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L’atelier Vidéo Mobile : outil de médiation et de créativité

Pour la plupart d’entre nous, l’utilisation vidéo du téléphone mobile se fait le plus souvent de façon spontanée, essentiellement dans le but de partager des scènes du quotidien, sans recherche particulière au niveau du sens ou de l’esthétique. Et pourtant, les mêmes caractéristiques de spontanéité et de proximité qui définissent nos productions personnelles, semblent avoir favorisé le développement d’un genre audiovisuel à part entière, comportant ses propres codes esthétiques, utilisant ses réseaux de distribution et donnant lieu à ses concours et à ses festivals. L’un des plus importants a été le Festival Pocket Films qui a eu lieu durant six ans au forum des images à Paris. En termes de support à la créativité, le téléphone mobile a donc amplement fait ses preuves ; par extension, nous pensons qu’il peut aussi être un excellent outil de médiation.

Dans le contexte où nous vivons, le téléphone mobile est devenu pour tous un objet extrêmement familier, toujours à porté de main, pouvant être utilisé à tout moment et en toute autonomie. Son usage s’est très largement répandu avec l’arrivée des écrans larges et les nombreuses applications dont il s’est doté. Il peut aussi bien servir d’agenda, d’annuaire que de gps, permet d’écouter de la musique ou de regarder des films et peut contenir d’innombrables jeux, toujours plus performants.

Depuis plusieurs années, les différents modèles se sont vus équipés d’une caméra permettant dorénavant d’obtenir une excellente qualité d’images ; sont apparus alors les pockets films ou vidéos mobiles.

Parallèlement, le débit des réseaux de télécommunication ayant considérablement augmenté, il est devenu aisé d’effectuer des transferts de données volumineux et, par conséquent, d’échanger ses vidéos sur le net. Leur principal réseau de diffusion est la toile mais on les retrouve aussi dans tous les médias y compris au journal télévisé. Certaines d’entre elles ont, malheureusement, défrayé la chronique en diffusant des scènes d’agression physique ou d’humiliation baptisées « happy slapping » ou « videolynchage ».

L’usage du téléphone portable a, par conséquent, dû être réglementé ou tout du moins régulé. C’est le cas dans les établissements scolaires et d’une façon plus générale dans les lieux publics. De ce fait, le portable est vécu, pour beaucoup, comme un objet de contraintes capable de devenir objet de sanction. Or, l’utilisation de ces objets très personnels qui recèlent parfois les informations les plus intimes de leur détenteur, peut s’avérer source de créativité et substituer à la contrainte, une forme de poésie. C’est ce que nous proposons au travers des Ateliers Vidéo Mobile : un apprentissage basé sur des pratiques innovantes, dans un cadre ludique et plaçant l’individu au cœur du projet.

Ces ateliers nous semblent particulièrement bien adaptés au secteur de la formation et de l’insertion professionnelles ainsi qu’à celui de l’entreprise. Ils se déroulent sur un nombre de séances définis à l’avance en fonction d’objectifs déterminés en commun. Les séances sont animées par deux personnes, l’une appartenant à la structure et ayant une connaissance avérée du sujet abordé : le choix d’un métier par exemple, et l’autre, intervenant externe, amenant son expérience de la création vidéo à l’aide du téléphone mobile.

Les objectifs de cet atelier peuvent être classés en deux grandes catégories : explicites et implicites.

Parmi les objectifs explicites, nous trouvons :

  • Réaliser un ou plusieurs films exprimant la singularité de chacun aussi bien dans le contenu, la forme, la façon de s’exprimer, la narration ou les choix esthétiques. Ces films sont tournés en plan séquence et leur durée est comprise entre 1 et 2 minutes.
  • Favoriser la cohésion du groupe. S’exprimer devant les autres, trouver sa place, écouter, proposer et agir au sein du groupe.

Parmi les objectifs implicites, nous trouvons :

  • Augmenter l’estime de soi par le gain de confiance associé à la prise de conscience des ressources personnelles de créativité que les participants se découvrent à même de déployer et au travail sur soi que cela nécessite. Nous pouvons citer le cas de cette participante qui pensait ne pas avoir de sujet de film et qui est venue nous voir avec des mots écrits sur une feuille de papier. En réalité, elle tenait là son film !
  • Eprouver la reconnaissance liée à la possibilité de parler de soi autrement, en s’autorisant à se livrer dans des limites que l’on sait maîtrisables, dans un cadre défini, avec des images choisies. Comment, par exemple, pour cette jeune femme, parler d’une maladie qui fût un tournant dans sa vie et qui l’obligea à changer d’orientation professionnelle ?
  • Mener de façon ludique un travail de réflexion et de mise à distance. En effet, rechercher une façon de parler de soi différemment, au travers de simples mots, d’images, d’objets, oblige à prendre de la distance et à se regarder autrement.

L’organisation de l’atelier se partage en deux parties : visionnage et création, chacune d’entre elles permettant de réfléchir sur le sens des images, d’apprendre à distancier son propos, à créer du sens, à proposer du sensible plutôt que de faire de la description.

Pour aboutir dans cet exercice très délicat de la création, nous proposons une méthode basée sur la pratique. Elle consiste à :

  • Projeter, visionner et commenter des films sélectionnés au préalable afin de permettre aux participants de visualiser concrètement la diversité et l’étendue des possibilités. Ils constatent qu’il n’est pas nécessaire, pour parler de soi, d’être à l’écran, qu’ils peuvent recourir à des objets, des photos ou tout autre chose. Ils réalisent alors que certaines formes, même très simples, peuvent être touchantes ou dégager une certaine poésie. Petit à petit, il leur paraît de plus en plus évident que la forme réaliste, immédiate n’est pas forcément la plus adaptée, celle qui leur correspond le mieux ou, tout simplement, celle qui fonctionne à l’écran.
  • Créer, réaliser ses films, les tourner puis les projeter sur grand écran pour enfin les commenter. Le fait qu’ils soient projetés sur grand écran en ayant au préalable éteint la lumière, est important et donne une autre dimension au travail effectué. A noter, que d’emblée, nous demandons à ce que les commentaires soient bienveillants car, de fait, chacun s’expose durant la projection de son film. Dès la première séance, ont lieu des exercices très simples de présentation, puis au fur et à mesure commence le travail d’élaboration de son propre film. Dans le même temps, sont introduites les notions cinématographiques telles que, par exemple, le cadre, la lumière, les valeurs de plan, et les notions juridiques relatives au droit à l’image.

Chacun, ici, progresse à son rythme. Se ré-appropriant son téléphone mobile en tant qu’outil de créativité à un moment et selon des critères qui lui appartiennent, il aboutira à un résultat qui lui est personnel. D’où l’importance, en tant qu’encadrant, d’être à l’écoute des participants tout au long du processus. En effet, des idées peuvent jaillir donnant lieu à de nouveaux projets de films et venant ainsi modifier sensiblement le déroulement de séances à l’intérieur d’un cadre qui lui, aura été clairement établi dès le départ.

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