dmoz Sur les pas de Rousseau, entre Ménilmontant et Charonne (1ère partie) - Dmoz.fr | Actualité insolite
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Sur les pas de Rousseau, entre Ménilmontant et Charonne (1ère partie)

Par Denis G. pour Gambetta Village

«Le jeudi 24 octobre 1776, je suivis après dîner les boulevards jusqu'à la rue du Chemin-Vert par laquelle je gagnai les hauteurs de Ménilmontant, et de là prenant les sentiers à travers les vignes et les prairies, je traversai jusqu'à Charonne le riant paysage qui sépare ces deux villages, puis je fis un détour pour revenir par les mêmes prairies en prenant un autre chemin.»
Jean-Jacques Rousseau, «Les Rêveries du promeneur solitaire» Deuxième promenade – 1776


plan ancien

Des plans de Paris, ses faubourgs et ses environs au XVIIIème siècle, celui de Roussel, daté de 1731, paraît le plus détaillé pour imaginer l’itinéraire emprunté par Rousseau ce 24 octobre 1776.
Après avoir dîné, Rousseau suit les boulevards jusqu’à la rue du Chemin-Vert. Il dépasse peu avant l’actuelle rue Saint-Maur, la barrière de l’octroi qui délimitait la frontière fiscale entre Paris et sa banlieue, cela peu avant la construction de l’enceinte des fermiers généraux (1787) qui se situera ici au niveau du boulevard de Ménilmontant.
En l’absence de l’avenue Gambetta (1862), Rousseau doit emprunter pour gagner les hauteurs de Ménilmontant l’actuelle rue des Amandiers qui, comme on le voit sur le plan, suivait naturellement le tracé de l’actuelle rue du Chemin Vert. La rue des Amandiers débutait rue de Popincourt et se terminait au début de l’actuelle rue des Amandiers (alors rue des Carrières).
Arrivé rue de Ménilmontant, Rousseau gravit la pente, évite probablement l’actuelle rue Boyer qui venait buter sur la rue Villiers de l’Isle Adam et prend sans doute le deuxième chemin à droite : la rue du Retrait (du nom d’un ancien vignoble « ratrait » nous dit la plaque de la rue). Il a le temps d’admirer la façade du Pavillon Carré de Baudouin, construite environ 6 années plus tôt. Le plan de Roussel montre bien que l’actuelle rue du Retrait se continuait alors par les actuelles rue du Cambodge (avant l’ouverture de la rue des Pyrénées – 1862), rue du Cher, et se poursuivait par la rue de la Cour des Noues (pour la partie située entre la rue du Cher et la rue de la Chine) avant de rejoindre la rue de la Chine.
Pourquoi cet itinéraire ? Rousseau nous dit «gagner les hauteurs de Ménilmontant». Le village-rue de Ménilmontant, hameau de Belleville, est alors situé entre les rues Boyer et Pelleport. Le centre du hameau se trouve alors au carrefour que forment les actuelles rues de la Chine et Pixérécourt avec la rue de Ménilmontant. Pourquoi n’a-t-il pas plutôt continué la rue de Ménilmontant, évité la rue du Retrait et tourné à droite dans la rue de la Chine ? Rousseau a 64 ans cette année là, il meurt moins de deux années plus tard. On peut imaginer qu’il commence à être un peu fatigué, surtout s’il est parti de chez lui, 2 rue Plâtrière (actuellement 52 rue JJ Rousseau, dans le quartier Saint-Eustache). Comme il nous dit par la suite avoir effectué un détour pour son trajet-retour, on peut imaginer qu’il a dès l’aller emprunté cet itinéraire… (à suivre)

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