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Le choix du baiser

Le baiser de la psychanalyse

Un psychanalyste:

Il ne peut y avoir de psychanalyse, sans psychanalyste.
Je ne suis pas encore psychanalyste, je suis sur ce divan.
Tout ce que je traverse, c'est avec l'aide de cet homme “analysé”.
Peu de choses, peu de gens analysés parlent de leur psychanalyste, et pourtant:
Si ils parlent de psychanalyse avec enthousiasme, de l'aide que ça leur a apporté, ils oublient que, quelqu'un est là, derrière, assis et que sans lui, pas d'arrivée possible.
Alors j'ai décidé, après ce livre, de continuer de parler de lui, dans cette lettre qui ne cessera de se prolonger, tout au long des mois, des années qu'il me reste à parcourir avec lui.

Avant de vous présenter mon thérapeute, est né, sur ce divan, un roman: intitulé: le choix du baiser

Et maintenant, voici mon:

Mon thérapeute:

La toute première fois, que je suis arrivée chez lui, c'était il me semble un jour de Novembre, il y a bientôt 2 ans.
Apeurée, essayant de faire bonne figure avec une assurance démesurée, je me suis retrouvée face à lui.
Imperceptible, immobile, “botoxé” comme il dit, rien n'est passé: pas un sourire,pas un mot, il m'a écouté.
Ce, pendant plusieurs séances.
Ma peur, mes craintes, ma frayeur étant palpable, je crois que si il avait émis un bruit avec une octave au dessus,je me serais alors évanouie et ne serais plus réapparue.
Il a posé sa pierre, après tout, j'étais chez lui, et m'a laissée le temps nécessaire de me défaire d'un premier gilet d'appréhension.
Il m'a appris à laisser échapper un mot, il m'a appris à m'autoriser à parler, à émettre un son.
Il m'a doucement mais surement fait passer du fauteuil au:

Divan:

C'est sur ce divan, que ma psychanalyse a commencé: il ne m'en a pas parlé tout de suite, a laissé faire le temps.
Au fur et à mesure, j'ai appris avec son aide à aller de l'avant, à mesurer chaque pas, à essayer de me détendre, pour que son inconscient avec le mien ne fasse plus qu'un.
Il n'a rien brusqué, parfois, il essayait de jouer ou de chanter une note au dessus, mais bon, comme chanteur et musicien il est mauvais, et moi: bloquée.
Aujourd'hui c'est sur ce divan, que tout se joue, se rejoue: moi, j'ai ce droit de dire, de crier, de pleurer, de l'insulter, lui se doit: de m'écouter.
Au fond, il ne m'écoute pas tant que ça, me pousse dans mes retranchements, me parle pour que j'essaye de comprendre ce que je n'arrive pas à saisir.

Il a juste su m'apprendre et m'accompagne dans chaque dédale de ma psychanalyse: qu'il fasse sombre, que ce soit orageux, qu'il y ait une tempête, un accident, une éclaircie, il est là.
Quand il éclate comme l'orage, me pousse trop fort, je fonds en larmes: choc thermique ou quand une résistance bien installée doit céder.
Si je suis courageuse, il doit l'être, s'accrocher à moi,m'agripper, pour ne pas que je tombe, pour ne pas qu'il chute.
Si je suis en colère, il reste calme, enfin ou provoque le déluge dans lequel je me précipite, car il connait nos limites.
Si j'ai envie de lui, alors là, chapeau: il résiste et non, pas chapeau, parce qu'aujourd'hui je sais de quoi cette envie est composée: d'affects refoulés.
Si je pleure, le ton de sa voix s'adoucit ou il la suspend, le temps que ma peine passe, essaye de finir la séance sur une note positive, ou, délicatement va réussir enfin à poser un mouchoir tant de fois rejeté , sur une larme.
Parfois, il freine brusquement, n'a sans doute pas vu l'heure, ou le feu rouge devant lui: il arrête d'un coup la séance, sans prévenir, et là, c'est l'accident évité de justesse.

Ce divan, c'est là où se pose tout ce dont j'ai envie, c'est là où parfois je me repose.
Mon psychanalyste ou un psychanalyste est juste “un lien” extraordinaire auquel je me dois de rester attachée, ce, pendant toute la durée de ma traversée qu'elle soit “houleuse” ou merveilleuse, par tous les temps.

C'est juste que l'on parle de psychanalyse, et peu, des psychanalystes: des gens font une thérapie et mettent de coté un élément essentiel: une personne avec qui l'on va partager sa vie, ses peurs, ses doutes, ses envies, et, qui est là, derrière, plusieurs fois par semaine, plusieurs semaines par an, quelques années.

Ce qui me touche et qui me revient toujours à l'esprit quand les vagues se déchainent, c'est votre délicatesse, celle dont vous avez fait preuve pour m'approcher, celle dont vous avez usé pour essayer qu'un jour, je m'ouvre à la vie.

Egalement votre patience, votre silence, vos pas mesurés, votre écoute si particulière, vos mots qui à un moment donné, ricocheront dans l'eau.

Ce sont de tous petits détails qui peuvent paraître insignifiants, mais si vous n'aviez pas eu cette approche, je n'en serais pas là où j'en suis aujourd'hui.

Justement, j'en suis où ?
Fatiguée, éprouvée, incertaine, une boule de doute, j'aimerai vous tourner le dos ou me mettre face à vous, être assez audacieuse pour m'approcher de cette fenêtre et venir observer la pie, de plus près, me rapprocher, non pas de cette baie vitrée, mais de cet homme qui me raconte une histoire de je ne sais quel oiseau avec un plumage plus beau que son ramage, audace retournée d'une envergure à peine déployée.
Je suis épuisée, 2 ans en psychanalyse, mais j'ai cette même rage, cette même hâte d'arriver à chacune de mes séances, parce que c'est là, où je me pose, parce que c'est lui, qui soutient l'insoutenable légèreté de mon être.
Jean-Charles Bettan: avant d'être un psychanalyste, c'est un homme, 2 ans à ses cotés, sur un divan: les pleurs, les sourires, les larmes, les éclats, les résistances qui ne veulent pas céder, les fantasmes qui pointent….le bout de leur nez.
Ce que je vis durant ces séances ou ses séances, c'est quelque chose de non-descriptible: il ne laisse rien au hasard ou quand il s'égard, j'en profite, pioche quelque chose de lui, le mets mal à l'aise, autant que je le suis, parfois, quand, mon heure est passée et que je dois m'en aller.
Je souhaitais par la présente rendre hommage à mon psychanalyste, car c'est avec lui, que je m'accroche.
Je souhaitais par la présente rendre hommage à tous ces “vrais” psychanalystes, dont, le seul travail consiste à ce qu'un jour nous n'ayons plus peur de nous sentir en vie.

Merci à vous tous….

Florence Gaillard

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