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Publication de “Nous irons à Compostelle”

“Nous irons à Compostelle”, attendu par les amis du docteurto est enfin publié. Cette fiction historique “posée à la limite du moyen-âge et de la première renaissance suit le parcours cahoteux d'un adolescent juif obligé d'abjurer sa religion sous la contrainte de l'inquisition. Sa situation de maranne le conduira vers une recherche permanente d'honorabilité qui le retrouvera “philiatre” puis médecin-barbier à Montpellier et enfin catholique marchant avec son “aimée' sur le chemin de Compostelle.
Les contraintes et les humiliations de la vie sont souvent le carburant de la réussite au 16° siècle… mais aussi au 21° siècle. Ce qui nous abaisse nous rend plus forts.
Ce roman est proposé sur Amazon, vous pourrez le trouver en tapant Nous irons à Compostelle dans la barre de recherche d'Amazon et vous pourrez le feuilleter, en lire un extrait et voir la 4° de couverture si vous le souhaitez.
Merci d'avance de réserver un bon accueil à David, Catherine de la Cueva, Ahmed et Livia. Ils sont loin de nous mais avec une courte réflexion et les yeux mi-clos, nous les croiserons au coin de notre rue.
Un court extrait de cette épopée historique où on croise le fer et où on brûle ceux qui ne prient pas comme vous vous conduira de Tolède à Anfa (ancienne Casablanca) et puis à Florence en Toscane et enfin à Montpellier où le jeune apprenti barbier-médecin anatomise les pendus!
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Précipité dans le courant, il descendait à vive allure le petit torrent auquel il avait été confié.

Il était ici ralenti par des branchages qui obstruaient en partie le cours d’eau puis repartait au risque de se rompre à une vitesse de météore. Enfin, il entamait un large virage là où la furie des flots semblait définitivement calmée et sans reprendre son souffle, frémissant de peur, il amorçait une descente vertigineuse avant de recevoir les eaux d’une ruelle plus importante. Il avait réussi, il était toujours à flots !

Le « capitaine-directeur » du ruisseau avait décidé que la flaque stagnante qui s’étalait devant la porte de sa maison serait le port d’attache de sa future escadre, de là son embarcation, unique représentante de la flotte et dont il venait de faire les premiers essais pourrait prendre son essor pour explorer les nouvelles terres que promettait le vaste monde.

Lui il était la Santa Maria(1), le bateau d’un enfant, un jouet soumis aux caprices du caniveau de sa rue avec aujourd’hui une eau abondante et propre qui avait cette nuit balayé les immondices jetés par les habitants.

Déjà une heure et cette pluie fine n’arrosait plus le piton désertique sur lequel était posé Tolède, nous étions en hiver, un de ces hivers doux et humide faisant la joie des paysans… il annonçait des semailles prometteuses au printemps.

David, lui, était le commandant suprême du bateau. L’enfant n’était heureux que lorsque ses parents l’expédiaient hors de la maison dans son quartier dont il connaissait chaque pierre et qu’il considérait comme son territoire.

Pendant les trois mois d’hiver, il avait assemblé avec de la poix et de fines cordelettes de chanvre les divers éléments de bois sec et il les avait taillé avec son couteau. Ainsi, insensiblement, était né son bateau ; la Santa Maria.

— Salut, cousin ! Comment vas-tu, mon copain ? —

Comme à son habitude, le nouvel arrivant tapait avec son pied dans une pomme verte lui servant de balle. La pauvre captive le suivait, se cachait ou disparaissait subitement au bas de la rue à la suite d’un violent coup de galoche administré par son maître. Rigolard, il s’approcha de David et le salua en se frappant affectueusement la poitrine.

— Tu viendras avec moi pêcher dans le Tage ? J’ai construit deux lignes et si Dieu le veux mon cousin, on pourra remonter une bonne friture avant ce soir. —

Ahmed était un bon camarade de David, un copain de la rue qu’il connaissait depuis toujours, il habitait avec sa mère une petite maison du quartier musulman, Ahmed ne savait que rire danser et faire des bêtises, il était attachant et tout le monde le connaissait dans les hauts quartiers de Tolède, tout le monde le connaissait… mais il était musulman !

Malgré l’envie très forte de tester le nouveau matériel du pécheur débutant, David dut décliner l’invitation de son jeune ami.

— Je ne pourrais pas venir avec toi sur les bords du Tage mon coquin ! Mon père tu le sais ne rigole pas dans le boulot, il m’a fait promettre de l’aider cet après-midi à l’usine. —

Un jour, alors qu’il pilotait son petit bateau de bois sec, David sortit des limites de son quartier, un peu plus bas derrière une belle place plantée de trois arbres taillés, il aperçut une fille de son âge, elle pleurait doucement assise sur une marche de pierre en tenant son genou. Elle lui expliqua être tombée cruellement un peu plus bas, sur la « calade » du chemin. David s’agenouilla, regarda la plaie qu’il s’empressa d’essuyer avec son mouchoir et consola du mieux qu’il pût la blessée.

— Comment t’appelles-tu ? Ne pleure pas, ce n’est pas grave, je t’assure et puis tes larmes me rendent triste, crois-tu que tu pourras marcher ? —

Elle appuya son bras sur l’épaule de son bienfaiteur, se leva et esquissa un pâle sourire.

David était bouleversé par la beauté de ce visage et touché par le regard triste de cette fille… elle n’était pas de son quartier.

— Je m’appelle Catherine de la Cueva (2), j’habite un peu plus bas, je suis tombée en courant et je vais être grondée car maman m’interdit de courir dans la rue, elle dit qu’une jeune fille comme moi doit marcher avec distinction mais surtout ne jamais courir ! —

— Tu ne dois pas courir ? C’est curieux, mais tu as quel âge ? —

— Si, bien sûr je peux courir ! Je peux courir chez moi dans le jardin mais pas dehors, pas dans la rue. J’ai quatorze ans et toi ? —

— Quatorze ans et demi bientôt quinze mais moi, mademoiselle, j’ai le droit de courir partout. Tu n’auras qu’à dire chez toi que ton pied a accroché une pierre et voila pourquoi tu as chuté, je vais t’accompagner, continue à t’appuyer sur mon épaule, je m’appelle David, David Levi, pour vous servir mademoiselle ! —

— C’est là David, j’habite la grande maison en pierre que tu vois là-bas, je vais beaucoup mieux, crois-moi, il est préférable que tu me laisse marcher seule, si ma bonne nous découvre ensemble, elle répètera tout à ma mère et je serais punie —

— C’est sévère chez toi…tu voudras qu’on se revoit, nous deux ? Moi j’aimerais beaucoup ! —

— Demain, je serais à la messe à l’église Santo Tomé (3) à dix heures, cache toi derrière un pilier, on pourra certainement se parler, je dois aller à la messe deux fois par semaine et toi ?–

— Moi, euh comment te dire, la messe je n’y vais pas ou plutôt si, j’y vais mais pas dans cette église. A demain dix heures à Santo Tomé, au revoir Catherine.–

David se retourna à regret et s’éloigna comme s’il marchait sur un nuage, il était ébloui par le souvenir de ce visage et de ces yeux tristes. Au bout de quelques instants il revint cependant à ses projets maritimes, et replaça son petit bateau dans le flot. Le capitaine suivit d’un œil rêveur le parcours cahoteux de son jouet dans le mitan des vieilles rues de ce quartier inconnu et se surprit bientôt dans un autre monde.

Un bruit insistant courait dans la ville, un Génois un peu fou aurait armé trois navires de haute mer pour courir à la découverte des Indes et la très catholique Isabelle, reine de Castille aurait donné son accord et forces doublons pour monter l’expédition.

Ce jeune marin de belle tournure s’appelait Christofo Colombo(5), du geste et du regard, il aurait impressionné Isabelle(4). La reine, on le sait avait un fort caractère et il lui fut bien facile de convaincre son royal époux d’épauler le projet.

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