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Mad Men : bilan de la première saison

New York, début des années 60. L’agence publicitaire Sterling Cooper Advertising se taille un nom sur Madison Avenue, à l’aube d’une toute nouvelle société de consommation. Parmi ses hommes, qui se font appeler les Mad Men (mélange de Ad Men, « publicitaires » et de Madison Avenue), Donald Draper est probablement le plus talentueux. Charmeur et brillant, Draper possède tout ce qui semble alors nécessaire au bonheur : une épouse belle et « bien née », une grande maison, une bonne situation professionnelle, une fortune considérable et deux beaux enfants ; mais derrière l’indiscutable réussite sociale, se cache un homme au passé trouble.

Si Mad Men et Les Soprano sont liées, ce n’est pas seulement par le nom de Matthew Weiner : alors que la série de David Chase, traversée par les échos du 11 septembre, pose un regard désenchanté sur la société américaine des années 2000, Mad Men opère un virage à 180 degrés mais s’empare de la même question, si chère à Tony Soprano : qu’est devenu Gary Cooper ? Et qu’avons-nous fait du rêve américain ? Car bien plus que la nostalgie d’un âge d’or révolu, Mad Men s’emploie à illustrer la fissure de cet idéal : si Tony Soprano voit dans les années 60 le temple des vraies valeurs et de l’innocence perdue, Mad Men démonte pierre par pierre cet édifice totalement fantasmé : derrière les costumes et les robes impeccables, derrière les sourires étincelants et les cheveux gominés, c’est le bouleversement de toute une société qui est en marche, et l’utopie ne tient que soigneusement barricadée dans la forteresse de Madison Avenue.

C’est ce qui fait toute la richesse de Mad Men, série exigeante et tellement « léchée » qu’elle en devient difficile d’accès, mais qui par ce même biais parvient à faire entendre avec une force rare tous les craquements d’une société sur le point de basculer. Le générique d’introduction illustre à lui seul tout l’enjeu de la série : cet homme en noir et blanc, chutant entre des gratte-ciels envahis de publicités d’époque, ne symbolise-t-il pas l’effondrement d’un certain modèle de société ? De la défaite de Nixon contre Kennedy au statut de la psychanalyse, de la contraception à l’adultère à la découverte de la Beat Generation, c’est la mutation d’un pays entier qui s’infiltre coûte que coûte dans les bureaux de Sterling Cooper Advertising. Là où Deadwood nous montrait les balbutiements de la construction d’une nation, là où Les Soprano dressaient le constat d’un échec, Mad Men fait le lien entre les deux en se positionnant très précisément sur le point de rupture. Le rêve américain est-il jamais devenu réalité ? Et quelle fonction remplissait-il ?

 

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