc des comportement bien distincts quant à leur manière de se reproduire. Le fait de pondre sur différent supports (végétal, minéral) et le fait d'enfouir ou de garder ses œufs ne sont pas simplement liés à la nature des milieux (eaux vives, eaux calmes) et des substrats présents. Ceci est aussi étroitement corrélé avec la biologie même de l'espèce (longévité, âge de maturité, taux de fécondation, diamètre des œufs). La lente évolution des espèces a ainsi fait que les poissons ont adopté différentes stratégies

Dans nos eaux françaises, on peut ainsi classifier les espèces selon les stratégies suivantes :

Les espèces maximisant le succès de leur reproduction en protégeant œufs ou alevins. Ces espèces ont généralement une courte longévité et un nombre de reproductions faible. On distingue dans ce groupe les espèces à fécondité et à durée de vie post-adulte faible (truite commune, saumon, ombre, saumon de fontaine, chabot) des espèces à fécondité et à durée de vie post-adulte plus forte (épinoche, épinochette, poisson chat, bouvière, black-bass, perche soleil)

Les espèces ne maximisant pas le succès de leur reproduction en ne préparant pas leur site de ponte et en ne protégeant et ne s'occupant pas de leurs œufs. Parmi ces poissons, certains ont une durée de vie faible qu'ils compensent par une forte fécondité (cyprinidés, loche franche, lote et grémille). D'autres ont une fécondité faible compensée par une forte longévité et un grand nombre de reproductions (cyprinidés de grande taille, perche commune, silure)

L'ensemble de ces informations est tiré de nombreuses publications scientifiques dont la publication suivante :

Pont D., Allardi J., Belliard J., Boët P., Carrel G., Changeux T., Oberdorff T., Olivier J.-M., Persat H. & Poizat G., Stratégies démographiques des poissons des rivières françaises : premiers résultats. Bull. Fr. Pêche et Pisciculture, 337/338/339, 113-119.

Régulièrement des articles d'ichtyologie sont rédigés sur le site : http://www.sioux-fishing.fr


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