Les plans de rigueur européens rassureront-ils les marchés ? - Dmoz.fr | Actualité insolite
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Les plans de rigueur européens rassureront-ils les marchés ?

Depuis juillet dernier, les marchés financiers européens ont fortement dévissé pénalisés par les dettes souveraines des pays périphériques et la crainte d’une contagion à l’ensemble de la zone euro. En septembre 2011, le CAC 40 est ainsi passé sous son seuil stratégique des 3000 points chutant à un plus bas à 2800 points, niveau qui n’avait pas été atteint depuis mars 2009.

Des marchés en chute libre

Les raisons de la chute des indices européens sont multiples : anticipation de la faillite de la Grèce, recapitalisation des banques européennes, indicateurs macroéconomiques décevants aux Etats-Unis et en Europe, mais aussi la difficulté pour les pays européens d’atteindre les objectifs annoncés dans les nouveaux plans d’austérité.

Cette peur de la dette a poussé les opérateurs à se retirer du marché obligataire. En conséquence, les taux obligataires des pays endettés, plus risqués, ont grimpé empêchant ainsi les Etats de se refinancer. Les taux d’emprunts italiens ont d’ailleurs atteint le seuil critique de 7% cette semaine.

Les gouvernements européens se sont donc lancés dans de vastes programmes d’austérité afin d’enrayer cette crise et d’assainir les finances publiques pour rassurer les marchés financiers. Cependant, où en sont les pays européens dans leurs engagements de réformes ?

La Grèce en retard sur ses objectifs

La Grèce a finalement tranché. Ce sera Lucas Papademos, ancien vice-président de la BCE qui remplacera George Papandréou au poste de Premier ministre. Le ministre a défini une feuille de route ce lundi expliquant que le déficit public serait ramené à environ 9% du PIB d’ici fin 2011. Il a ajouté que les mesures imposées par l’UE et le Fonds monétaire international (FMI) ont amplifié la récession et le chômage.

Le ministre grec a également annoncé que de nouvelles réformes comme l’élargissement de l’assiette fiscale ou la lutte contre la fraude seraient mises en place en 2012.

La Grèce, ayant déjà pris du retard dans ses objectifs de déficit, met en péril la sixième tranche d’aides de 8 milliards d’euros dont le pays devrait bénéficier. La zone euro devrait décider de débloquer cette aide le 17 novembre. Une aide vitale d’ici le 15 décembre pour éviter la cessation de paiement du pays. Athènes devra donc prouver que ces engagements peuvent être respectés.

Italie, l’ère de l’austérité arrive avec Monti

Après le départ annoncé du Premier ministre Silvio Berlusconi suite au vote défavorable des députés italiens, c’est désormais Mario Monti, ancien commissaire européen et économiste qui a été nommé premier ministre du pays.

L’Italie, surveillée de près par l’Union européenne, a promis de nouvelles mesures pour réduire la dette italienne mais aussi pour relancer la croissance.

Le pays avait adopté le 6 septembre dernier de nouvelles mesures pour économiser 54 milliards d’euros sur trois ans et réduire son déficit représentant 120% du PIB.

Le plan d’austérité prévoyait alors l’augmentation de la TVA d’un point. Celle-ci passerait donc de 20 à 21% ce qui diminuerait considérablement le pouvoir d’achat. Le gouvernement italien était cependant revenu sur plusieurs mesures décisives.

Les nouvelles mesures du plan de ce 14 novembre concerneront des cessions d’actifs publics et le report de l’âge légal de départ à la retraite à 67 ans en 2026 puis 70 en 2050.

Rigueur draconienne au Portugal et en Irlande

Le Portugal est le troisième pays à nécessiter l’aide de l’Union européenne et du Fonds monétaire international pour éviter la faillite. Le pays dispose pour le moment d’aides financières internationales et doit en contrepartie respecter ses objectifs.

Le Parlement portugais a cependant adopté un budget draconien pour 2012. Les mesures sont jugées plus sévères que celles imposées par l’UE et le FMI.

Ce nouveau plan implique la suppression des 13ème et 14ème mois pour les fonctionnaires et les retraités aux revenus mensuels supérieurs à 1000 euros. De plus, les portugais devront travailler une demi-heure de plus chaque jour dans le secteur privé.

L’Irlande, de son côté, a décidé de renforcer son plan d’austérité pour obtenir l’aide de 67,5 milliards d’euros de l’Union européenne et du FMI. Le pays promet de réduire son déficit budgétaire de 3,8 milliards d’euros en 2012.

Le ministre des Finances qui présentera un budget détaillé le 6 décembre a annoncé 1,6 milliards d’euros de hausses d’impôts et 2,2 milliards de réductions des dépenses en 2012. Cependant, la prévision de croissance du pays de 2,8% pour la période 2013-2015 est jugée trop optimiste par de nombreux économistes.

Un troisième plan de rigueur pour la France ?

La France qui cherche à conserver son triple A mais aussi à restaurer son budget a renforcé son plan de rigueur le 7 novembre. Cependant, un troisième plan pourrait voir le jour alors que l’exécutif européen a demandé des efforts supplémentaires au pays. Une annonce faite après l’estimation du PIB français de 2012 revu à la baisse par Bruxelles (+0,6%). Le plan basé sur la croissance de 1% du PIB ne serait donc plus effectif.

Le Premier ministre François Fillon a annoncé de nouvelles mesures afin d’économiser 7 milliards d’euros supplémentaires d’ici la fin 2012. La France avait déjà promis à la fin août une réduction du déficit et une économie de 12 milliards d’euros.

Parmi les mesures phares, la TVA passera de 5,5 à 7% pour tous les services et biens concernés par le taux réduit. De plus l’âge de la retraite passera à 62 ans en 2017 au lieu de 2018. Cette mesure devrait permettre de réduire de 4,4 milliards d’euros les déficits des caisses retraites entre 2012 et 2016. L’impôt sur les sociétés pour les grands groupes (chiffre d’affaires supérieur à 250 millions d’euros) sera augmenté de 5%.

Des marchés rassurés ?

Après la Grèce et l’Italie, c’est désormais au tour de la France d’être pointée du doigt. La note AAA, déjà mise à mal par l’erreur de Standard & Poor’s, risque d’être dégradée si le pays ne parvient pas à atteindre ses objectifs. Pour cela, il lui faudra atteindre un déficit de 4,5% du PIB en 2012.

Cependant, depuis la flambée des taux italiens qui ont atteint un record de 7% la semaine dernière, l’écart de taux entre la France et l’Allemagne grandit, les banques françaises étant très exposées aux obligations italiennes. Cela signifie qu’il en coûtera plus à la France de s’endetter.

Les statistiques françaises ne sont pas plus rassurantes. La production industrielle a chuté de 1,7% en France en septembre, signe d’une contraction de l’activité industrielle. Une rechute en récession ne permettrait pas d’atteindre les objectifs du gouvernement et la note de la France pourrait être dégradée.

Stéphanie est une rédactrice financière pour IG Markets, l’un des principaux fournisseurs de contrats pour la différence. Les commentaires ci-dessus ne sont pas des conseils d’investissement et IG Markets ne pourra être tenu pour responsable pour toute utilisation qui en sera faite.

 

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