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Daft Punk en 2013 : génies ou arnaque marketing ?

« Random Access Memories », le nouvel album des Daft Punk, est pour beaucoup l'album de l'année. L’équipe de TheWebTape se prépare à vous livrer son avis sur le sujet.

13 mai 2013. Une semaine avant sa sortie officielle, le tant attendu nouvel album des Daft Punk se retrouve déjà sur le web. Leak contrôlé ou gros fail de la part de Sony ? Nous n’en saurons finalement rien (et à la rigueur on s’en fout, puisque l’effet escompté reste le même). L’album se répand sur la toile comme une épidémie de choléra. Tout le monde veut entendre le nouvel album des Daft. Et surtout, tout le monde n’a qu’une seule hâte : donner son avis, parce que c’est tout simplement hype. Les internautes, qui jusqu’à maintenant, devaient se contenter d’un teasing au compte-goutte avec un seul titre « Get Lucky », déjà bien controversé, se retrouvent avec plus d’une dizaine de titres à écouter d’un coup, alors que tout cela n’était pas prévu (bien évidemment) puisque l’opus était prévu pour la semaine suivante.

Mais parlons maintenant de l’internaute 2.0, oui, celui là même qui like à tout va sur Facebook, qui trolle sur Twitter, et qui poste des photos de sa bouffe sur Instagram, bref, le hipster de base. Oui, tu l’as (tu t’es ?) reconnu ?! Celui-là même n’a alors qu’une seule mission : donner son avis sur l’album car il n’y a que deux rangs à rejoindre : celui des pros-Daft Punk, et celui des antis. Car oui, l’internaute 2.0 ne fait pas dans la demi-mesure, il tranche et le fait rapidement ! Et cela ne le gêne donc pas d’écouter que 30 secondes de chaque titre pour donner son avis sur l’album. Car finalement, il n’a qu’un seul but : faire entendre sa voix et son avis sur les réseaux, puisqu’il est persuadé que son avis compte beaucoup, et souvent bien plus que celui des autres. Tout naturellement, il rejoint donc le rang des antis-Daft Punk, car comme on le sait, la mode c’est d’aller à contre-courant. Quand le monde entier attend l’album du duo français le plus mythique de la sphère electro, le summum de la hype 2.0 reste donc de critiquer, voire de cracher sur les Daft. Et naturellement, c’est donc ce qui s’est fait. Les critiques n’ont pas tardé à pleuvoir sur Twitter : jugeant l’album beaucoup trop mou, beaucoup trop funk, beaucoup trop endormant et pas assez « electro ».

Mais comme dirait une certaine philosophe française dont on taira le nom, « non mais allo les gars, sans déconner ? ». On parle ici des Daft Punk, bordel. « Homework » et « Discovery », c’est eux. « Alive 2007″, sûrement considéré comme l’un des lives les plus fous de l’histoire de la scène electro internationale, c’est aussi eux. On ne parle donc pas du premier DJ de camping venu remuer deux trois bouton sur un MacBook Pro. La musique est affaire de goûts et de couleurs, ce n’est pas nouveau, mais qui sommes-nous pour critiquer des artistes considérés tels de véritables virtuoses de la musique électronique et pop sur les réseaux sociaux, seulement après une petite heure d’écoute d’album ? Sûrement personne. Et quand on aime la musique, il y a un minimum de respect à avoir à ce sujet.

Remettons déjà les choses à leurs places pour ceux qui trouvent cet album beaucoup trop calme, les Daft Punk, ça n’a jamais été clairement un seul genre de musique, et encore moins de l’electro bourrine et énergique. Qu’on le veuille ou non, les Daft Punk, c’est l’art de se renouveler d’un album à l’autre et de ne jamais sortir un opus similaire au précédent. Les Daft Punk, c’est l’art de se jouer des samples les plus connus (et oui, personne n’invente non plus la poudre) pour créer des titres mythiques.

Notre avis est le suivant : « Random Access Memories » n’est peut être pas le meilleur album de nos deux robots, mais c’est tout de même une tuerie monumentale. C’est une tuerie car aucune chanson de l’album ne ressemble à une autre. On a d’un côté un Pharrell Williams qui fait ce qu’il sait faire de mieux, chanter (car oui, on va pas se mentir, il chante mieux qu’il ne rappe) sur les deux futurs hits des ondes radios « Get Lucky » et « Lose Yourself to Dance ». On a également un Julian Casablancas au top sur le titre « Instant Crush », mais également des musiciens de génies comme Nile Rodgers. RAM, c’est aussi « Contact », une collaboration avec DJ Falcon qui pulse grave, et qui contraste tellement avec les autres tracks de l’album qu’elle laisse présager une suite à l’opus. RAM, c’est aussi un « Giorgio by Moroder », une piste sur laquelle les Daft et Giorgio se sont offerts une véritable liberté d’expression pour produire un chef d’oeuvre d’ingéniosité musicale. Mais RAM, c’est avant tout le premier vrai album organique des Daft Punk, qui ont laissé de côté tout le côté robot et virtuel pour cette galette là, qu’ils présentent comme l’album « qu’ils ont toujours voulu créer ». Mention spéciale au passage pour celles et ceux qui disent que l’album ne ressemble pas à du vrai Daft Punk…

Mais d’ailleurs, c’est quoi « du vrai Daft Punk » ? Le vrai Daft Punk, c’est tout simplement cette capacité à fasciner son auditoire, aussi bien sur le plan visuel que musical. C’est aussi cette faculté de se renouveler sans cesser d’un album à l’autre, sans jamais produire le même son que le précédent. C’est enfin cette volonté de mettre plusieurs années (huit pour le cas présent) pour travailler un disque, le paufiner, le rendre meilleur, dans un monde où la patience n’est plus de mise. Le vrai Daft Punk, c’est un peu tout ça.

Les Daft Punk ont donc mis 8 ans pour produire ce nouvel opus ; les règles du respect et de la bienséance veulent donc que l’auditeur prenne un minimum de temps pour le décortiquer et l’analyser, pour découvrir son univers musical avant de porter un jugement de valeur. Fin du coup de gueule, get lucky guys.

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