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Un art de l’approximation soignée

Depuis longtemps le populaire et le savant ont été séparés, mis côte à côte, comme pour se regarder. Pour qu’ils se rencontrent en acte et en pensée, il nous faut faire un effort; tenter une aventure esthétique, celle de la non séparation des attitudes sensibles. C’est à dire faire apparaître les liens entre les secousses des audaces artistiques populaires et les aventures singulières de l’art de référence dit savant! Ce qui serait passionnant, c’est justement de voir comment ces imaginaires, pourraient non pas simplement se côtoyer, comme cela peut être le cas aujourd’hui, mais ouvrir une nouvelle voie, celle du «tricotage» de la pensée et des actes où chaque maille garderait son origine tout en se trouvant entrelacée et en «promiscuité.
Les Pas Perdus est un collectif qui considère les pratiques artistiques populaires comme condition de la création contemporaine. Ils créent des espaces de reconnaissance et de stimulation de la créativité entre des artistes affirmés et des inventeurs confirmés. «Le croisement entre les arts de références et les arts dits «populaires» ainsi que la dimension pluridisciplinaire sont des éléments essentiels à la mise en place progressive «d’un art de l’approximation soignée.» Installés au Comptoir de la Victorine, Les Pas Perdus travaillent au plus près de leur lieu d’implantation (Marseille/Saint Mauront/ Belle de Mai…) et dans plusieurs régions du monde (Afrique, Océanie, Europe…). Ils facilitent les échanges entre artistes, inventeurs, bricoleurs, habitants, excentriques… et tissent des liens étroits entre l’art et le quotidien. Ils proposent depuis quelques années, un voyage inventif à travers le meuble, la maison, le quartier, la ville et invitent les publics à partager de nombreux événements et expériences. Les Zones d'Anniversaire Concerté, le Tuning d'Appartement, les Circuits Meublés, la Promenade du Jardin des Souhaits Bricolés et Les Maisons de l’Ordinaire et de la Fantaisie ® offrent la possibilité de travailler autour des audaces et de la fougue de ces habitants devenus pour la circonstance des “Occasionnels de l'art”. Ainsi, les artistes proposent aux usagers de la ville de se pencher sur les préoccupations du quotidien comme potentiel poétique, de trouver le lien entre la singularité et l'ordinaire des jours et d'habiter le monde à travers des pratiques esthétiques et des réalisations plastiques à la fois dans des espaces publics et dans des zones urbaines en mutation. Autour des possibilités du lieu, un projet de Centre d’Arts de l’Ordinaire et de la Fantaisie est en ébullition: bouillonnement de conceptions marginalisées et /ou inhabituelles de création, de réflexion, de présentation, de documentation et de transmission. En forme d’hommage, ces collaborations deviennent pour les uns et les autres un moyen indispensable de questionnement et une manière singulière de cheminer à travers un monde où tout semble imposé.
« Quand nous mettons nos mains dans la terre nous sentons le frémissement de l’air. La terre est lourde mais légère, elle coule entre les doigts par morceaux, molle, comme du sucre humide. L’odeur de la terre remplit la tête de souvenirs d’enfance, de la mémoire d’une existence suspendue. Quand nous plantons des radis ou une laitue, nous nous rapprochons de ceux qui nous ont précédés. Nous mettons en terre une graine qui provient d’une plante qui provient d’une graine qui a été mis en terre par ceux d’avant. Quand nous réemployons des meubles trouvés au coin des rues, d’une certaine manière nous récoltons les fruits d’un travail que d’autres ont accompli avant nous. Nous les ramassons et les plantons à notre manière avec enthousiasme et reconnaissance. Nous pratiquons des greffes de meubles comme d’autres pratiquent des greffes d’arbres fruitiers, afin de développer de nouveaux coloris, de nouvelles formes, un nouveau langage pour dire l’esthétique. Inspirés et accompagnés par le groupe des mamans du toit-terrasse de la Maison pour Tous de la Belle de Mai, nous, artistes, subissons également des greffes d’idées audacieuses et pertinentes en étroite relation avec nos pratiques plastiques. C’est une hybridation qui produit en simultanée de multiples mutations. Ces mutations, quand elles parviennent au fil du travail à se stabiliser, donnent alors naissance à de nouvelles œuvres. L’art est un perpétuel continuum et non un ensemble d’œuvres isolées. Le croisement de conception, la valorisation de l’inconnu, l’adaptation aux circonstances, nous essayons de tirer parti de toutes ces intempéries. Les extravagances du ciel sont pour nous une source d’innovation; trop de soleil – il faut faire la sieste, trop de pluie – il faut des bottes en caoutchouc. La vie est ainsi parsemée d’évidences. Comme disait Marcel Duchamp, «il n’y a pas de solution parce qu’il n’y a pas de problème».

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