dmoz François Mitterrand : la gauche au pouvoir - Dmoz.fr | Actualité insolite
Aller au contenu

François Mitterrand : la gauche au pouvoir

  • par

Lorsque le président en exercice Giscard d’Estaing se représente à l’élection présidentielle à la fin 1980, il n’a plus l’allure de jeune homme qu’il arborait sept ans plus tôt. Sa réputation a été entachée par une franche montée du chômage (plus de 1 500 000 travailleurs).

Au second tour, Giscard d’Estaing se retrouve face à son adversaire de 1974, François Mitterrand, mais cette fois, le camp de droite est divisé. Comme Giscard le révèlera dans ses mémoires, son ancien Premier ministre, Jacques Chirac, candidat malheureux au premier tour de 1981, ne lui apporte qu’un soutien du bout des lèvres et pis encore, invite de nombreux membres de son mouvement, le RPR, à ne pas voter pour Giscard d’Estaing.

À gauche, le publicitaire Jacques Séguéla a conçu une affiche qui fait mouche avec une photographie de François Mitterrand sur ses terres de la Nièvre, devant un clocher de village avec en fond un coucher de soleil. Séguéla a inventé un slogan judicieux : ‘La force tranquille‘, contribuant à imposer l’image de Mitterrand en présidentiable.

Lors du débat qui oppose Valéry Giscard d’Estaing face à François Mitterrand le 5 mai 1981, le second l’emporte aisément. À un moment, Giscard tente de mettre Mitterrand sur la défensive en l’interrogeant sur le cours du mark. Mitterrand s’en offusque : « Je n'aime pas beaucoup ces manières, je ne suis pas votre élève et vous n'êtes pas le président de la République ici, vous êtes simplement mon contradicteur ». Puis, Mitterrand lui indique le cours du mark, montrant qu’il est à la hauteur de la fonction.

Le dimanche suivant, la France bascule à gauche. François Mitterrand, après avoir été vaincu à deux reprises lors de précédentes élections, est élu avec 51,8 % des voix le 10 mai 1981. C’est la première fois que la gauche est appelée au gouvernement de la Ve République et l’accession de Mitterrand à la fonction suprême porte de nombreux espoirs : de nombreuses manifestations de liesse populaire ont lieu en France.

Dès sa prise de fonction, François Mitterrand est à l’origine de nombreuses réformes sociétales. La peine de mort est abolie, la semaine de travail passe à 39 heures, la retraite est abaissée à l’âge de 60 ans, la plupart des banques privées sont nationalisées…

Pourtant, au sortir de train de réformes menées tambour battant, les difficultés économiques obligent François Mitterrand à une remise en question profonde. En mars 1983, la gauche subit un net recul lors élections municipales, attestant du désaveu d’une grande partie de la population. Dès lors, Mitterrand décide de se convertir à la modernité économique que prône Jacques Delors, ministre de l’Économie et des Finances et de pratiquer une politique plus mesurée, tenant compte des réalités du marché. Le Premier ministre Pierre Mauroy ayant déclaré qu’il ne se voyait pas ‘l’homme d’une telle politique’, Mitterrand va choisir dès l’année suivante, un autre Premier Ministre pour mener à bien sa politique recentrée, Laurent Fabius.

Toutefois, à la suite des élections législatives du 16 mars 1986, le Parti Socialiste et ses alliés se voient désavoués. Déçus par les promesses de la gauche (le nombre de chômeurs dépasse désormais largement la barre des 2 millions), les électeurs ont envoyé à l’Assemblée Nationale une majorité de droite. Une grande première se produit dans l’Histoire de la Ve République avec l’instauration un gouvernement de ‘cohabitation’.

François Mitterrand désigne Jacques Chirac, le chef de son opposition, comme Premier ministre. Une étrange cohabitation va alors démarrer, Mitterrand allant jusqu’à désavouer Chirac à propos de la réforme scolaire que ce dernier veut imposer.

En 1988, Jacques Chirac se présente à la présidentielle contre François Mitterrand, en course pour un second mandat. Usé par deux années de cohabitation avec un président qui lui est hostile, Chirac ne fait pas le poids lors du débat qui l’oppose à Mitterrand. Un échange va demeurer célèbre :

– Permettez-moi juste de vous dire que ce soir je ne suis pas le Premier ministre et vous n'êtes pas le président de la République, nous sommes deux candidats, à égalité, qui se soumettent au jugement des Français, le seul qui compte. Vous me permettrez donc de vous appeler monsieur Mitterrand ! lâche Chirac.

Rusé, Mitterrand rétorque :

– Mais vous avez tout à fait raison, monsieur le Premier ministre !

Le 8 mai, Mitterrand est réélu dans un fauteuil avec 54,02 % des voix. Pourtant, dès 1993, le peuple de France va renvoyer à l’Assemblée nationale des députés majoritairement de droite. Une seconde cohabitation, plus paisible, démarre alors avec un Premier ministre tranquille, Édouard Balladur.

Le 31 décembre 1994, François Mitterrand adresse pour une dernière fois ses vœux à la nation française en tant que Président de la République. Malade, il sait qu’il ne survivra pas longtemps et apparaît fatigué.

Vers la fin de son discours, il déclare :

« Mes chers compatriotes, c’est la dernière fois que je m’adresse à vous en ma qualité de Président de la République. »

(…)

« L'an prochain, ce sera mon successeur qui vous exprimera ses vœux. Là où je serai, je l'écouterai le cœur plein de reconnaissance pour le peuple français qui m'aura si longtemps confié son destin et plein d'espoir en vous. »

Puis il lâche cette phrase qui va demeurer mythique :

« Je crois aux forces de l'esprit et je ne vous quitterai pas. »

François Mitterrand va demeurer au pouvoir jusqu’en mai 1995, date à laquelle Jacques Chirac est élu président de la République avec 52,6 % des suffrages exprimés face au socialiste Lionel Jospin. Mitterrand s’éteint au début de l’année suivante, le 8 janvier 1996, à l’âge de 79 ans.

Daniel Ichbiah, extrait du livre 470 grammes de culture générale

 

-