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Racheter une entreprise en difficulté…

Acquérir une entreprise en dépôt de bilan peut sembler un pari fou, mais plus de 1500 repreneurs tentent le coup chaque année. Ces reprises à la barre du Tribunal permettent de reprendre une activité à moindre prix et sans rembourser les dettes de l'entreprise. Derrière cette apparente “bonne affaire” se cache une opération complexe qui nécessite une analyse complète dans un calendrier très court.

Vivier d'opportunités

Chaque année, près de 60.000 entreprises se mettent sous la protection du Tribunal de Commerce. Même si potentiellement toutes ces entreprises sont susceptibles d'être reprises à la barre, il convient de s'intéresser en priorité à celles qui sont en redressement judiciaire (33% de ce total), dans la mesure où l'activité et le savoir-faire sont maintenus . En effet, quoi de plus important pour une société que de conserver sa clientèle en continuant à la servir et en générant du chiffre d'affaires. Certes l'entreprise a généré des dettes qu'elle ne peut plus faire face, mais un des avantages d'une reprise à la barre est justement de ne pas les reprendre.

Malgré cette indéniable avantage pour le repreneur, nombre de dirigeants sont effrayés rien qu'à l'idée de côtoyer – sans même de parler de rachat – une entreprise en dépôt de bilan. Pour autant, une reprise à la barre peut s'avérer extrêmement profitable à terme, à l'instar de certaines opérations qui ont fait la fortune de certains chefs d'entreprises.

Comment dénicher la “perle rare” ?

Avant tout, il convient de se tenir au courant des ouvertures de redressement judiciaire notamment dans son secteur d'activité et sur la zone géographique recherchée. Pour ce faire, les sites internet Societe.com ou Infogreffe.fr s'avèrent très utiles pour obtenir ces informations et opérer ces filtres de recherche.
Par ailleurs, l'administrateur judiciaire qui gère le dossier est tenu de procéder à une publicité dès qu'il envisage de céder toute entreprise en redressement judiciaire. Les principaux supports de publicité sont les sites internet de la profession, www.aspaj.fr et ventes-actifs.cnajmj.fr, ainsi que dans l'édition de chaque vendredi du journal Les Echos.

Après avoir signé un engagement de confidentialité, l'administrateur judiciaire envoie au repreneur les premiers éléments pour analyser le dossier : comptes annuels, effectif, bail, contrats…

Connaître l'origine des difficultés et bien analyser la cible

Bien diagnostiquer l'origine des difficultés est indispensable pour éviter de retomber dans les erreurs du passé et pour identifier clairement les leviers du redressement futur.
Ensuite, le repreneur avec l'aide de son conseil devra analyser l'entreprise à reprendre sous tous les angles (stratégique, marketing, commercial, social et financier) dans un timing généralement extrêmement court (environ 1 mois). C'est pourquoi il est préconisé de constituer une “équipe-projet” dédiée à cette opération pour à la fois travailler en amont sur la proposition mais également être pleinement opérationnel dès le jour J de la reprise. De plus, l'accompagnement par un spécialiste des reprises à la barre permet au repreneur de mettre en place des stratégies pour limiter les risques et pour optimiser fiscalement et financièrement cette opération.

Rédiger l'offre de reprise et défendre son projet au Tribunal

Les rachats d'entreprises à la barre du Tribunal sont soumis à une procédure stricte avec notamment une date limite pour remettre l'offre de reprise, des éléments obligatoires à mentionner dans la proposition adressée au Tribunal, la possibilité d'améliorer son offre 2 jours ouvrés avant l'audience…
Le sérieux du projet de reprise se juge en grande partie dans ce document et une attention particulière doit porter dans la rédaction de cette offre de reprise. En effet, il n'est pas rare que plusieurs repreneurs soient en lice et c'est sur la base de ce document que les organes de la procédure – juge-commissaire, administrateur judiciaire, mandataire judiciaire, procureur – émettent un premier avis.

Ensuite, le repreneur sera invité à présenter oralement son projet devant le Tribunal. Il est fortement conseillé de bien préparer cette prestation puisque ce n'est qu'à l'issu de cette audience que le Tribunal délibère et choisit le repreneur.

Anticiper la reprise pour être prêt à redresser l'entreprise dès le jour J

En général, le Tribunal rend public son jugement dans les 2 semaines qui suivent l'audience. L'entrée en jouissance est traditionnellement fixée le jour même du prononcé du jugement. En conséquence, le repreneur a tout intérêt à anticiper cette prise de fonction et permettre de redémarrer l'activité au plus vite : validation des commandes fournisseurs, nouveau compte bancaire à communiquer aux clients, couverture en terme d'assurance, éventuel déménagement, reprise de la paie/comptabilité…

De plus, la communication des premiers jours est très importante et doit s'attacher à rassurer l'ensemble des parties prenantes, en particulier les clients, les fournisseurs et les salariés.
Enfin, s'agissant d'une entreprise convalescente, il est indispensable de prendre de suite les mesures adéquate en vu d'un retour rapide au nouveau point mort de l'activité. Pour cela, la présence sur place du repreneur ou de son équipe-projet permet d'éviter toute dérive et montrer l'attachement à la réussite de la reprise.

Noam-Jaïs Revah

BSFC (Black Swann Follow Capital )

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