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Femme devant son miroir, l’essence-ciel banalité

Une femme devant son miroir chaque matin optimise son temps pour laisser place à son enfant, aux priorités de la vie…

Ce matin-là, un peu plus fatiguée que d’accoutumée, elle évite un peu son reflet, se trouvant laide, vieille, le teint terne et les cheveux éteints. Le temps passe et je me fane tristement se dit-elle…

C’est alors qu’elle lisse sa longue chevelure, mécaniquement, se demandant ce qu’elle pouvait bien en faire, elle attrape un lien sombre, rassemble ses mèches au sommet du crâne, les enserre, plaquant et lissant ses fils d’or, de cuivre et quelques-uns de neige pour dessiner une queue de cheval…

Son visage est parfaitement dégagé, elle aime encore moins se regarder… S’étonnant de son geste, elle se revoit petite fille lorsqu’elle détestait cette coiffure que sa mère lui faisait…
Déjà, elle se trouvait laide… Déjà, elle ne savait pas quoi en faire… Déjà, il fallait se presser… Pas le temps de mieux, sa journée l’attend, le beau jour chasse la bonne nuit et l’essentiel est ailleurs, mieux vaut s’oublier un peu pensait-elle…
Elle veille attendrie au lever de son enfant, l’embrasse tendrement pour lui souhaiter une bonne journée à l’école et file à son bureau…
Ces matins-là, personne ne se regarde vraiment, le tempo est scandé avec minutie afin d’optimiser chaque seconde pour se préparer, faire ce qui est nécessaire avant de partir…
Une banale journée, chez une banale famille débute ainsi…

Cette femme s’est fondue au rythme quotidien, épuisée d’avoir travaillé avec tant de conscience et de sérieux, elle rentre enfin chez elle lorsque le soleil est couché depuis longtemps en cette saison hivernale… Elle se prépare pour la soirée, pour une autre vie à mener parfaitement…
Là, dans ce couloir, entre la salle de bain et la cuisine, elle croise son enfant qui l’arrête un instant… Curieusement il la regarde avec grande attention et plonge directement dans ses yeux accueillants:
– « Comme tu es bien comme ça » dit-il avec douceur
– « Comment comme ça ? » questionne-t-elle

Maman, ne vois-tu pas mes larmes sur mes joues
Et le manque d’amour qui me tue chaque fois
Que mon bourreau de père lève sa main sur moi?
Peux-tu me consoler quand de coups, il me roue?

Maman, entends-tu là les cris de ton enfant?
Du fond de ma prison, je lance des silences
Ils m’accompagnent partout depuis ma tendre enfance
Peux-tu les supporter quand ils deviennent sanglants?

Maman, ne sens-tu pas que j’appelle au secours
Quand mon corps est meurtri sous le poids de sa loi
Quand il est en colère, sans que je sache pourquoi ?
Dis-moi combien de temps, il brisera mes jours ?

– « Tu es belle ma maman avec cette coiffure ! »

– « Oh merci mon chéri … » Si touchée par tant de tendresse.

Le matin suivant, ce qu’elle vit dans le miroir était une maman, une femme que la vie et le temps n’avaient pas oubliée d’embellir de tendresse et d’amour…

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