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Fallait-il construire le Mucem ?

Le moins que l'on puisse dire, c'est que la construction du Mucem à Marseille a été un projet pharaonique : au total, sa construction aura coûté 190 millions d'euros, huit ans de délai auront été nécessaires entre la désignation du lauréat du concours (l'architecte Rudy Ricciotti) et le démarrage du chantier, 40 000 mètres carrés d'exposition sont désormais proposés aux visiteurs et 300 000 d'entre eux sont espérés par les autorités…
Mais cela en valait-il vraiment la peine ?

Un bâtiment hors normes :

Le bâtiment est un bloc de 52 mètres de côté pour lequel l'orientation du soleil détermine l'aspect des façades : au nord, elles sont en verre, et au sud, les deux faces exposées sont recouvertes d'une résille en béton. Cet édifice est une ziggourat : il s'inspire des tours construites par les Babyloniens, tours à plusieurs niveaux, élevées en gradins et dont le sommet était constitué d'un sanctuaire (exemple : la tour de Babel). Ici, le sanctuaire est une terrasse en bois et pour l'atteindre, vous utilisez une rampe qui part du bas et monte jusqu'en haut du bâtiment en tournant tout autour du cœur de l'édifice. Derrière la rampe, vous trouvez la structure porteuse, les raidisseurs et une voile translucide en maille noire.
Et puis, il y a la fameuse passerelle, avec une première partie qui relie tout d'abord l'église Saint-Laurent au fort Saint-Jean, puis la seconde partie qui relie le fort Saint-Jean au J4 (la partie construite par Rudy Ricciotti). Sa composition est la même que la dentelle en béton : de la poudre ultrafine de ciment, en silice, mélangée à de minuscules fibres métalliques. Celles-ci ne se voient pas, car elles sont enrobées d'une pâte de ciment. Jusqu'à présent, ce béton, qui encaisse trois tonnes au mètre carré contre seulement 700 kilogrammes pour le béton traditionnel, était utilisé uniquement pour la construction du cœur des centrales nucléaires. Pas moins de treize ingénieurs et six ouvriers ont été nécessaires pour concevoir cette passerelle et l'assembler… Ces chiffres impressionnants en cachent d'autres : au total, le bâtiment abrite 6000 mètres carrés de vitre et la plus grande salle d'exposition du musée mesure 23 mètres de large sur 50 mètres de long : ces dimensions exceptionnelles, sans pilier, ont été possibles grâce aux qualités du béton précontraint. Enfin, la nuit, l'éclairage bleu électrique du bâtiment lui donne vraiment l'allure d'un paquebot…

Des collections exceptionnelles :

Le Mucem est aussi le premier transfert intégral d'un musée national en région. Son catalogue hérite des collections du musée des arts et traditions populaires, d'une partie des objets du musée de l'Homme et enfin, de l'acquisition de plus de 20 000 objets nouveaux. Pour résumer, c'est le plus grand ensemble de pièces sur l'histoire du bassin méditerranéen. Il se répartit sur trois sites :

  • Le J4 construit sur le môle portuaire,
  • Le Fort Saint-Jean restauré pour l'occasion,
  • Le centre de conservation des ressources (CRR) conçu par l'architecte Corinne Vezzoni qui abrite les réserves et un lieu d'expositions temporaires.

Le fort Saint-Jean abrite aussi une maquette de cirque de 40 mètres carrés construite dans les années 1920 par un amoureux du cirque. Son assemblage a été assuré par des étudiants du Louvre et permet de montrer que le développement des loisirs a été un enjeu majeur des civilisations méditerranéennes tout au long du XXe siècle.

Une visite qui émerveille :

Le Mucem possède trois entrées. Pour notre part, nous préférons commencer la visite par l'entrée située devant l'église Saint-Laurent depuis l'esplanade de la Tourette. Cela permet d'emprunter immédiatement la première passerelle, celle qui relie Marseille au Fort Saint-Jean, et qui est la plus lourde de sens : le fort fut bâti par Vauban pour affirmer l'autorité de Louis XIV. Depuis, les Marseillais sont convaincus qu'il fut construit contre eux. Il a servi tout à tour de caserne militaire, de prison et de dépôt de munitions qui explosa à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Cette passerelle est devenue le symbole du rattachement du Mucem à la ville de Marseille.
On arrive donc par le fort Saint-Jean qui abrite des salles d'exposition. Mais très vite, on ressent une véritable impatience à découvrir ce J4, qui est tout de même le clou de la visite. On emprunte alors la deuxième passerelle, terminée en crochet, et qui débouche sur le toit-terrasse. Arrêtons-nous un instant sur cette terrasse : son plancher en bois et ses transats évoquent immédiatement la baignade et les bains de soleil. Ce qui marque, c'est la sensation d'espace et aussi cette très forte identité méditerranéenne caractérisée par ce panorama sur la mer, sur le fort Saint-Jean et sur le palais du Pharo, panorama que l'on contemple à travers la résille de béton et qui donne réellement la sensation d'être derrière des persiennes, au frais et à l'abri des regards. La résille en béton protège du soleil sur une bonne partie de la terrasse en lui offrant un toit. Au pied, de grandes poteries provençales accueille des Trachelospernum jasminoïdes qui, plus tard, renforceront cette ambiance méditerranéenne. Cette végétalisation du voile en béton rafraîchira les clients du restaurant « Le Môle » de Gérald Passédat et atténuera les effets des aléas climatiques du bord de mer.
Ensuite, nous vous conseillons d'emprunter la rampe extérieure pour descendre tout en bas du bâtiment : ce parcours vous permettra de profiter à la fois des vues sur la mer et d'apercevoir les expositions intérieures.
Au rez-de-chaussée, c'est-à-dire au niveau 0, vous pourrez acheter vos billets et pénétrer dans la « Galerie de la Méditerranée », l'espace des expositions permanentes. La lumière présente partout ainsi que les volumes impressionnent et mettent réellement en valeur les objets présentés.
Au niveau 1, vous pourrez vous rendre à la Médinathèque, un espace réservé au patrimoine audiovisuel de la Méditerranée et où vous pourrez voir, grâce à l'INA, des projections d'images qui ont marqué l'histoire du bassin méditerranéen lors de ces soixante dernières années.
Au niveau 2 du bâtiment, se trouvent des expositions temporaires dont certaines sont passionnantes et élargissent notre champ de vision du monde méditerranéen, même si elles n'échappent pas à certains clichés (machisme, homophobie, etc).

Nous recommandons ensuite de retourner sur la terrasse pour encore une fois, admirer la magnifique vue sur la mer, puis de reprendre la passerelle pour rejoindre le fort Saint-Jean. Situé à l'embouchure du Vieux-Port de Marseille, vous effectuerez une promenade bucolique le long de ses remparts, et vous pourrez alors admirer de sublimes panoramas, jusqu'alors inaccessibles au grand public. Votre visite se terminera par un pique-nique sur l'aire aménagée avant de redescendre tout en bas du J4 pour contempler le Mucem depuis le môle et pourquoi pas, enchaîner par une visite à la Villa Méditerranée située juste à côté et elle aussi, fleuron de Marseille Provence 2013.

Alors, fallait-il le construire ?

Le Mucem est un magnifique musée, aussi bien par l'audace et l'esthétique de sa construction que par la richesse des collections présentées. Le cadre exceptionnel, situé à l'endroit même où les bateaux arrivaient naguère, est unique en France. À lui seul, il mérite le déplacement jusqu'à Marseille, pourtant déjà riche d'une multitude de beautés.
Pour apprécier pleinement sa visite, il faut compter au minimum deux heures, mais vous serez loin d'avoir vu l'exhaustivité de son offre et nous vous recommandons d'y passer une journée entière. Avec Lafranceamamesure.com n'hésitez pas à coupler votre séjour avec l'exposition exceptionnelle « le grand Atelier du Midi » pour vivre un moment culturel exceptionnel. Que ce soit pour un week-end en amoureux ou un séjour en famille, vous n'aurez plus jamais la même image de Marseille…

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