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Quand l’acte créateur devient un exploit remarquable

La création artistique est un formidable terrain d’expression. La multiplicité des pratiques ainsi que la liberté qu’elles offrent, permettent à chacun de trouver un médium à son image pour s’exprimer pleinement. Si, pour certains, créer est synonyme de plaisir, pour d’autres créer est un moment de douleur.Une sensation pénible qui naît de la dimension performative liée à leur pratique (Par performatif j’entends un acte qui relève d’un exploit remarquable).

Prenons l’exemple de Francis Alys.

L’artiste belge, Francys Alys, qui vit et travaille au Mexique, a fait de la ville sa source d’inspiration. Arpentant cette immense espace urbain devenu son laboratoire, il fait de la marche sa pratique artistique singulière. Une des œuvres du créateur Sometimes doing something leads to nothin, sous-titrée Paradoxe of praxis, présentée sous forme de vidéo en 1997, nous interpelle singulièrement.

Elle montre l’artiste, dans les rues de la capitale mexicaine, s’épuisant à pousser pendant 11 heures un énorme bloc de glace minimaliste qui fond peu à peu au soleil. Une action qui pourrait nous paraître absurde et inutile, car même les traces d’eau laissées sur le sol s’effacent puisqu’elles s’évaporent aussitôt. Pourtant, en replaçant la démarche dans son contexte, la ville de Mexico, cet acte de l’artiste, reste cependant révolutionnaire, car il est manifeste qu’il relève d’une dimension performative au sens où il a demandé un exploit pour sa réalisation.

En effet, à l’image de Sisyphe poussant son rocher, le corps de l’homme est soumis à une véritable épreuve corporelle d’une part, par la poussée exercée durant l’action.
D’autre part, par le contact direct de ses mains avec la masse glaciale, qui ne fait qu’augmenter la difficulté de cheminement.

En outre, cette initiative, qui lui impose déjà, de composer avec un espace aux nombreux obstacles physiques, se révèle extrêmement contraignante. Elle l’oblige à adopter une posture rendue de plus en plus pénible par la fonte progressive du bloc de glace accélérée par l’intense rayonnement solaire.

Considérons maintenant une œuvre issue de la performance réalisée par l’artiste Serbe Marina Abramovic, née à Belgrade en 1946. Elle étudie à travers la performance, une pratique artistique, qu’elle utilise comme médium pour explorer les limites qui repoussent les frontières du potentiel physique et mental.

Abramovic réalise, en 2010, au Muséum of Modern Art (MOMA) à New York, The artist is présent, une performance dans laquelle elle s’installe sur une chaise sans accoudoir face à un visiteur. Sept heures trente durant, six jours sur sept, pendant deux mois elle reste assise immobile, sans manger, sans boire et sans faire de pose. C’était une véritable gageure, car selon elle « il lui fallait garder l’esprit dans l’ici et le maintenant »

Elle précise que « l’idée était d’être dans le temps présent, que chaque personne qui s’asseyait en face de moi devienne la chose la plus importante qui soit ».
Pour elle, il s’agissait « de donner un amour absolu et inconditionnel à un inconnu ».
L’artiste au terme de la performance est restée 720 heures assise. Une action véritablement remarquable dans tous les sens du terme. The artiste is present constitue une œuvre symbolique de l’idée de l’exploit. Elle est une mise à l’épreuve tant du corps que de l’esprit de l’artiste dont les résultats chiffrés ne mentent pas.

Non sans une préparation en amont, Abramovic se livre corps et âme dans une lutte contre elle-même et sa nature. Ce qu’elle fait est surhumain voir inhumain. Il existe dans sa démarche une réelle détermination, une vraie résolution. On pourrait voir dans sa pratique, une démarche similaire à celle des sportifs de haut niveau qui, durant leur entraînement se conditionnent, pour réaliser une performance lors d’épreuves ou événements.

La difficulté élevée de cette épreuve, à laquelle l’artiste s’est soumise ; lui concède mérite, respect et admiration auprès du public. La performeuse a affirmé que The artiste is present a été l’action la plus difficile qu’elle avait réalisée.

Vous trouverez ici un troisième exemple fort, de cette dimension performative évoquée précédemment: ” Une réponse au besoin de se dépasser” sur artfordplus.

 

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