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Qui a créé Internet ?

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Internet a vu le jour vers le début des années 60 et, fort curieusement, le principe sous-jacent – un réseau d’ordinateurs communiquant librement entre eux – est né d'une angoisse liée à la guerre froide.

En ce début des années 60, la RAND Corporation avait reçu une requête du gouvernement des Etats-Unis : serait-il possible de créer un système de communication infaillible entre toutes les bases américaines disséminées dans le monde ? Le cahier des charges impliquait de créer un modèle permettant la transmission d'informations, même en cas d'attaque nucléaire. L’architecture informatique alors en vigueur – un ordinateur relié à des terminaux – était inadaptée, puisque trop fragile. Le simple fait d'éliminer cette source centrale d’information pouvait anéantir tout communication.

La proposition remise en 1964 au Pentagone par Paul Baran définissait un modèle ingénieux. Chaque message échangé entre deux points se verrait divisé en plusieurs paquets, chacun d’entre eux portant un numéro et une adresse de destination. L’astuce, c’est que les paquets individuels pourraient voyager en empruntant les itinéraires les plus divers. Une fois à l’arrivée, ils seraient regroupés afin de reconstituer le message d’origine. Si l’un d’entre eux manquait à l'appel, l’ordinateur de destination le redemanderait, et le paquet suivrait automatiquement un autre chemin. Comme le déclara un jour le “guru” technologique Nicholas Negroponte : « Il est impossible de stopper un paquet d'information Internet allant de Boston à San Francisco. La seule solution serait d’effacer les USA ! ».

Le concept proposé par RAND Corporation fut jugé adéquat pour créer l’architecture de communication voulue par l’armée américaine. Une division du Pentagone, DARPA , débloqua les budgets nécessaires à son développement en 1969. Les premiers essais effectués au National Physical Laboratory en Angleterre se révélèrent concluants.

En décembre 1969, les quatre premiers “noeuds” (ordinateurs) du réseau furent mis en place sous l'égide du Pentagone, l'ensemble étant alors baptisé Arpanet. Dès 1972, il recensait trente-sept noeuds. Outre les militaires, savants et chercheurs en université commencèrent à se connecter au réseau, trop heureux de pouvoir, à partir d’Arpanet, exploiter les capacités d’un ordinateur éloigné. Fort rapidement, le réseau fut détourné à des fins plus pratiques. Les utilisateurs prenaient goût à l'échange de courrier électronique, Arpanet facilitant l’échange de thèses et rapports et favorisant la discussion entre confrères.

La messagerie devint rapidement la première utilisation du réseau. Le système des listes de diffusion, permettant d'envoyer un même message à un grand nombre d'utilisateurs concernés par un sujet naquit vers la même époque. Leur thème était parfois bien éloigné des préoccupations militaires ou scientifiques : l’une des premières listes, SF-LOVERS était dédiée aux amateurs de science fiction.

Du fait de sa facilité d'adaptation à divers types de machines, ARPANET connut une croissance continue. Vers le milieu des années 70, des universitaires ont inventé un standard de communication inter-réseau qu'ils ont baptisé TCP/IP . De nombreux laboratoires et facultés décidèrent de l’adopter, afin de faciliter la liaison entre leurs réseaux respectifs. La popularité de TCP/IP fut tel qu’il en vint à embrasser Arpanet. L’armée américaine jugea alors la situation suffisamment préoccupante pour décider en 1977 de dé-solidariser la partie militaire du lot.

Le réseau fut progressivement été rebaptisé par ses utilisateurs du nom de… Internet.

A partir de 1984, plusieurs agences gouvernementales se relièrent au réseau Internet, ouvrant à tous les ordinateurs connectés, leurs gigantesques bases de données : la National Science Foundation (NSF), la NASA, le Ministère de l'Energie… Des universités du monde entier rejoignirent à leur tour la communauté virtuelle. A la fin des années 80, Internet était composé de plusieurs dizaines milliers d'ordinateurs raccordant 3 à 4 millions d'utilisateurs du monde scientifique et universitaire.

Internet allait faire la preuve de son efficacité en 1991, lors de la tentative avortée de putsch dans l'ex-Union Soviétique. Fidèle à une tradition longtemps éprouvée, le gouvernement provisoire avait pris comme première décision de couper les communications internationales. Il n'avait pas prévu Internet. Les discours de Boris Eltsine furent transmis aux médias occidentaux par le biais du réseau. Rien ne pouvait arrêter Internet qui avait été conçu de façon telle qu'il soit impossible d'empêcher une communication d'arriver à bon port. A la manière des cyborgs de Terminator II, chaque paquet d'information semblait animé par la seule intention d’arriver à bon port coûte que coûte, quel que soit l’itinéraire à emprunter (via Londres, via Pékin, via l’Australie, par les lignes du téléphone, par le satellite, par le hertzien…). L'impossibilité des putschistes russes à couper les liens avec le monde extérieur constituait un fait sans précédent et Internet semblait représenter une antidote inattendue contre le totalitarisme.

Pour l'heure, le grand public n'avait alors pas encore accès à cet étonnant réseau. Internet était encore réservé à ceux qui avaient une connaissance avancée en informatique, et les tarifs pratiqués par les rares fournisseurs d'accès (environ 2000 francs par mois) le réservaient à de rares particuliers fortunés. Les choses allaient changer du tout en tout avec l’apparition du Web

Daniel Ichbiah

Auteur du livre ‘Les Nouvelles Superpuissances

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