A noter que depuis le 23 mars 2014, il n’est plus autorisé d’employer le terme de « pure player » – la commission générale de terminologie et de néologie a décrété que le terme « tout en ligne » serait le terme francisé le plus adapté.
Le positionnement des pure players
Après l’apparition des pionniers du secteur – Rue89, Mediapart ou encore Arrêt sur images – en 2007-2008, de nombreux autres magazines web ont émergé. Comme eux, ils se revendiquent indépendants et investissent petit à petit le terrain local et régional, représentant une belle et forte concurrence à la PQR (Presse Quotidienne régionale) traditionnelle.
Mais si leur nombre croissant reflète le dynamisme de ce secteur, il révèle également toute sa fragilité. Selon une étude menée par Médiametrie / NetRatings, en mars 2011, seuls trois acteurs « tout en ligne » avaient réussi à franchir le million de visiteurs uniques par mois, à savoir Rue 89, Planet.fr et Slate. Mais aucun de ces trois ténors ne faisait pourtant partie des 10 sites les plus consultés en France, une année plus tard, en mai 2012.
D’autres études menées par le CEVIPOF – Centre de recherches politiques de Sciences Po – tendent à montrer que, seules 3 à 6 % des personnes interrogées, s’informent régulièrement sur les pure players. Des personnes issues des catégories sociales supérieures, limitant le cœur de cible à un groupe très restreint, même s’il est assez homogène.
Aujourd’hui, la tendance est à l’ouverture, notamment grâce à des contenus – certes produits par des journalistes – mais constamment revisités par les différentes interventions des internautes. Un procédé unique – spécifique aux pure players – et que l’on ne retrouve pas dans les sites en ligne des médias traditionnels.
Une « rédaction en réseau » qui permet de compenser leur manque de moyens financiers et de moyens humains mais imposant une interaction constante, entre les journalistes et le public contributeur / lecteur. Un internaute lambda, loin des considérations politiques et culturelles, prompt à réagir de manière critique envers les journalistes et médias traditionnels, ce qui permet d’avoir une information volontairement différente.
La concurrence redoutable
Si les pure players ont l’avantage du numérique (faible coût variable, couverture géographique importante, appréhension fine des habitudes des lecteurs, etc.), ils connaissent d’autres problèmes. Même si les sites multi-thématiques rassemblent un large public, leur rémunération est entièrement dépendante – ou presque – de leur environnement publicitaire (marketing indirect et publicité).
Sans lui, ces plateformes peinent à trouver un modèle d’affaire rentable. Et dans ce secteur, les régies – très nombreuses – font la loi : à l’image de Google, qui impose une convention de performance autour du taux de clic. Imposant aux éditeurs de site, la recherche continue d’une optimisation des volumes d’audience, pour assurer la rentabilité de l’article.
A ce stade, les pure players peuvent, soit s’engager de cette compétition féroce d’audience, soit choisir d’autres options, telles que la diversification des sources de revenus ou l’adoption d’un modèle low cost, supposant la participation des internautes. Sans quoi, ils sont condamnés à disparaître.
Comment s’imposer lorsqu’on sait que le pionnier du secteur n’a pas réussi ? Et cela, malgré ses près de 2 millions de visiteurs uniques par mois, ses sources de revenus diverses et son image excellente auprès des internautes. Cinq ans après sa création, il n’a pas réussi à atteindre son seuil de rentabilité : Le Nouvel Observateur l’a racheté à la fin de l’année 2011, pour 7,5 millions d’euros… En décembre 2012, c’est le pure player Owni qui été mis en liquidation, faute de modèle économique acceptable…
Seul Slate semble s’en sortir mieux que les autres, puisque son rédacteur en chef, Johan Hufnagel, annonçait son équilibre financier fin 2012. Traitant de l’actualité, ce magazine emploie une petite équipe permanente et publie la traduction des articles de sa version américaine…